UNIKIN : LES PROFESSEURS SUSPENDENT LA GREVE
A près quatre-vingt-deux jours de grève, les professeurs de l’Université de Kinshasa (Unikin) ont finalement décidé de reprendre les cours pour éviter une énième année blanche. Cette mesure a été arrêtée le 13 mai dernier à l’issu e de l’assemblée générale de l’Association des Professeurs de L’Unikin (Apukin). Cette rencontre a u permis à ces derniers de statuer sur le mouvement qui a paralysé le site universitaire depuis le 21 Février 2008.
C’est sous une forte pression que s’est tenue l’assemblée générale de l’Apukin. Tôt le matin, des étudiants ont pris d’assaut les périmètres de la faculté des sciences où se tenaient les discussions, pour pousser les enseignants à reprendre les cours. Notre joie était au comble nous avons entendu le professeur Kabamba, président de l’Apukin, annoncer la suspension de la grève après plusieurs jours de tractations. Ces démarches ont débouché à la signature d’un protocole d’accord entre le gouvernement et ses partenaires sociaux de l’enseignement supérieur et universitaire.
Même si aucune partie n’a voulu livrer à la presse la quintessence de cet accord, le professeur Kabamba Mueu s’est contenté de dire qu’ils ont obtenu des garanties du gouvernement pour le réajustement de l’enveloppe salariale à partir du mois de juillet prochain.
A la question de savoir en quoi cet énième engagement du gouvernement diffère des engagements antérieurs non tenus, le président de l’Apukin s’est montré optimiste : ‘’ cette fois-ci, nous avons reçu des garanties… Nous avons exigé une garantie sous forme de tension barémique et signé par tous les ministères concernés dans le dossier et non seulement le ministère de l’ESU. Et le protocole d’accord a été signé, en dehors du ministre de l’ESU, par les ministres du Budget, des Finances, de la Fonction publique…
Je pense aussi qu’il doit avoir eu une décision politique de haut niveau dans ce dossier pour qu’on en arrive là où nous sommes’’.
Une décision politique
Le communiqué de presse du gouvernement, rendu public à l’issue des discussions du 5 mai au ministère du Budget, souligne que les ministres Adolphe Muzito du Budget, Athanase Matenda des Finances, Simon Ikenge de la fonction publique et Léonard Masu-ga-Rugamika de l’ESURS ont signé le protocole d’accord sous l’impulsion du chef de l’Etat et du Premier ministre. Les deux parties se sont engagées à poursuivre le dialogue social jusqu’à ce que le gouvernement paie 2.100 USD par mois au professeur ordinaire, commente-t-on au ministère de l’ESU.
En attendant, le gouvernement s’est engagé à exécuter sa décision du 5 mai relative à la paie sans délai des salaires de juin aux professeurs . Telle semble la condition pour que les professeurs regagnent les auditoires, indiquent nos sources. Toutefois, on notera que le communiqué final de l’Apukin du 13 mai était muet sur le jour de la reprise des cours à l’Unikin. Lors de la rencontre du 16 mai, les professeurs de l’Unikin ont noté avec satisfaction l’évolution du protocole d’accord signé avec le gouvernement sans en fournir un seul détail. Cette occasion, les autorités académiques – doyens de faculté et chefs de département ont examiné les questions techniques relatives à la reprise des cours.
Déjà, certaines facultés comme celle des sciences avaient repris les cours et ensuite les autres facultés le 19 mai. Les professeurs avaient promis de se retrouver encore début juin pour évaluer ce qu’aura fait le gouvernement. En attendant, la suspension de la grève a été très applaudie par la communauté estudiantine. Jonas Ngalamulume, étudiant en deuxième Droit, Coordonateur des étudiants de l’Université de Kinshasa était au comble :’’C’est avec joie que nous accueillons cette décision, car nous avons longtemps lutté auprès des membres du gouvernement concernés pour éviter une année blanche. Nous les remercions et félicitons les camarades étudiants pour leur attitude de responsabilité affichée depuis le déclenchement de la grève sur le site universitaire’’. La joie de Jonas Ngalamulume se justifie parce que, selon les textes de l’Unesco,’’45 jours d’arrêt de travail suffisent pour déclarer une année blanche’’, soutient Flavien Traoré, professeur à l’Université d’Abidjan, en Côte d’Ivoire.
Quid d’autres universités ?
Les revendications des professeurs de l’Unikin sont aussi celles des enseignants d’autres universités et instituts supérieurs publics, même si certains n’ont pas observé la grève. Si le professeur Kabamba parle ‘’d’incapacité de ces derniers de mener la résistance dans la misère, le professeur Rigobert Munkeni Lapess de l’Institut facultaire des sciences de l’information et de la communication (Ifasic) estime que son institution a opté stratégiquement pour la reprise des cours ‘’ afin de mettre le gouvernement devant un fait accompli’’. Il n’était pas possible au gouvernement de convaincre les professeurs en grève de reprendre les cours aussi longtemps que ceux qui poursuivaient les enseignements n’ont bénéficié d’aucune faveur.
Voyons par exemple le cas de la grève à l’Université de Kisangani dans notre deuxième article.
Publié par :Frédéric TAYEYE
Président/Ambassadeur du club excelafrica/Unikin.
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