QUELS DETERMINANTS POUR L’INSERTION SOCIOPROFESSIONELLE DES JEUNES DIPLOMES EN GUINEE

QUELS DETERMINANTS POUR L’INSERTION SOCIOPROFESSIONELLE DES JEUNES DIPLOMES EN GUINEE

Auteur : DJO KOUROUMA
Source: http://www.observateur-guinee.com

Première partie : Problématique

L’un des maux qui frappent les pays en développement et plus particulièrement l’Afrique est la montée sans cesse croissante du taux de chômage. Cela affecte négativement la croissance, le bien être sociale et provoque souvent des crises sociales. La psychose du chômage peut être source d’insurrection sociale et partant troubler l’ordre public.
Les instruments pour vaincre ce mal se révèlent rarement efficaces. En effet, le chômage est un phénomène qui se manifeste par un rationnement permanent de l’emploi. Selon le B.I.T., le chômeur est une personne sans travail, disponible pour en exercer un et à la recherche d’un emploi. Pour les jeunes diplômés sortis du système éducatif, le chômage se manifeste par la non insertion.

L’insertion étant le processus d’entrée dans la vie active. C’est le passage de l’inactivité à l’activité. Michel Vernières défini l’insertion comme le processus par lequel des individus n’ayant jamais appartenu à la population active, accèdent à une position stabilisée dans le système d’emploi. Mais il faut différencier l’insertion de la réinsertion qui prend en compte des individus ayant déjà une expérience professionnelle donc ayant déjà travaillé au moins une fois. Avec la prolifération de l’enseignement professionnel et universitaire privé et la montée croissante de l’effectif de l’enseignement supérieur, le nombre de diplômés a atteint un niveau très élevé, et le chômage est devenu un danger permanent pour ces nouveaux diplômés. En effet, entre 1985 et 2005 le système scolaire a formé plus de 50 000 diplômés.

La difficulté quasi générale de l’insertion de ces jeunes diplômés reflète les imperfections du marché du travail en Guinée (market failure). Ce qui tend à justifier l’intervention des pouvoirs publics dans le but de favoriser l’accès à l’emploi par des dispositifs ou des programmes visant à les aider directement ou indirectement, via des formations qualifiantes.

Ainsi, le gouvernement doit mettre en place un programme d’aide à l’embauche en vue de favoriser l’insertion professionnelle des jeunes diplômés. Ce programme doit être dirigé par le Ministère de l’Emploi, confié et supervisé par une agence d’étude et de la promotion de l’emploi (AGEPE). Ce programme doit être renforcé par la mise sur pied d’un programme de formation qualifiante dont l’objectif est de renforcer le capital humain des nouveaux diplômés par des formations additionnelles, des formations de recyclage et des formations de reconversion. Cette politique doit viser à rendre beaucoup plus opérationnels les diplômés que l’AGEPE proposera aux différentes entreprises. On parlera dans ce cas d’insertion aidée par opposition à l’insertion régulée (GAUDE 1997).

De même il doit être mis en place un programme de fonds sociaux visant à encourager l’auto-emploi. Mais ce phénomène rencontre de plus en plus de difficultés (aval, apport personnel, taux d’intérêt élevé).

Les imperfections du marché du travail en Afrique ont provoqué dans le cadre des programmes d’ajustement structurel (PAS) une reforme du cadre réglementaire du marché du travail afin d’éliminer certaines rigidités observées dans son fonctionnement (Lachaud 1996, Benié 1993). En effet, les procédures de recrutement et de licenciement, la législation du travail sur le salaire minimum en vigueur, constituaient une entrave au bon fonctionnement du marché du travail.

Doit-on mettre en place un programme d’ajustement structurel et de la compétitivité (PASCO) qui aura pour objectif d’assurer l’épurement du marché, c’est à dire éliminer les rigidités qui entravent le bon fonctionnement du marché du travail guinéen; mais signalons que la libéralisation de l’économie consécutive au changement de régime en 1984 semble plutôt contribuer à la précarité de l’emploi.

Cela se manifeste à travers le démantèlement du droit du travail et une perpétuelle incertitude du travailleur qui se retrouve désormais à la merci des employeurs. La conséquence directe est l’aggravation de la paupérisation et l’accroissement de l’exclusion sociale.

Cette logique répond en effet, à la conception néoclassique de la flexibilité mécanique de la variable salariale dans l’établissement automatique de l’équilibre sur le marché du travail entre offre et demande de travail. Mais si la réduction du taux de salaire est une solution pour résorber le chômage, il semble mieux d’augmenter l’emploi par la consommation et la production.

Cette voie est la conception Keynésienne (théorie du déséquilibre). Cette théorie considère le chômage comme le résultat d’un mauvais fonctionnement du marché des biens et services. Ce qui suppose que l’amélioration de la production et de la compétitivité de l’économie sont des voies nobles pour résoudre le problème du chômage. La formation et l’éducation prenant de plus en plus d’ampleur (générale, spécifique ou professionnelle) avec l’accroissement démographique considérable et les incertitudes qui pèsent sur l’avenir militent en faveur d’une certaine polyvalence des formations tant au niveau théorique que pratique.

Le chômage des jeunes diplômés peut aussi être considéré comme une manifestation de la recherche d’emploi (Job search). De ce point de vue la prise en compte de l’information semble impérative. Knight a mis en évidence les changements dans la relation éducation – niveau d’occupation. L’idée de base est que la production du système éducatif évolue indépendamment des possibilités d’emploi du système économique. Cette hypothèse est assez réaliste dans de nombreux pays africains (Lachaud, 1987). Dans ces conditions les nouveaux diplômés ont deux choix: soit rester au chômage en attendant l’emploi pour lequel ils sont formés, ou accepter un emploi d’un plus faible niveau en termes de statut et de rémunération.

Le développement ces dernières années des politiques d’insertion vise à établir un nouvel équilibre entre les dépenses dites passives c’est à dire de pures indemnisations des chômeurs et les dépenses dites actives destinées à combiner le soutien au revenu d’action diverse pour faciliter l’accès à l’emploi.

En ce sens l’insertion professionnelle est un aspect très important de l’insertion sociale. La préoccupation des pouvoirs publics est donc de définir des filières de formation correspondant aux qualifications des postes à pourvoir. Cela permettra l’amélioration de l’employabilité des jeunes diplômés c’est à dire * l’espérance objective ou la probabilité plus ou moins élevée* que peut avoir ces jeunes à la recherche d’un emploi d’en trouver un.

La crise de l’emploi qui n’a cessé de s’aggraver impose une nouvelle réflexion sur l’insertion professionnelle. La préoccupation majeure est donc de s’interroger sur les effets de l’offre éducative sur le marché du travail des jeunes diplômés. Autrement quels sont les facteurs déterminants de l’insertion des jeunes diplômés, demandeurs de premier emploi et quelle a été l’effet de l’implication de l’Etat dans le processus d’insertion professionnelle à travers de nouvelles politiques d’insertion qui retiendra notre attention dans cette étude?

C’est pour répondre à cette préoccupation que cette étude se propose d’analyser les politiques et les déterminants de l’insertion professionnelle des jeunes diplômés en Guinée.

DJO KOUROUMA, Doctorant en Sciences économiques au CERDI (Université d’Auvergne), Email : [email protected]0

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