Parlons de chiffres
Pour les futurs étudiants, cette nouvelle enquête présente une énigme. La capacité monétaire des écoles augmente certes, mais les données salariales recueillies par PayScale montrent les honoraires des diplômés issus de programmes qui, auparavant, étaient totalement différents des contenus actuels. Il y a 20 ans, il n’était pas possible de voir un haut cadre enseigner dans une école de commerce, les spécialités qui se sont développées aujourd’hui n’avaient pas encore vu le jour et Wharton n’avait pas encore affermi sa réputation – en 1990, BusinessWeek lui a attribué une « mention passable » pour la qualité de l’enseignement.
Et encore, la moyenne de rémunération ainsi arrêtée par PayScale camoufle les grands écarts que l’on peut remarquer d’un salaire à l’autre. A Vanderbilt, par exemple, où la moyenne générale est de 93.400 dollars à la 5ème année, 10% des diplômés de MBA gagnent plus de 146.000 dollars – à peu près le salaire d’un diplômé moyen de Harvard, où justement les plus gros salaires, avec 5 ans d’ancienneté dépassent les 300.000 dollars.
Les coûts achèvent de compliquer la situation. Les meilleurs programmes de MBA encourent des frais de formation et de subsistance supérieurs à 150.000 dollars et en totalisant deux ans de salaire sacrifié, la facture dépasse facilement 300.000 dollars. A côté, les grandes institutions d’Etat demandent la moitié de ce montant, voire moins. Est-ce à dire que les programmes les plus coûteux représentent un gros investissement, ou est-ce de l’argent jeté par la fenêtre ?
Si oui, alors Matt Wilson, 31 ans, a « jeté de l’argent par la fenêtre ». Il aurait pu allé à Chicago Booth, qui occupait la tête du classement BusinessWeek 2008 des écoles offrant un programme complet de MBA, mais il a choisi l’école d’Indiana, classée 15ème, en partie à cause du coût plus abordable. Aujourd’hui directeur du marketing pour le département équipement à Danaher (DHR), Wilson n’est pas déçu. Il a répondu a quatre offres d’emploi avant sa sortie en mai et affirme : « mon salaire de départ est certes inférieur (de 10.000 dollars) à ce que j’aurai gagné si j’étais allé à Harvard, mais, se console-t-il, j’ai tout de même économisé 50.000 dollars durant ces deux années. »
Peut-être, mais d’autres facteurs peuvent vous faire regretter. Mareza Larizadeh, fondateur de Doostang (un site de mise en réseau pour jeunes professionnels, qui offre des emplois sur invitation) était lui-même diplômé de Stanford Graduate School of Business. Il déclare qu’un diplôme du trio de tête – Harvard, Wharton ou Stanford ouvre des portes qui se refermeraient au nez des diplômés provenant d’écoles moins réputées. « Comme nous l’a confié un agent de recrutement pour Goldman Sachs, « je ne serai jamais vexé de recevoir le résumé d’un diplômé en MBA d’Harvard, même s’il ne convient pas au poste auquel il postule. Au contraire, sa demande restera très utile au cas où d’autres postes sont disponibles ou si des opportunités se présentent dans le futur. »
Conséquences de la crise de Wall Street
Les meilleures écoles de l’enquête PayScale sur les 20 dernières années connaîtront-elles une aussi bonne fortune au cours des 20 prochaines années ? Tout dépend de la situation économique dégringolante et des écoles. Si les services financiers restent sur une logique décroissante ou enregistrent des contre-performances à répétition par rapport à la réglementation, des écoles telles que Wharton, qui a envoyé 47% de ses diplômés dans les services financiers l’année dernière, seront de loin en moins bonne posture que d’autres écoles comme Kellog qui n’a casé que la moitié de ce chiffre à Wall Street.
Jana Kierstead, directrice du service des carrières à Harvard Business School, pense que la rémunération de plusieurs diplômés en MBA chutera dans un avenir proche avec la dévaluation et la disparition des primes de prise de fonction et des primes de fin d’année. Cependant, Anjani Jain, vice doyen à Wharton est plus optimiste. De son point de vue, le marasme économique pourrait aboutir à un relatif désintéressement pour les emplois à Wall Street ; ce n’est pas une mauvaise chose et la crise financière elle-même est un moyen douloureux d’y parvenir. Jain soutient que « leurs voies sont devenues si bien tracées et dénuées d’obstacles que cela a limité leur capacité d’imagination, dans un sens, la situation est salutaire. »
Source: BusinessWeek