Vingt conseils pour réussir ses études de sciences économiques
Source : Le Figaro
Ils sont, cette année, 188 900 apprentis économistes inscrits à l’université
Vingt conseils pour réussir ses études de sciences économiques
Dans quelques jours, 188 900 étudiants en sciences économiques et AES (administration économique et sociale)* prendront ou reprendront leur place sur les bancs des amphithéâtres des facultés d’économie françaises. 22 600 (soit 4,7% des bacheliers cru 2004) entreront en première année pour la première fois. En Sciences éco et AES, le taux de réussite au Deug en deux ans est de 43% (il est de 45,5% toutes disciplines confondues au niveau national, et de 35% en droit, à titre de comparaison). Pour débuter l’année universitaire avec de bonnes résolutions et un maximum de chances de réussir ses études de sciences économiques, voici les 20 conseils d’Antoine d’Autume, professeur à l’université Paris-I Panthéon-Sorbonne, polytechnicien, docteur en économie, membre du Conseil d’analyse économique et vice-président de l’Association française de science économique.
Justine Ducharne
[29 septembre 2004]
1. – Avoir une attitude de citoyen du monde
L’économie n’est pas une discipline anodine. Si vous avez choisi cette voie, c’est souvent parce que vous êtes convaincu que l’économie domine le monde, pour le meilleur et pour le pire, et que vous voulez peser pour rendre le monde plus juste.
2. – Se rappeler que les études ont un but professionnel
L’économie occupe une place centrale dans le monde moderne. Vos études vous préparent donc bien à vous insérer professionnellement dans la société.
3. – Avoir le goût de la conceptualisation
L’analyse économique utilise des concepts et des théories exigeants. Vous ne réussirez vos études que si vous entrez dans cette démarche et, de préférence, y prenez goût. Il vous faut comprendre le langage et la manière de penser des économistes.
4. – Trouver un équilibre entre ces trois grandes motivations
C’est le plus difficile. Cet équilibre n’est pas le même pour tous. Il se déplacera sans doute au cours de vos années d’études.
5. – S’intéresser à l’entreprise
Votre activité professionnelle, pour la plupart d’entre vous, se déroulera en entreprise. La vie en entreprise est soumise à ses lois propres, qu’il vous faut découvrir et comprendre.
6. – Etre informé sur le monde
La mondialisation n’est pas qu’un concept. Il vous faut savoir concrètement comment évoluent le Nord et le Sud ; les Etats-Unis, l’Europe et l’Asie ; les pays émergents et les pays les moins avancés ; l’Europe des 15 et les nouveaux membres de l’Union…
7. – Lire journaux et magazines
Suivez l’actualité économique et politique. Elle constitue la toile de fond de vos cours et en est moins séparée que vous ne le pensez, peut-être. Elle vous offre des exemples pour nourrir vos travaux. Les hommes politiques et les journalistes utilisent des éléments d’analyse économique que vous devez identifier. Qu’ils en changent souvent ( !) ne fait que rendre l’exercice plus intéressant.
8. – Faire des maths
L’analyse économique prend souvent la forme de modèles mathématiques et statistiques. Il vous faut impérativement comprendre ce langage et ses règles. En pratique le niveau de maths requis n’est pas si élevé. Les élèves ayant suivi la filière economique et sociale (ES) au lycée peuvent parfaitement poursuivre des études d’économie à l’université. Il serait d’ailleurs malheureux qu’il n’en aille pas ainsi. Il est cependant souhaitable qu’ils aient choisi un bac ES option mathématique.
9. – Ne pas faire que des maths
Les maths ne sont qu’un outil au service de l’analyse économique. L’important reste la signification économique des résultats obtenus, et non pas les aspects techniques outre mesure.
10. – Savoir rédiger et faire des exposés oraux
C’est essentiel pour vos études et votre vie professionnelle. L’enseignement universitaire, malheureusement, n’y prépare pas assez. Vous devez donc progresser par vous-même si votre niveau initial est insuffisant.
11. – Ne pas croire tout savoir (voie ES)
Votre avance initiale est réelle mais va s’estomper rapidement. L’enseignement secondaire des sciences économiques et sociales réunit l’économie et la sociologie. L’enseignement universitaire vous demande d’entrer beaucoup plus profondément dans une démarche disciplinaire.
12. – Faire la part des choses
L’économie est une science sociale où les conflits d’école et les différences d’opinion sont forts. Ne vous étonnez pas trop si l’un de vos enseignants dit noir quand un autre dit blanc. L’important est de comprendre et retenir l’argumentation développée pour être capable d’en reproduire des éléments, à votre façon.
13. – Travailler avec plusieurs manuels
Cela vous permettra de connaître plusieurs points de vue et vous obligera à une synthèse personnelle. Cela évitera que vos copies d’examen se réduisent à un résumé, appris par coeur, de votre cours.
14. – Serrer les dents pendant les premières années
Les conditions de travail et d’encadrement à l’université sont souvent difficiles notamment dans les premières années des plus grosses universités. L’hétérogénéité des amphis et des groupes de travaux dirigés handicape l’apprentissage collectif. A vous de vous prendre en main ! Les choses s’amélioreront dans les années supérieures.
15. – Savoir s’orienter
Il existe de nombreuses filières différentes et leur nombre va augmenter avec la mise en place des masters Recherche et Professionnel. Trouvez celles qui vous intéressent. Renseignez-vous sur les voies d’accès. Choisissez des cours optionnels qui y préparent.
16. – Bouger
Les étudiants français restent souvent prisonniers de leur ville d’origine. N’hésitez pas, au moins au niveau du master, à aller suivre la formation qui vous plaît, là où elle se trouve. Même si cela pose des difficultés matérielles, le jeu en vaut la chandelle.
17. – Passer une année à l’étranger
Le système Erasmus ou d’autres systèmes du même type vous en offrent la possibilité. Vous apprendrez une langue et découvrirez un système universitaire différent, tout en validant votre année.
18. – Faire des stages
Ils sont aujourd’hui indispensables dans le CV d’un jeune diplômé à la recherche d’un emploi.
19. – Participer à la vie associative de son université
Elle est souvent moins développée à l’université que dans les écoles ou dans les universités étrangères. Elle contribue pourtant à rendre l’université moins anonyme et vous apporte un enrichissement personnel. Elle peut constituer un élément important dans un CV.
20. – Assumer sa position de jeune économiste
Intervenez autour de vous dans les débats. Sachez pourtant que les deux questions les plus souvent posées aux économistes sont les suivantes. Comment résoudre le problème du chômage ? Comment placer son argent ? Ni l’une ni l’autre ne sont faciles. A vous de jouer.
*Effectif total des universités : 1 362 100 étudiants