Une nouvelle enquête montre combien les diplômés des meilleures écoles de commerce gagnent au cours de leurs carrières
Quelle est la valeur réelle de votre MBA ? Eh bien cela dépend surtout de ce que vous vous imaginez. Dans leurs prospectus, les plus grandes écoles de commerce insistent sur le salaire de départ, qui peut être très impressionnant. Mais qu’en est-il après 5, 10 ou 20 ans ? Pendant longtemps c’est rester une inconnue – un no-man’s land d’hypothèses et de suppositions ; plus maintenant.
De récentes recherches, initiées par le BusinessWeek, révèlent que les salaires accumulés par les diplômés de MBA, issus des plus prestigieuses écoles, durant leurs carrières, marquent une nette disparité entre ces institutions. Certaines écoles, qui au départ mettent la barre haute, avec des salaires à six chiffres, perdent haleine et se ravisent, laissant leurs diplômés avec des revenus à peine moyens après 20 ans de service. Par contre, dans d’autres écoles, les nouveaux diplômés commencent avec des paies modestes et finissent leur carrière au panthéon, avec parfois le double de leur solde après 20 ans, damant ainsi le pion à des rivaux mieux placés au départ.
Cette enquête a été menée par PayScale, qui collecte les informations salariales d’individus grâce à des outils en ligne de comparaison de salaires. BusinessWeek a requis les service de PayScale pour fouiller dans la base de données de 80.000 diplômés de 45 programmes d’élite en MBA et calculer leur moyenne de rémunération en espèce (salaires et indemnités), pendant les cinq premières années de leurs carrières et après une ancienneté de 5, 10, 15 et 20 ans. BusinessWeek a ensuite exploité ces données pour faire une estimation de la moyenne des compensations, après une période de 20 ans.
Ces données souffrent cependant de quelques imperfections : elles ne prennent pas en compte le marché de la bourse et des options et les informations salariales sur 20 ans, pour certaines écoles moins cotées, reposent sur moins de 100 fiches de salaire. De plus, ces données ne concernent pas les diplômés de mêmes générations, mais reflète l’expérience d’individus qui ont achevé leur formation à différentes périodes au cours des 20 dernières années.
Surprises après 20 ans
C’est extrêmement révélateur, de voir le pouvoir monétaire des détenteurs de MBA qui deviennent par la suite de hauts cadres. Tandis que l’essentiel des résultats de cette nouvelle enquête montre que l’on récolte ce qu’on a semé, elle compte aussi quelques surprises. On remarque en effet que les étudiants qui bravent les programmes les plus coûteux, tels que ceux d’Harvard Business School et de Wharton School de l’Université de Pennsylvanie, connaissent également les parcours professionnels les plus scintillants, longtemps après leur fin de formation.
Toutefois, après 20 ans de service, les anciens étudiants de trois écoles ordinaires – Georgia Tech, l’Université du Connecticut et l’Université George Washingtongagnent le double, voire plus du double des émoluments des étudiants qui sortent de ces trois écoles de nos jours. Par contre, les diplômés de 10 écoles – y compris Kelley School of Business de l’Université d’Indiana, classée 15ème – reçoivent, après 20 ans de fonction, une rémunération moyenne à peine égale à celle des étudiants d’Harvard Business School au sortir de l’école. Au Ross School of Business de l’Université du Michigan, classée 5ème, cette même moyenne pour les nouveaux impétrants affiche honorablement 109.000 dollars, seulement 28% de moins que les 140.000 dollars qu’offre, après 20 années d’expérience, la dernière école du classement des 10.
Kelley School of Business et Ross School of Business se disputent la tête du classement de PayScale. Pam Roberts, directeur du programme de MBA de Kelly révèle que ses diplômés actuels reçoivent environ 95.000 dollars, sans les bonus, soit 15.000 dollars de plus que le rapport de PayScale. De son côté, Al Cotrone, directeur du service des affaires académiques et professionnelles à Ross, affirme que les résultats médiocres de son école dans la fourchette des 20 ans est due au fait que moins de diplômés de Ross poursuivent leur carrière dans l’investissement bancaire après tout ce temps ; « cela fait forcément la différence », poursuit-il.
Meilleures écoles, meilleurs salaires
L’une des plus surprenantes conclusions de l’analyse de PayScale stipule que la compensation moyenne en espèce sur toute la période de 20 ans, pour toutes les écoles soumises à l’étude, représente 2,5 millions de dollars. 37 des 45 écoles se situent dans les 500.000 dollars de la moyenne générale, ce qui suppose que la différence de pouvoir monétaire, au cours d’une carrière entière entre les programmes de MBA, est moins grande que les estimations de nombreux avis. En réalité, sept écoles seulement franchissent la barre des 3 millions de dollars et une seule d’entre elles – Harvard – frôle les 4 millions.
Selon Maury Hanigan, président du MBA Scouting Report, ces chiffres démontrent que les grands noms ont du pouvoir. « Il ne fait aucun doute qu’il existe un groupe d’écoles de prestige et que si vous venez de l’une d’elle, vous faites sensation, affirme Hanigan, il y a absolument une réputation qui va avec. »
En outre, Tom Rodenhauser, l’un des vice-présidents de Kennedy Information, spécialisé dans l’industrie des services-conseils, note que le métier de consultant compte parmi les activités qui, pendant plusieurs, se sont arrogées l’essentiel des nouveaux diplômés en MBA – en partie à cause de la rémunération. Par ailleurs, c’est un secteur qui privilégie le cursus académique. Des sociétés telles que McKinsey, Bain & Co., et Boston Consulting Group concentrent leur efforts de recrutement sur les 10 premières écoles, même si les diplômés des autres institutions sont tout aussi qualifiés. « Les cabinets-conseils s’apparentent ainsi à des fraternités ou des sororités qui ont tendance à recruter des personnes ayant la même façon de penser et provenant du même club. Je dirais que 50 à 60 pour cent de ces recrues (MBA) proviennent des 10 meilleures écoles. »
Au-delà du pouvoir que leur confère leur nom, de nombreuses autres explications peuvent justifier les résultats de l’enquête pour les écoles de prestige, mais peu sont vraiment fiables. Certaines écoles qui casent leurs diplômés dans les services bancaires d’investissement bénéficient manifestement de leurs relations avec Wall Street. Columbia Business School and Wharton, avec 193.000 et 205.000 dollars respectivement, offrent ainsi les meilleures rémunérations après 20 années d’expériences. Les autres profitent de leur rang dans le classement. Les quatres écoles qui dominent les classements MBA de BusinessWeek depuis leur première édition en 1988 – Harvard, Wharton, Northwestern’s Kellogg School of Management et Chicago’s Booth School of Business – sont également les centre de formation qui offrent la plus grande compensation.
Source: BusinessWeek, lire la partie 2/2