Miriam Makeba, une voix de l’Afrique s’est éteinte

Miriam Makeba, une voix de l’Afrique s’est éteinte
Samuel Laurent (lefigaro.fr)

Miriam Makeba le soir de son dernier concert, dimanche à Naples. La chanteuse s’est éteinte quelques heures plus tard, à l’âge de 76 ans.
La chanteuse sud-africaine, auteur de succès planétaire «Pata Pata» et figure de la lutte contre l’apartheid, est décédée d’une crise cardiaque à l’âge de 76 ans.

Surnommée «Mama Africa», Miriam Makeba s’est éteinte dans la nuit de dimanche à lundi après un concert en Italie.

A 76 ans, elle venait de chanter durant une demi-heure à l’occasion d’un concert en soutien à Roberto Saviano, l’auteur du film Gomorra, menacé de mort par la Mafia, à Naples. La chanteuse était montée sur scène en dernier, et attendait le rappel du public, lorsqu’elle a été découverte gisant sur le sol, évanouie. Transportée à l’hôpital, elle est décédée à la clinique Pineta Grande de Castel Volturno, des suites d’une crise cardiaque.

De son vrai prénom «Zenzi» (diminutif de Uzenzile), Miriam Makeba, connue dans le monde entier pour son tube, «Pata Pata», était une figure de la lutte anti-apartheid. Née à Johannesburg le 4 mars 1932 d’une mère Swazi et d’un père Xhosa, elle fut d’abord la voix du groupe the Manhattan Brothers, qu’elle accompagna en tournée aux Etats-Unis en 1959.

Le succès arriva pour Miriam Makeba avec «Pata Pata», une chanson écrite en 1956 et enregistrée en 1962, reprise notamment par Sylvie Vartan sous le titre «Tape Tape».

En 1965, elle fut la première femme noire à obtenir un Grammy Award, partagé avec le chanteur Harry Belafonte pour leur disque commun, «An evening with Harry Belafonte and Miriam Makeba».

Exilée durant 31 ans
Après une série de concerts dans le monde entier, l’Etat Sud-Africain l’avait déchue de sa nationalité pour sa participation à un film anti-apartheid, «Come back to Africa», l’empêchant de revenir assister aux funérailles de sa mère et interdisant même sa musique. Durant 31 ans, elle va vivre loin de son pays. Elle obtiendra un titre de citoyenneté honoraire dans dix pays, dont la France.

En 1969, Miriam Makeba épouse Stokely Carmichael, l’un des chefs des Black Panters américains, figure contestée de la lutte pour les droits civiques, ce qui lui vaudra de nombreux ennuis avec la justice américaine et l’obligera à s’exiler en Guinée. Elle divorcera quatre ans plus tard.

En 1985, elle est faite Chevalier des Arts et Lettres par la France. Mais la mort cette même année de sa fille unique, Bongi, à l’âge de 36 ans, et les ennuis d’argent, plongent la chanteuse dans la dépression. En 1987, alors qu’elle vit en Belgique, elle connaît un nouveau succès mondial en participant à l’album Graceland de Paul Simon.

En 1990, alors qu’elle vient d’obtenir la nationalité française, Nelson Mandela finit par la persuader de revenir en Afrique du Sud. En 1992, elle fait une apparition dans le film Sarafina !, qui raconte les émeutes de Soweto en 1976.

Il faudra attendre 2000 pour que Miriam Makeba sorte un nouvel album. Ce sera Homeland, un disque contant sa joie d’être rentrée dans son pays. «J’ai conservé ma culture, j’ai conservé la musique de mes racines. Grâce à elle, je suis devenue cette voix et cette image de l’Afrique et de son peuple sans même en être consciente», avait écrit Miriam Makeba dans son autobiographie.

http://www.lefigaro.fr
10/11/2008

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *