Soeurs africaines, attention à la prostitution

Prostituées d’Afrique, victimes du silence
Vaches à lait pour leurs familles, chair à tout faire pour leurs clients, les prostitués africaines de France souffrent dans l’ombre. Qui s’intéresse à leur misérable sort – exceptée la police pour les pourchasser ? Amely-James Kohbela Okoo, Camerounaise présente à l’Assemblée des femmes, a mené durant huit ans une enquête dont elle livre les conclusions dans un livre à paraître prochainement. Livre par lequel elle lance aussi un message à Nicolas Sarkozy.

Amely-James Kohbela Okoo rassemble depuis 8 ans de la matière pour son livre, qui sortira dans trois semaines. Il s’intitule Prostituées africaines – Vérités, mensonges, esclavage (editions Minebuc), propose témoignages et analyse d’une situation intolerable – et adresse un message à Nicolas Sarkozy.
Camerounaise vivant en France, bénévole d’AIDE-Fédération (Agence Internationale de Développement Economique) qui jouit d’un statut consultatif à L’ONU, Amely-James Kohbela Okoo a infiltré le milieu de la prostitution africaine à Paris pour en connaître la réalité. Et ce qu’elle y a découvert a attisé sa révolte :"Les prostituées africaines sont au bas de l’échelle, exploitées pour tout ce qu’il y a de plus dégueulasse, la scatologie, les films pour zoophiles… Je n’ai pas rencontré parmi elles une seule "poule de luxe" ! Elles sont toutes malades. Quand un client ne veut pas utiliser un préservatif, il s’adresse à une Africaine ; on ne leur donne pas le choix de refuser." Et qui les envoie vers cet enfer ? La militante s’est renseignée : à 60 / 70 %, la famille ; pour le reste, la mafia, et particulièrement celle du Ghana, "connue de toutes les polices du monde", precise-t-elle.
Elle pointe du doigt l’exploitations des richesses de l’Afrique qui condamne ses habitant-es à la misère et dénonce la corruption, tout en combattant la complicité des familles – ce qui ne lui attire pas que des amis. Elle va à la rencontre des jeunes femmes en Afrique, pour les informer de ce qui les attend, et qui ne sera certes pas conforme aux promesses de ceux qui les "aident" à émigrer vers l’Europe.
Victimes et pourchassées
Amely-James Kohbela Okoo rencontre hostilité dans son combat, mais aussi indifférence. "J’ai du mal à faire remonter ces informations jusqu’à l’Onu, explique-t-elle. En ce moment, on ne parle que des femmes de l’Est !". Jusqu’à present, elle a travaillé seule, mais elle envisage la création d’un relais en Afrique.
A Sarkozy, elle reproche avant tout de n’avoir consulté aucune des associations concernées avant de promulguer ses lois qu’elle juge non seulement injustes, mais inutiles. "Ce sont les proxénètes que nous voulons voir arrêtés, pas les prostitués ! Demander à des filles droguées, violentées de dénoncer les réseaux, c’est absurde ! Et puis arrêtons de dire de celles qui parlent que ce sont des mythomanes ! Ou comment expliquez-vous les meurtres ?".
L’intervention d’Amely-James Kohbela Okoo dans le débat de clôture de l’Assemblée des femmes, fervente, poignante, galvanisante, a suscité des applaudissements nourris. Mais aussi, un contresens de la part de jeunes militantes de NextGenderation, venues elles plaider en faveur de la légalisation, et qui l’ont chaudement félicitée. Or, Amely-James Kohbela Okoo est très claire : "la prostitution pour moi, c’est de l’esclavage." Et elle dit "non" à l’esclavage.
Dominique Foufelle – 12 novembre 2003
Source : http://www.penelopes.org

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