MBA – Une offre toujours plus abondante
Des programmes MBA pour tous les besoins, et tous les profils : c’est ce qu’essaient de proposer les écoles de gestion, mais aussi les universités.
Pas un mois pratiquement sans qu’un nouveau cursus, une nouvelle formule de MBA ne fasse son apparition.
On disait le marché français des MBA saturé, surbooké, proche de l’overdose. On attendait une « décantation » – voire, pour certains segments, une franche déconfiture. Erreur. Loin de se tasser, l’offre de MBA ne cesse de s’étoffer. Pas un mois pratiquement sans qu’un nouveau cursus, une nouvelle formule de MBA ne fasse son apparition. Même si certains programmes annoncés plusieurs mois à l’avance peinent parfois à démarrer vraiment.
Résultat, il est de plus en plus difficile pour les candidats de choisir leur cursus. « On est encore loin de la maturité, estime Jérôme Caby, directeur de l’IAE de Paris-I. En France, l’offre est désormais très abondante. Mais dans le reste du monde, notamment en Asie, le potentiel de croissance des ces programmes demeure très important car de nombreux pays ont un besoin crucial de cadres et de managers. » Même des pays qui sont longtemps restés à l’écart du mouvement s’y mettent. C’est le cas de l’Allemagne, où l’ESMT (1) de Berlin vient d’ouvrir, après son cursus « full time », un Executive MBA avec une promotion de 30 inscrits.
Sur ce marché en croissance continue et quelque peu désordonnée, certaines tendances émergent nettement. Premier point : « Les MBA «full time», parfois proches des « junior MBA », connaissent une certaine crise – à l’exception peut-être des grandes marques, relève Philippe Gabilliet, de l’ESCP-EAP. C’est surtout vrai en France où les entreprises peu internationalisées hésitent à financer un MBA à plein temps pour un jeune cadre. Elles ont tendance à considérer le MBA comme un produit de luxe, qui, de plus, génère du turnover. Car, même s’il s’est imposé dans le monde entier, le MBA, au fond, reste un standard de culture anglo-saxonne. » Les choses évoluent mais lentement : un nombre croissant de sociétés hexagonales commencent à s’intéresser aux MBA « Executive ». Pour les « full time », en revanche, les réticences demeurent.
Stratégie de niches
Autre phénomène marqué : les programmes « spécialisés » ou « sectoriels » se multiplient. Après son « Aerospace MBA », l’ESC Toulouse a ainsi ouvert un MBA « Conseil en management », avec le Syntec Management. « Nous misons sur une stratégie de niches », explique Hervé Passeron, le directeur général du groupe, qui annonce d’autres projets de MBA axés sur un secteur spécifique. De son côté, l’ESC Chambéry-Savoie lance un MBA « Management et stratégie des entreprises de sport ». A Euromed, c’est un « Maritime MBA » qui voit le jour, à côté du « World Mediterranean MBA », accessible, au choix, à temps plein, en « part time » ou à distance.
Nombre d’institutions ne se contentent d’ailleurs plus d’un seul MBA, mais proposent une gamme complète, susceptible de répondre à tous les besoins et tous les profils. L’IAE d’Aix-en-Provence aligne ainsi quatre programmes, dont un EMBA intitulé « Leading Business, People and Innovation » et un autre en « Management de la sécurité des systèmes d’information ». Quatre MBA aussi à l’Essec, en comptant le cursus initial, l’EMBA, le « Luxury Brand Management » et le MBA dédié au management du secteur hôtelier. Même choix entre quatre programmes à Audencia.
A l’inverse, plusieurs écoles qui avaient élargi leur gamme la resserrent aujourd’hui. L’ESC Rennes replace ainsi l’ensemble de son offre MBA sous la bannière d’un cursus unique « Performance durable et leadership », avec un format nouveau (5 jours et demi toutes les 6 semaines, sur 16 mois). « La responsabilité sociale et le leadership imprègnent l’ensemble de l’enseignement », indique Don Minday, le manager du programme. Refonte aussi à l’ESC Lille, où la nouvelle maquette vise à « couvrir tous les domaines du management », avec quatre « majeures » choisies parmi les mastères spécialisés (MS) de l’école : Management de projet-logistique, Audit-finance, Marketing-communication et Gestion des ressources humaines, le tout débouchant sur un double diplôme.
A l’instar des écoles de gestion, les universités se mettent elles aussi aux MBA. Après Dauphine et son EMBA en partenariat avec l’UQAM (2), après l’IAE de Paris-I (un « Global MBA » et un « International MBA », mais aussi une série de MBA délocalisés, notamment en Chine et, avec Dauphine, en Russie, au Liban, en Algérie…), Paris-II – Assas annonce de son côté un MBA destiné à « des juristes désireux de se former au management ». Le Celsa (Paris-IV – Sorbonne) s’y est converti lui aussi. Et d’autres devraient se lancer dans la course.
Programmes à la carte
Dernière tendance marquée : les institutions s’efforcent de « personnaliser » au maximum leurs MBA, avec des programmes à la carte, des cours électifs, des options, mais aussi des formats souples et évolutifs. Du « sur mesure », voire du « cousu main », destiné à répondre à toutes les situations et tous les projets. A EM Lyon, par exemple, l’EMBA est proposé en trois formats (jeudi-vendredi, vendredi et samedi, ou le week-end) et une grande souplesse de mise en oeuvre. A l’Essec, les participants de l’EMBA ont le choix entre trois formats : 8 modules de 6 jours sur 18 mois, 27 week-ends et 4 séminaires sur 19 mois, ou 30 week-ends et 2 séminaires, le tout à combiner entre Paris et Francfort. L’ESC Montpellier pousse encore plus loin la logique, avec une formule par modules de 20 à 40 heures, permettant de « concilier les objectifs du candidat et les besoins de l’entreprise ».
Enfin, l’ESC Toulouse prépare un MBA « Jeune entrepreneur », destiné notamment aux PME, avec une maquette très originale : le participant passera deux ans en alternance dans des firmes partenaires qui financeront l’intégralité du cursus. Démarrage prévu à la rentrée prochaine. Preuve qu’en matière de MBA, l’imagination est au pouvoir.
J.-C. L.
[ 22/01/08 ]
Source: http://www.lesechos.fr
(1) European Schoolof Management and Technology.(2) Université du Québecà Montréal.
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