Sénégal: Pourquoi le livre africain ne se vend pas

Sénégal: Pourquoi le livre africain ne se vend pas

Mbagnick Ngom

Il est plus facile de faire circuler des livres de Paris vers Dakar que du Mali vers le Sénégal. Le constat est établi par des acteurs du secteur de l’édition, réunis à Gorée pour des échanges sur la revitalisation des valeurs identitaires. Selon eux, au-delà de cet aspect lié à la circulation des biens culturels, le manque de dynamisme du marché du livre africain s’explique surtout par la qualité des produits offerts et la rareté des sources de financement.

L’édition se veut aujourd’hui un secteur dynamique dans nombre de pays du monde, où le livre est en passe de devenir un réel produit de consommation. En Afrique, malgré l’engouement et le talent des créateurs littéraires, le secteur du livre n’est pas encore parvenu à se faire une bonne part de marché. Les produits offerts par les éditeurs et autres hommes de lettres du continent noir semblent supporter difficilement la concurrence des offres étrangères.

Aujourd’hui, pour nombre d’observateurs, ce qui sape la compétitivité du livre africain se retrouve plus dans la conception graphique, le marketing, les stratégies mises en oeuvre pour sa commercialisation (avec notamment des circuits de distribution peu adéquats) que dans son contenu. Le docteur Henry Chakava, de l’Association des éditeurs de l’Afrique de l’Est pour l’éducation, basé au Kenya, a livré cette analyse lors de l’atelier sur la revitalisation des cultures africaines, tenu du 5 au 7 mars 07 à Gorée, en introduisant une communication sur le thème : ‘Le livre en Afrique’.

Selon lui, le manque de dynamisme du secteur du livre s’explique par nombre de paramètres, dont la limitation des sources de financement au niveau des grandes banques, le faible appui des gouvernants, etc. Des solutions proposées par le Dr Chakava, on note la nécessité pour les éditeurs de s’organiser en réseaux de lobbying pour davantage sensibiliser les gouvernements, les agences internationales pour les amener à investir dans le secteur du livre en particulier et de l’édition en général.

De l’avis des participants à l’atelier, l’édition de livre implique des risques. Et la production d’ouvrages culturels comporte encore plus de risques. C’est pourquoi, il importe, selon eux, d’améliorer la qualité des ouvrages proposés sur le marché pour les rendre compétitifs. Mais également de promouvoir les produits locaux au niveau des foires et autres conférences internationales. En plus des stratégies qui pourraient amener les donateurs à soutenir les initiatives privées dans le secteur du livre.

Source:
Wal Fadjri
8 mars 2007

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