Vie et études en France : Confidences d’étudiants burkinabè
Lors de son séjour du 30 mars au 2 avril dernier à Limoges en France, le Président du Faso a rencontré les Burkinabè résidant notamment dans le Limousin et la région voisine de Poitou-Charentes. A la fin de l’entretien, nous avons discuté avec des étudiants sur leurs conditions de vie et d’études, de même que leur éventuel retour au Faso.
En cette soirée du mercredi 1er avril 2009, un temps frais d’environ 10°C enveloppe la ville de Limoges. L’entretien des Burkinabè résidant notamment dans les régions du Limousin et de Poitou-Charentes avec le chef de l’Etat vient de s’achever. Dans la cour de la résidence "Chapelle Saint-Martin" où est dressé un buffet, on peut admirer quelques mètres plus loin de géants conifères qui bordent la mare et parsèment la pelouse. Avant de passer aux agapes, place aux photos-souvenir avec les autorités venues du pays natal. Par la suite, la jeune Florentine Ouangrawa, inscrite en Master II informatique à l’Ecole nationale supérieure d’ingénieurs de Limoges (ENSIL) fait observer : "la vie d’étudiant se passe globalement bien ici, malgré quelques difficultés.
Nous sommes une vingtaine de Burkinabè regroupés en association à Limoges". Elle est arrivée en 2008 grâce à l’aide de ses parents. Comme Mlle Ouangrawa, Nathanaël Kaboré, étudiant en 4e année de médecine à Poitiers, séjourne dans l’Hexagone grâce à l’aide de "papa et maman". "A mon arrivée, j’ai été reçu par l’Association des Burkinabè de Poitou-Charentes, l’intégration a été facile", fait-il savoir. Cependant, poursuit Nathanaël Kaboré, "au niveau des études c’est très dur". En effet, il faut d’abord franchir le concours de la première année de médecine. Sur 1 040 personnes, 150 sont retenues dont seulement 10% d’étudiants étrangers. Il juge la vie d’étudiant relativement facile. "Le plus intéressant en France, c’est qu’on peut trouver facilement de petits boulots. Mais cela dépend de ton domaine d’étude. Je remplace des aides-soignants, ce qui me permet d’avoir 3 mois de salaires l’été", a-t-il déclaré. Quant à Angèle Sinna, étudiante en Master environnement à l’Université d’Angers (région des Pays-de-la-Loire), elle est arrivée depuis septembre 2007 grâce à une bourse, après avoir transité par le Maroc. Pour elle, "même avec une bourse, la vie est assez difficile.
La somme qu’on m’a donné pour vivre en 3 mois, je l’ai épuisé en un seul mois". Aussi, a renchéri Mlle Sinna : "franchement c’est difficile, n’en parlons pas de ceux qui n’ont pas de bourse. Côté social , ce n’est pas du tout évident". Elle explique qu’au Maroc, il y a une communauté de Noirs africains qui se charge d’accueillir l’étudiant et de l’aider dans les démarches à effectuer. "Par contre, quand je suis arrivée en France, ce n’était pas du tout pareil. J’ai été un peu laissé à moi-même. C’est vrai que l’ambassade du Burkina Faso a envoyé me chercher à l’aéroport, mais une fois à l’ambassade, on m’a dit de prendre le train pour Angerr. Arrivée à Angers, je ne savais pas quoi faire. Comme je ne connaissais personne, j’étais obligée de loger à l’hôtel. Vraiment, le début était difficile". Néanmoins, au fur et à mesure, elle s’est fait des amis à l’Université. Comme Mlle Sinna, Edouard Nébié, étudiant en fin de cycle en Aménagement du territoire à Limoges, est arrivé en 2002 grâce à une bourse. "J’ai bénéficié d’une bourse de l’Etat burkinabè pour un BTS. Après le diplôme et vu que je n’avais plus de bourse, j’ai du travailler parallèlement pour payer mes études jusqu’au Master II ", a-t-il précisé. Selon lui, la vie d’étudiant à Limoges est relativement facile, comparé à d’autres villes comme Paris. "Limoges est une ville calme. Le logement et la restauration sont moins chers.
On arrive à s’en sortir tout doucement", apprécie Edouard Nébié. A côté, Aïssatou Sanfo, étudiante en Ressources humaines à Limoges depuis 2005, clame tout de go : "Je suis arrivée grâce à l’aide de mes parents. J’ai eu la chance d’avoir des parents qui m’ont beaucoup soutenu, qui sont prêts à tout pour ma réussite". Pour elle, "la vie c’est école-maison mais on fait la fête de temps en temps". A la question de savoir s’ils comptent retourner au Burkina Faso après leurs études, ces jeunes hommes et femmes acquiescent avec parfois un large sourire. "Je vais retourner au pays parce que le Burkina me manque.
Vous ne pourrez pas imaginer ma joie à la fin de mes études", raconte Florentine Ouangrawa. "Nous sommes prêts à retourner au pays parce que le pays a besoin de nous pour se construire", soutiennent Edouard Nébié et Aïssatou Sanfo. Si l’ensemble des étudiants compte revenir servir au Burkina Faso, certains propos sont tempérés à l’image de ceux de l’étudiant en médecine, Nathanaël Kaboré : "Du fond du cœur, j’aimerais bien repartir mais pas immédiatement… je compte exercer une dizaine d’années en France, pour avoir un peu d’argent et faciliter mon retour au pays".
Bachirou NANA ; Envoyé spécial à Limoges (France)
Sidwaya
13/04/09