Universités africaines : L’enseignement à distance pour désengorger les amphis
Les universités africaines ont du mal à absorber les nouveaux bacheliers. C’est pourquoi, les participants au programme de renforcement des capacités des universités à distance ont indiqué que le e-learning constitue un élément indispensable pour l’enseignement supérieur.
En Afrique, l’enseignement à distance, e-learning en anglais, s’impose de plus en plus comme une nécessité. Avec l’augmentation sans cesse de bacheliers et le nombre limité d’universités, il devient incontournable, estiment les professionnels du milieu universitaire. ‘Même si l’enseignement virtuel ne peut pas remplacer les universités, néanmoins il devient une nécessité, compte tenu de l’engorgement des universités africaines’, déclare le recteur de l’antenne Sénégal de l’Université virtuelle africaine (Uva), Bakary Diallo. Il s’exprimait ainsi, hier, à l’occasion de la clôture d’un séminaire de renforcement des capacités.
En effet, poursuit-il, : ‘Avec le nombre croissant de bacheliers en Afrique, l’enseignement à distance se positionne de plus en plus comme un élément essentiel de l’enseignement supérieur. Partout dans le continent, les effectifs ne cessent d’augmenter. Et les universités existantes ont dépassé depuis longtemps leur capacité d’accueil. A titre d’exemple, l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar ne compte pas moins de soixante mille étudiants’. Et, rien que pour cette année, plus de cinq mille nouveaux bacheliers ne pourront pas être admis dans les universités. Aussi, constate-t-il, malgré l’argent injecté dans le secteur éducatif, (40 % du budget du Sénégal y est investi) le problème d’absorption des nouveaux bacheliers reste entier.
Selon le directeur des systèmes d’information de l’Université de Douala, Joseph Nzongo, le Cameroun qui compte sept universités publiques, avec 30 mille étudiants chacune et deux privées, n’arrive pas à absorber les bacheliers. En 2015, projette-t-il, le Cameroun comptera environ 250 mille étudiants. D’où la nécessité, pour lui, du développement du e-learning. Cet universitaire, qui souligne que le taux d’étudiants est un indice de développement, rappelle que seulement 5 % des jeunes en Afrique accèdent à l’enseignement supérieur contre 20 % en moyenne dans le reste du monde. Et, selon Bakary Diallo, la Banque africaine de développement (Bad), qui a compris le rôle que peut jouer la formation à distance, a décidé d’octroyer à l’Uva, dont le siège est au Kenya, un financement d’un montant de 5 milliards de francs Cfa.
Par ailleurs, à en croire les participants, le manque d’infrastructures, d’équipements informatiques, constitue, dans une certaine mesure, un frein à la formation à distance. Le recteur de l’antenne du Sénégal, qui affirme qu’il faut une volonté politique pour le développement des infrastructures (électricité, téléphone, subvention en matériel informatique), rappelle que dans les pays du nord, la connexion à Internet, indispensable au e-learning, n’est plus un problème, contrairement aux nôtres. C’est pourquoi, Bakary Diallo estime que les gouvernants africains doivent mettre sur pied les conditions pour le développement du e-learning. Au Sénégal, trois points focaux (Ucad, Ugb et le siège de l’antenne Sénégal) ont été choisis pour l’enseignement à distance.
Cette rencontre de quatre jours, qui a réuni une soixantaine de participants venus de dix universités africaines, permettra aux participants d’élaborer leur propre programme d’enseignement à distance dans leur pays.
Charles Gaïky DIENE
Source: http://www.walf.sn
31/01/09