Mali: Enseignement privé – Vous avez dit qualité ?

Mali: Enseignement privé – Vous avez dit qualité ?

Depuis plus d’une décennie, on assiste à un véritable boum des établissements privés d’enseignement. Jardins, écoles primaires, lycées et écoles supérieures poussent comme des champignons.

Qu’ils soient à vocation technique, professionnelle ou classique, le développement de ces établissements privés s’explique par l’insuffisance de l’offre éducative dans le public. Que valent les cours dispensés dans ces établissements ? Un entretien avec un parent d’élève nous a permis d’en savoir plus.

De la maternelle à l’enseignement professionnel, en passant par le supérieur, il existe un grand potentiel en besoin d’éducation et de formation qui attire une multitude de promoteurs privés. La pléthore des effectifs, le manque d’enseignants et surtout les perturbations incessantes des cours ont semé un grand doute sur la qualité de l’enseignement public.

Le privé en profite plus ou moins avec une réputation surfaite pour certains des établissements qui recherchent le profit avant toute autre chose. Néanmoins, il existe bien d’écoles privées dont les promoteurs mettent un point d’honneur à équilibrer la qualité de l’enseignement au coût élevé des différents frais cumulés.

Le nombre d’élèves par classe y est limité et les enseignants ont l’obligation de résultats. « Je préfère l’enseignement privé parce qu’au public où il n’y a pas de rigueur dans la gestion. Les enseignants viennent quand ils veulent et les programmes ne sont pas toujours achevés », affirme Mohamed Sangaré, fonctionnaire de son état. Le statut d’établissement privé oblige chaque acteur à l’ardeur au travail pour justifier un certain prestige, voire un label de qualité.

L’argent injecté dans les privés par les parents d’élèves fait que ces derniers exigent de la qualité aux promoteurs contrairement au public. Ce qui fait que des promoteurs privés, pour répondre à cette aspiration, font des investissements lourds pour offrir des conditions d’études décentes aux enfants. Ainsi, on trouve des écoles maternelles dont les frais varient entre 50 000 F à 100 000 F CFA, et même au-delà.

Pierre égal à Paul

Quant au primaire, il faut débourser de 50 000 à 75 000 F CFA. S’agissant du secondaire, les prix varient aussi selon les établissements. Ils atteignent jusqu’à 200 000 F CFA. Pour le cycle universitaire, les coûts de formation par an varient d’une école à une autre. Ils peuvent aller de 250 000 F CFA, voire 400 000 à 600 000 F CFA comme frais de scolarité.

Des parents n’hésitent plus à débourser d’importantes sommes d’argent pour inscrire leurs enfants dans des établissements. Les frais de scolarité y sont très élevés. Il suffit de faire un tour dans certains établissements de la capitale pour s’en rendre compte. De la maternelle au supérieur, le privé est vraiment sollicité.

Si beaucoup de parents d’élèves préfèrent les écoles privées à cause de la qualité, du sérieux, de la rigueur dans le travail, force est de constater que ces atouts sont en train d’aller à vau-l’eau ? Une véritable anarchie est en train de voir le jour. Les pratiques qui ont miné les écoles publiques gagnent le terrain du privé. Les notes y sont souvent vendues. Les relations maître-élève ne sont plus toujours d’une pureté parfaite.

Les effectifs par classe dans certains établissements ne sont plus standards. Une pléthore d’effectif, des enseignants sans contrat, de plus en plus virés parce que réclamant son salaire. « Sincèrement je suis en train de douter de la qualité de l’enseignement dispensé dans les écoles privées. Elles sont en train de devenir des fonds de commerce, de marchandage et d’exploitation sexuelle », s’offusque un parent d’élèves.

Notre interlocuteur pense que le gouvernement au regard de la mauvaise qualité de l’enseignement du fondamental au supérieur doit connaître une vraie réflexion de tous les acteurs de l’école pour que notre école sorte enfin de l’ornière.

Source:
Les Echos
14 septembre 2007
Amadou Sidibé

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