Un sommet Inde-Afrique pour quoi faire ?

Un sommet Inde-Afrique pour quoi faire ?

Quatorze pays africains sont invités demain dans la capitale de l’Inde pour trouver avec les autorités de New Delhi les voies et moyens pour développer et approfondir leur coopération économique.

L’initiative émanerait des Africains, selon le ministre des Affaires étrangères indien, et aurait été formulée au cours du sommet de l’ONU en 2006. Rien cependant ne confirme cette doléance, que certains observateurs voient comme une assertion et qui serait contradictoire avec la débauche d’énergie que déploient les autorités indiennes pour que le sommet soit un succès.

Tous les indicateurs confortent cette répartie et les Indiens donnent la nette impression de vouloir s’engager avec force dans la bataille de la communication. Ils cachent mal d’ailleurs leur volonté de faire barrage à la poussée spectaculaire d’un autre pays émergent, la Chine, que certains officiels indiens ne cachent pas de décrire comme extravagant et même à la limite de l’immoral.

Pour ce faire, New Delhi table ouvertement sur les seuls arguments puisés dans l’Histoire et ne rechigne pas au préambule de l’ensemble de sa démarche à sa participation dans la lutte contre l’apartheid : et de citer dans toutes ses livraisons verbales les noms d’anciens leaders africains tels que Nkrumah, Nasser, Ben Bella et d’autres que l’Inde a accompagnés dans l’indépendance de leurs pays.

On ne sait pas encore, cinquante ans après, si cet argument est encore payant et si l’Inde n’aurait pas mieux fait d’insister plutôt sur la qualité de ses investissements et sur la valeur sûre de ses exportations. New Delhi offre, il est vrai, d’intéressantes mesures d’accompagnement. Cela va de la mise en place d’une multitude de programmes de formation, pour aboutir à un sincère transfert de technologie pour lequel la totalité des pays développés rechignent à en ouvrir les portes.

Mais il faut reconnaître aussi que ce pragmatisme va revêtir, au cours de ce sommet qui s’ouvrira demain, une multitude de facettes pour l’Inde qui veut et tient bien évidemment à vendre ses produits, et surtout pour les dirigeants africains qui devront replacer le débat selon leurs propres préoccupations du moment et les négociations ne pourront pas éviter de s’éloigner des stratégies individuelles en fonction des intérêts de chacun.

La Libye a d’ores et déjà annoncé qu’elle ne sera représentée qu’à un niveau subalterne, faisant savoir en sourdine que l’Afrique ne doit parler que d’une seule voix et qu’à l’heure actuelle, cela relèverait de la gageure. Le Maroc et la Tunisie n’ont pas été invités. Pour le reste des représentants, les autorités indiennes restent très discrètes, sans doute incommodées par les versatilités africaines, sachant d’avance que les jeux politiques pour l’exercice du pouvoir en Afrique obéissent bien plus souvent à des parcours restreints et personnels qu’à des intérêts nationaux. Comme il y a cinquante ans… Ce qui expliquerait peut-être ces références à Nkrumah et les autres, facilement galvaudés.

© Le Quotidien d’Oran
lundi 7 avril 2008
par M. Abdou BENABBOU

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