Méningite au Burkina : Déjà 19 décès

Méningite au Burkina : Déjà 19 décès

Le ministère de la Santé a organisé, jeudi 17 janvier 2008 à Ouagadougou, une conférence de presse sur la méningite. Il s’est dit prêt à faire face à une éventuelle épidémie de méningite cette année.
"Le ministère de la Santé, par anticipation, a encore élaboré un plan de préparation et de riposte, comme nous le faisons depuis 2002".

Déclaration du premier responsable du département, Alain Yoda, parlant d’une éventuelle épidémie de méningite en cette année 2008. La surveillance épidémiologique, l’identification des germes responsables de la méningite, la vaccination réactive, la gestion de l’épidémie, la prise en charge et la mobilisation sociale sont entre autres les stratégies mises en route par son service pour endiguer cette maladie. Selon le ministre Yoda, le coût de ce plan de lutte est estimé à plus de trois milliards de franc CFA. Un budget prévisionnel qui prend en compte la phase préparatoire à l’épidémie, celle de riposte et la phase post épidémique. Il a été élaboré sur la base de 20 000 cas suspects attendus. Le ministre a fait savoir que depuis décembre 2007 les médicaments, consommables et réactifs sont disponibles, la sensibilisation des populations a commencé et la commande des vaccins a été lancée. Actuellement le Burkina Faso n’est pas en épidémie.

Mais, a indiqué M. Yoda, plus d’une centaine de cas suspects ont été notifiés dans l’ensemble des districts sanitaires du pays, avec 19 décès. Selon le ministre Yoda, le district sanitaire de Sapouy, chef-lieu de la province du Ziro a franchi le seuil d’alerte qui est de cinq cas pour 100 000 habitants, en une semaine, en début janvier. "Des missions d’investigation ont été depêchées dans le district et une campagne de vaccination réactive est planifiée pour la période du 19 au 25 janvier 2008 en vue d’interrompre la propagation de la maladie," a confié le ministre. Celui-ci a en outre annoncé qu’une campagne de vaccination préventive, avec un nouveau vaccin dont l’efficacité serait de 10 ans, est prévue en fin d’année.

Par ailleurs, des recherches se mènent actuellement pour identifier les raisons de la recrudescence de la maladie au Burkina Faso, pays qui a connu des épidémies en 1996, 1997, 2001, 2002, 2004, 2006, 2007. Une situation qui s’explique, selon les responsables du ministère et ceux de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), par le fait qu’il soit situé au centre de la ceinture méningitique africaine. Ceux-ci ont en outre expliqué que des études ont montré que les pays de ladite ceinture entrent cette année dans un cycle sévère d’épidémie. Ces informations ont été livrées à la presse jeudi dernier par M. Yoda et ses collaborateurs, parmi lesquels, le représentant résident de l’OMS, Baba Moussa.

L’écosystème, aussi responsable

Les journalistes ont voulu mieux connaître l’épidémie présagée en posant diverses questions à leurs vis-à-vis. Répondant à leurs préoccupations, les responsables du ministère de la Santé et de l’OMS ont fait savoir que des cas de méningite ont été notifiés dans la République Centrafricaine, le Nigeria et le Niger. Le Burkina Faso s’est aligné derrière les principales stratégies de lutte contre la maladie, recommandées par l’OMS, en l’occurrence, la prise en charge correcte en cas d’épidémie, la surveillance épidémiologique la vaccination réactive etc. Le vaccin disponible est efficace pour lutter contre les germes de souche A et C. "Il y a des choses que l’on connaît et des choses qu’on ne connaît pas," a confié le professeur Kader Kondé, directeur du centre de surveillance pluripathologique, en abordant la question relative à la recrudescence de la méningite au Burkina Faso. Il est ressorti de ses explications que hormis la position du pays dans la boucle méningitique, l’écosystème (avec les écarts de température, la sécheresse, harmattan etc) contribuent à élever la probabilité de survenue de la maladie. Ses germes utilisent ces facteurs favorisants pour se transformer et être plus virulents. D’où la difficulté de les combattre. Le nouveau germe le plus virulent en circulation actuellement est le LT 2859.

Les conférenciers ont laissé entendre que les régions les plus sensibles cette année sont celles où les populations ont perdu leur immunité c’est-à-dire qu’elles ont été vaccinées depuis plus de trois ans. Il s’agit notamment dans le Centre-Nord de Barsalogo, Kaya et Kongousi, dans le Centre-Ouest, Koudougou, Léo, Nanoro et Sapouy, dans les Hauts-Bassins Boromo, Dandé, Dafra, Do, Houndé et Orodara, dans l’Est, Diapaga, le Nord Séguénéga et Yako, le Plateau central Boussé et Ziniaré et le Sud-Ouest, Dano et Gaoua. Les fonds nécessaires sont-ils disponibles pour les différentes phases de lutte prévues ?

A cette question les responsables techniques du ministère ont affirmé que pour la phase préparatoire qui demande plus d’un milliard de F CFA, plus de cinq cents millions de F CFA, sont disponibles. Selon le ministre Yoda, le Fonds mondial ne finance pas la lutte contre la méningite car il estime que le Sida et le paludisme demandent de fortes sommes d’argent. Le président du Faso Blaise Compaoré a alors plaidé pour la mise en place au niveau des Nations unies, d’un fonds pour la méningite qui est classée parmi les maladies tropicales négligées c’est-à-dire celles dont les médicaments existent mais leur coût ne permet pas de les rendre disponibles. Les cas suspects détectés ces derniers temps sont provoqués par les germes A et C.

Séraphine SOME

Sidwaya
lundi 21 janvier 2008

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