2. Que pensez-vous du système éducatif dans votre pays ?
Aujourd’hui, mon pays, le Sénégal, dispose d’un système éducatif qui couvre tous les niveaux d’enseignement : du préscolaire à l’enseignement supérieur, en passant par le primaire, le moyen et le secondaire. Du moyen au supérieur, il existe des établissements publics et privés d’enseignement général ou technique ; l’enseignement privé est aussi présent au préscolaire et au primaire, à côté des écoles publiques qui scolarisent la majorité des élèves. Mais l’enseignement préscolaire est encore très peu développé.
Mon pays a hérité son système éducatif de l’ancienne puissance colonisatrice, la France. C’est dire qu’il n’a pas encore de système éducatif propre, pensé et mis en œuvre en fonction des besoins spécifiques du pays et à partir de ses réalités propres. Des efforts d’adaptation des programmes ont été faits mais les décideurs eux-mêmes reconnaissent que ces efforts demeurent encore timides. Dans mon pays, par exemple, beaucoup d’experts pensent que l’introduction de l’enseignement des langues nationales à l’école primaire permettrait de mieux asseoir les compétences des élèves dans les mathématiques et dans l’acquisition d’une langue étrangère. Ils citent pour cela les cas de l’Ethiopie et des pays nordiques comme la Finlande.
Mais il faut aussi reconnaître que le système éducatif actuel a formé toutes les élites de mon pays depuis l’indépendance ; ce qui est très important.
L’enseignement privé se développe de plus en plus et devient un enseignement d’élite et de meilleure qualité que le public. Toutes les familles riches y envoient leurs enfants. Si cela continue ainsi, ce sera un grand risque pour l’égalité des chances entre les pauvres et les riches. Du fait de cette discrimination dans l’accès au savoir entre les riches qui peuvent se payer les écoles privées et envoyer leurs enfants dans les meilleures universités étrangères et les pauvres qui n’ont même pas de quoi acheter des fournitures scolaires pour leurs enfants, mon pays risque de passer à côté de savants, peut-être même de Prix Nobel, qui se trouveraient parmi des enfants de pauvres parce que tout simplement, ces derniers n’ont pas pu aller à l’école. Le plus grand défi auquel mon pays doit faire face est d’assurer l’égalité des chances dans l’accès à la formation et au savoir pour que le système éducatif ne soit pas un système de reproduction sociale.