QUI EST? … Michael Bloomberg
Michael Bloomberg vient d’être réélu au poste de maire de la ville de New-York. S’il incarne la réussite du rêve américain, il est aussi décrié pour sa volonté de diriger coûte que coûte
Michael Bloomberg est l’homme à qui tout réussit
Né le 14 février 1942, Michael Bloomberg grandit dans la banlieue de Medford dans le Massachusetts. De ses parents, il apprend dès le plus jeune âge les valeurs du travail. Il décroche un MBA à l’université d’Harvard. A 24 ans, il intègre la banque d’investissement, Salomon Brothers, à New York. Son premier contact avec la ville sera le bon. La banque ayant été rachetée par une autre compagnie, il est contraint de retrouver un nouveau job. Il décide alors d’être son propre patron et fonde la société éponyme Bloomberg LP en 1981. Cette dernière est devenue un groupe financier à succès qui emploie plus de 10.000 employés répartis dans plus de 130 pays et qui possède neuf chaînes de télévision financière réparties dans le monde entier. Récemment, elle a d’ailleurs racheté le magazine Business Week, renforçant encore sa puissance. Sa société étant lancée, il décide de consacrer la majeure partie de son temps à des activités de bienfaisance et devient un généreux donateur, ce qui lui vaut le surnom de Médicis.
Il orchestre sa vie
Adolescent, il avait trois vœux : devenir le premier président juif des Etats-Unis, secrétaire général des Nations unies ou encore patron de la Banque mondiale. Aucun des trois n’a été réalisé pour l’instant. Pourtant, Michael Bloomberg (AFP) est l’incarnation du rêve américain et n’a rien à envier à personne. Millionnaire à 30 ans et milliardaire à 55, il est considéré comme l’homme le plus riche de New York avec une fortune estimée à 16 milliards de dollars, Pas encore président mais déjà au poste très prestigieux de maire de New-York depuis 2001.
Loué pour son bilan à la tête de la ville, plus propre, plus sécuritaire (la criminalité a baissé de 25,5% depuis 2001), pour le défi de l’après 11 septembre relevé avec succès, sa personne n’est en revanche que peu appréciée, il est passé maître dans l’art des conflits d’intérêts. Ses dons qui, en 2008 s’élevaient à 235 millions de dollars, n’ont rien d’une générosité désintéressée. Chacune de ses positions est calculée, il change d’avis au gré des opportunités qui se présentent. Du côté de la communauté noire quand il faut l’être, contre quand il vaut mieux de pas l’être. Idem en politique : partisan de John Mc Cain lors des élections présidentielles de 2008, il a eu tôt fait de retourner sa veste. Dans son propre parcours, il est insaisissable : membre du Parti démocrate, il est devenu républicain pour se présenter à la mairie de New York en 2001 puis “indépendant” après sa réélection en 2005.
Pour lui, tout s’achète, ainsi, pour faire face à l’augmentation des sans-abris dans les rues de New-York, la méthode Bloomberg a été de leur proposer des billets d’avion aller-simple gratuits, à la condition expresse qu’ils ne reviennent pas. Rien d’étonnant à ce qu’il soit perçu comme froid et calculateur. Pour lui pas de place pour la trahison ou la faiblesse, l’échec ne fait pas partie de son vocabulaire. Les meilleurs sont récompensés, les perdants ignorés.
Comme il a orchestré sa victoire à la tête de New-York
Il a été réélu de justesse mardi pour la troisième fois au poste de maire de New-York. Pourtant sa candidature a été vivement dénoncée pour deux raisons. D’une part, il n’aurait pas dû avoir le droit de briguer un troisième mandat, la législation limitant à deux fois cette possibilité. Ignorant les deux référendums qui avaient rejeté toute modification en 1993 et 1996, il a joué de son pouvoir auprès du Conseil municipal de la ville pour pouvoir se présenter une troisième fois. D’autre part, il a exagérément usé de sa fortune personnelle lors de sa campagne. Aux 6 « petits » millions de son principal rival, William Thompson, le contrôleur des finances de la ville, il a opposé plus de 100 millions. Ces abus s’en sont ressentis sur son électorat puisque mardi il n’a obtenu que 51% des voix contre 46 pour son adversaire, alors qu’à soixante-douze heures du scrutin, les sondages lui donnaient un avantage de 15 points sur son rival démocrate.
Par Magali MASSA (www.lepetitjournal.com)
Vendredi 6 novembre 2009