Non à la répression des Touaregs au Niger
Pendant que Nicolas Sakozy s’agite pour régler le conflit israelo-palestinien, une autre guerre, dont le gouvernement français par le biais de sa société d’uranium AREVA est en grande partie responsable, se déroule dans une totale indifférence de la communauté internationale en particulier de la France réputée pour être le bastion des droits humains.
Le 21 octobre dernier, au cours d’un colloque organisé par le MEDEF sur « la sécurité économique », un colloque auquel participait le ministre français de l’intérieur Mme Alliot-Marie, l’Amiral Thierry d’Arbonneau, responsable de la sécurité d’AREVA au Niger, a même poussé très loin son arrogance en déclarant : « L’État français ferait mieux, […] de donner aux autorités nigériennes les moyens de mater la rébellion des Touaregs, ces hommes en bleu qui font rêver les hommes et chavirer le coeur des femmes mais ne sont qu’une illusion… ».
Cette déclaration, rapportée par le journal « Le canard enchaîné » dans son édition du 5/11/2008, irresponsable et dangereuse, met une fois de plus au grand jour la nature inhumaine du capitalisme sauvage qui n’hésite pas à renier aux peuples même le droit à la vie, un droit des plus élémentaires pourtant.
Le Congrès Mondial Amazigh (CMA), une ONG de défense des droits du peuple berbère dont fait partie le peuple touareg, et plusieurs associations dont Temoust – Survie Touarègue et Alhak-nakal (association de défense des droits du peuple autochtone de l’Aïr, Arlit, Niger) indignées par ces propos d’un autre âge, ont appelé le 20 décembre passé à un rassemblement devant le siège de cette société à Paris pour dénoncer ces propos haineux.
Le Congrès Mondial Amazigh et l’ensemble des organisations signataires de cet appel sont indignés par ces propos d’une extrême gravité et tiennent à dénoncer fermement ces attaques verbales contre un peuple paisible et pacifique. Notre indignation est d’autant plus vive que la déclaration de M. d’Arbonneau vise un peuple déjà fortement menacé et qu’elle fait croire que l’usage de la force pourrait être la solution pour résoudre les problèmes au Niger.
Les propos de M. Thierry d’Arbonneau n’ont été ni démentis par leur auteur ni désavoués par un quelconque responsable d’Areva ou du gouvernement français. Ils correspondraient donc à la position officielle de la firme Areva et de l’Etat français tant que ces institutions conservent leur mutisme.
La société AREVA, leader mondial du nucléaire, exploite l’uranium dans les régions touarègues du nord du Niger depuis une quarantaine d’années et en a même eu le monopole durant ces décennies, et elle s’apprête à démarrer l’exploitation d’un nouveau gisement à Imouraren, présenté comme un des plus grands au monde.
La communauté touarègue du Niger qui ne fait que réclamer légitimement une partie des revenus générés par l’exploitation de l’uranium extrait sur son sol, n’a jamais reçu d’autre réponse que la répression, jusqu’aux crimes à grande échelle perpétrés par les Forces Armées Nigériennes. De son côté, la société Areva pollue gravement l’environnement vital des populations locales (notamment l’eau et les pâturages). Tout cela menace très sérieusement la survie du peuple Touareg.
En conséquence, nous Congrès Mondial Amazigh, associations touarègues et amazighes, organisations de défense des droits humains, amis et sympathisants du peuple Touareg, réclamons :
une clarification de la position officielle de la direction d’Areva au sujet de la déclaration de M.Thierry d’Arbonneau, - une réponse de la direction d’Areva concernant les légitimes revendications de la communauté touarègue du Niger ;
- une mise au point publique du gouvernement français pour désavouer les propos du représentant d’Areva, tenus en présence d’un membre du gouvernement, et affirmer sans ambiguïté que la France ne pourrait être impliquée dans les violences contre les Touaregs ;
- la clarification de la nature de la coopération que la France entend mener au Niger, notamment dans les territoires Touaregs. D’une manière générale, nous appelons au respect des intérêts et de la dignité de la communauté touarègue au Niger afin qu’elle ne fasse pas les frais de marchandages entre le Groupe Areva et l’État nigérien dans leurs négociations sur les conditions d’exploitation de l’uranium. Nous appelons à une véritable concertation avec la société civile sur les enjeux de développement durable notamment les conséquences de l’extraction de l’uranium sur la contamination de l’environnement (les personnes, l’eau, les pâturages) et de manière générale les menaces qui pèsent sur la vie des populations de cette région. Nous appelons les associations amazighes, les organisations de défense des droits de l’Homme, les amis et sympathisants du peuple amazigh, à se mobiliser autour de la diaspora touarègue en France pour dire non au mépris et à l’injustice que subissent les Touaregs. Nous alertons également l’opinion publique française et internationale sur le drame de la dépossession des Touaregs des richesses de leur sol et sous-sol au mépris du droit international et les graves conséquences écologiques de l’exploitation de l’uranium dont ils sont les premières victimes.
Lundi 12 janvier 2009 par Nourredine Benseghir
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