Trouble spécifique de l’apprentissage scolaire: Le difficile de l’enfant dyslexique
Selon des études scientifiques réalisées à travers le monde, 10 % des enfants scolarisés sont dyslexiques. Pourtant, ce trouble d’apprentissage qui touche les enfants en bas âge et qui se manifeste au cours des premières années de la scolarité reste méconnu des parents et de la plupart des enseignants et des autres cadres éducatifs.
Alors que les autres enfants n’ont relativement pas de mal à acquérir les bases du calcul, de la lecture et de l’écriture, les dyslexiques trouvent des difficultés considérables à prononcer et à orthographier correctement les syllabes et les mots. Ils ont du mal à lire et déchiffrer des phrases entières. Bien qu’ils aient un QI plus élevé que la moyenne, ils montrent beaucoup de lenteur et de difficultés de compréhension dans diverses activités scolaires. Face à ce comportement atypique, certains professeurs désorientés réagissent mal, entraînant les enfants dans une spirale infernale aux lourdes conséquences : stress, angoisse, manque de confiance et perte de motivation vont, alors, constituer leur lot quotidien.
Le cauchemar au quotidien
A. Ayari en a fait l’amère expérience. Agé de onze ans, ce jeune garçon rieur, vif et dynamique qui a passé ses années primaires à l’Ecole Riadh El Andalous, subit dès la deuxième année primaire les réprimandes et les sarcasmes de ses instituteurs. Le petit garçon fait, en effet, preuve de lenteur et trouve du mal, notamment dans les matières littéraires (arabe, français…) à s’exprimer, à lire, à écrire et à prononcer correctement les lettres, les syllabes et les phrases. Cela finit par exaspérer à tort les instituteurs qui sont loin de se douter de la nature du trouble et mettent ce comportement sur le compte de la mauvaise volonté de l’enfant de vouloir apprendre, malgré ses multiples efforts et une volonté sans borgne pour vaincre son trouble. L’écolier vit très mal les humiliations et les brimades quotidiennes. Outre les petites remarques désobligeantes à son égard qui ont pour effet de lui faire perdre confiance en lui-même, l’enfant accepte très mal l’humiliation que lui fait subir un jour son institutrice en avouant devant ses camarades qu’il «fait pipi dans sa culotte». Mais au cours de sa scolarité, l’enfant sera suivi par une équipe multidisciplinaire et un instituteur à la maison dont la patience, le soutien et la pédagogie lui permettront d’obtenir au concours de la quatrième année primaire de très bons résultats dont 18.75 en éveil scientifique, 17.75 en maths et 17.5 en français.
F. Ben Abed, dyslexique, a lui aussi souffert de l’incompréhension. Ce jeune garçon, qui a fait sa scolarité dans un établissement primaire d’El Menzah, et dont la dyslexie est diagnostiquée en 2003, présente des troubles spécifiques du langage écrit, ayant du mal à comprendre et à orthographier correctement le cours dicté par l’instituteur. Sa mère, qui ne comprend pas la cause de ses difficultés scolaires, en saisit, par la suite, la nature en suivant un reportage sur une chaîne française, montrant des enfants présentant le même trouble. Les parents décident alors de livrer un véritable combat pour aider leur fils à surmonter ce trouble de l’apprentissage scolaire. La mère écrit une lettre à l’attention des professeurs dans laquelle elle explique avec force détails la nature du trouble en question et récupère, par ailleurs, les cahiers des autres élèves pour pouvoir réécrire les cours dans les différentes matières. Mais peine perdue. Certains professeurs n’hésitent pas à l’humilier verbalement en le traitant «d’idiot» et en lui conseillant même de rester à la maison «plutôt que de venir perdre ton temps à l’école». Un professeur n’hésitera pas, un jour, à refuser de remettre une copie d’un sujet de devoir à l’écolier : «Nous nous trouvons face à des personnes non formées et ignorant pour la majorité les difficultés réelles liées à cet handicap», explique la mère de l’écolier.
«Pour certains professeurs, un élève dyslexique est un élève ayant des problèmes d’apprentissage qui pourraient être résolus par des cours de soutien et un travail assidu. Or, il n’en est rien. J’ai passé des heures à aider mon fils dans son apprentissage. Cela n’a pas servi à grand-chose. Il a fini par devenir dépressif et insomniaque. En fin de journée et de trimestre, il est plus fatigué que ses camarades car il doit faire plus d’efforts pour prendre des notes».
