Les célèbres NANA BENZ du Togo en chute libre
Les célèbres femmes d’affaire du Togo, appelées NANA BENZ, spécialisées dans la vente de pagnes, autrefois riches et puissantes, ne sont aujourd’hui que l’ombre d’elles-mêmes ou presque, du fait des difficultés économiques, a constaté APA.
Le déclin de ces femmes a pour origine la récession économique en Afrique de l’ouest, la crise socio-politique que traverse le Togo depuis le début des années 1990, la dévaluation du franc CFA en 1994 et la dégradation du pouvoir d’achat des populations.
La situation a été aggravée par la mise sur le marché de tissus-pagnes de contrefaçon et la concurrence déloyales. Autant de choses qui, selon elles, ont fait chuter l’empire des NANA BENZ qui détenaient dans les années 60, 70 et 80 le monopole de la vente des tissus pagnes au Togo et en Afrique de l’ouest.
*La situation est insoutenable aujourd’hui et on s’en sort difficilement*, se plaint Essi Ajavon, revendeuse de pagne au grand marché de Lomé pour qui, la présence sur le marché des tissus contrefaits a sonné le glas des NANA BENZ.
Les NANA BENZ proposent en exclusivité des pagnes ou tissus imprimés fabriqués en Hollande, appelés *Super Wax* et un autre dénommé *Wax hollandais*.
La demi-pièce de 4,50 mètres de super wax est vendue à 45 000 francs CFA et celle du Wax hollandais à 30.000 FCFA tandis que les imitations de ces deux produits sont vendues par les contrefacteurs entre 5 000 et 15 000 FCFA.
*La plupart de ces tissus contrefaits viennent d’Asie*, déplore Kayi Lawson Avla, une autre revendeuse de tissus.
Les NANA BENZ représentaient par le passé une puissance économique. Elles ont été les toutes premières à introduire les grosses cylindrées allemandes Mercedes Benz au Togo à un moment où l’État togolais ne disposait pas encore de ces genres de voitures dans son parc automobile.
"Nos mères étaient incontournables sur le plan économique* puisque leurs chiffres d’affaires se comptaient en milliards, se rappelle Lawson-Avla.
Et peu à peu les pionnières du mouvement NANA BENZ, s’éclipsent. Certaines vieillissantes d’autres décédées ont laissé le témoin à leurs filles ou petites filles qui tentent aujourd’hui de prendre la relève, non sans grosses difficultés.
*Je peux vous dire que les pionnières étaient plus battantes et plus engagées que nous*, insiste Lawson-Avla.
Beaucoup de revendeuses de la nouvelle génération appelées les Nanettes ou petites NANA sont désappointées par les difficultés du moment.
*Nous poursuivons la réflexion pour trouver les voies et moyens de faire face à la situation*, dit Yvette Mensah-Sivomey, revendeuse de pagnes et titulaire d’un diplôme de commerce en France.
Certaines des nouvelles Nana Benz, qui font face au déclin du commerce du Wax hollandais, sont obligées de diversifier leurs activités. Elles ne se contentent plus uniquement du commerce de pagnes, se retrouvant ainsi dans l’import-export de produits manufacturés, de véhicules et la vente de produits de première nécessité.
*La vente de tissus pagnes est un héritage mais vu que les affaires ne bougent plus comme avant, je fais des choses parallèles comme la quincaillerie qui marche bien de même que l’importation d’huiles alimentaires*, raconte, nostalgique, Essi Ajavon.
3/8/2007
Source: Agence de Presse Africaine (APA)