Absence de pédagogie appropriée
Bien que quelques professeurs soient conscients de ce trouble, ils ne savent pas quel outil ou méthode pédagogique adopter pour assurer et faciliter l’apprentissage scolaire de ces élèves pas comme les autres. Enseignante de sciences naturelles dans un collège de Douar Hicher, Donia compte dans sa classe de septième année de base un enfant dyslexique auquel elle essaie de prêter davantage d’attention afin de l’aider à suivre et à comprendre le cours, bien que cela ne soit pas une entreprise facile. «J’ai entendu parler de la dyslexie du fait que certaines personnalités célèbres en sont atteintes», relève la jeune enseignante. «S’agissant de ma propre expérience, les élèves dyslexiques, que j’ai eu l’occasion de côtoyer dans mes classes, présentent généralement des problèmes de prononciation et trouvent beaucoup de mal à prendre des notes. D’ailleurs, lorsque je vérifie leur cahier, je me rends compte qu’ils sont incapables d’écrire correctement des phrases entières et que le cours est, malheureusement, incompréhensible. Cela se traduit, par conséquent, par des résultats catastrophiques dans la plupart des matières. A chaque fois, nous éprouvons mes collègues et moi le besoin de les aider, mais nous ne disposons pas de la pédagogie appropriée».
Quelles bonnes pratiques adopter ?
Pédopsychiatre, le docteur Wahid Koubaâ a l’habitude de recevoir en consultation des enfants dyslexiques. Au cours des dix-huit années de pratique médicale, le spécialiste a vu défiler des centaines d’enfants présentant ce trouble spécifique d’apprentissage. Cette année, c’est un jeune adolescent de dix-huit ans qui s’est présenté à son cabinet pour motif de tentative de suicide multiple. Ce dernier, ayant redoublé plusieurs fois et peiné, au cours de son cursus scolaire, ne supportait plus d’être incompris par son entourage. Le spécialiste juge, de ce fait, qu’il est très important que les parents et les enseignants accordent une attention particulière à ces enfants afin de les aider à évoluer le plus normalement possible et afin que leur trouble n’handicape pas leur parcours scolaire. «Il s’agit de suivre quelques recommandations», observe le médecin. «L’enfant ne doit pas lire à voix haute en classe, ni écrire sur le tableau. Par ailleurs, il serait préférable que l’enseignant évite à cet enfant de prendre des notes et lui prépare un cours écrit. Il serait souhaitable de laisser travailler cet enfant avec un outil informatique doté d’un correcteur d’orthographe. Cela lui rendra la tâche plus facile pour prendre des notes. Il ne faut pas non plus trop pénaliser les dyslexiques pour les fautes d’orthographe qu’ils commettent et être plus indulgents avec ces derniers. Enfin, il s’agit, de favoriser également l’évaluation orale des connaissances et de leur accorder plus de temps lors des examens écrits».
Imen HAOUARI
Sensibiliser davantage les enseignants
Le ministère a pris un certain nombre de mesures pour aider cette frange d’écoliers à besoins spécifiques. Ainsi, la loi stipule qu’il faut mettre ces enfants dans des classes à effectif réduit, outre le fait qu’ils bénéficient de vingt minutes supplémentaires par heure de passation des examens écrits. En outre, une tierce personne peut les aider à rédiger leurs réponses lors des examens nationaux. Il reste que la médecine scolaire, les éducateurs sociaux et le milieu enseignant doivent collaborer davantage pour une meilleure prise en charge de la dyslexie en milieu scolaire. A titre d’exemple, des tests doivent être automatiquement pratiqués en début d’année scolaire dans tous les établissements éducatifs, afin de détecter les écoliers dyslexiques et de les recenser. Enfin, il s’agit surtout d’organiser régulièrement des sessions de formation ou des séminaires au profit des enseignants afin de les informer et de les sensibiliser davantage à la question épineuse de ce trouble spécifique de l’apprentissage et dont il faut préciser que s’il est mal pris en charge, il peut détruire psychologiquement l’enfant.
I.H.
Source:
http://www.lapresse.tn
15/01/09
Frédérique
Mère d’une enfant de 11 ans dyslexique, dysorthographique et dyscalculique qui malgré tout est arrivée en 6ème année, je cherche une solution autre que l’école classique pour elle. En effet, il faut plus que les mesures actuelles pour aider nos enfants dys. La durée supplémentaire des examens serait ressentie comme une punition par ma fille si elle était appliquée. Les difficultés rencontrées par ma fille sont surtout dû au nombre d’informations trop important qu’elle doit “ingurgiter” chaque trimestre pour “réussir” ses examens. Pendant qu’elle passe des heures à apprendre par coeur les différentes parties de l’oeil, elle ne fait pas de français, de maths ou d’arabe, matières où elle a de grosses lacunes. De la même façon, il est effectivement nécessaire de savoir conjuguer les verbes, que ce soit en français ou en arabe, pour pouvoir faire une production écrite, mais beaucoup de notions de grammaire sont superflues. Je voudrais donc militer pour un allègement du programme scolaire pour les enfants dyslexiques et une révision intégrale des notions essentielles. Pour autre exemple, l’heure hebdomadaire de dessin et de musique étant assurée par la maîtresse de français, celle-ci préfère faire une heure de cours de français supplémentaire en remplacement. N’est-ce pas préjudiciable pour les élèves ? surtout ceux pouvant s’exprimer enfin dans des matières qui leur plaisent ? Bref, tout reste à faire…