Mali – Baccalauréat: Une grosse et complexe machinerie

Baccalauréat: Une grosse et complexe machinerie

De la conception des sujets à leur mise à la disposition des présidents des centres, les précautions sont multipliées pour éviter les fuites.

Les épreuves du baccalauréat ont débuté hier sur l’ensemble du territoire. À 9 h il y régnait un calme de cathédrale au lycée Askia Mohamed qui abrite un centre d’examen. Tous les candidats qui ont répondu à l’appel étaient concentrés sur leur sujet. Le président du centre, Banna Moussa Bakhaga, s’affairait à résoudre les problèmes constatés ça et là. Un candidat de la salle n°44 vient d’être victime de maux de ventre. Il reçoit les premiers soins à l’infirmerie de l’école. Son cas s’est aggravé et le médecin a ordonné de l’évacuer sur un centre hospitalier.

Le bac est-il terminé pour ce candidat ? La directrice de l’académie de la rive gauche du district de Bamako, Mme Diallo Fadimata Bintou Touré est claire : "pour le moment on considère que le malade aura zéro dans cette épreuve parce qu’il n’a pas traité le sujet. S’il a la chance de revenir, il peut composer dans les autres matières. Dans le cas contraire, le bac est terminé pour lui. Il a cependant un recours qui lui permet de demander un report d’année pour cause de maladie. Dans ce cas, l’année ne sera pas comptée sur sa scolarité".

Un surveillant qui a pris en pitié le candidat malade a déploré qu’il n’y ait pas de session de rattrapage pour les malades.

À part ce cas malheureux, les épreuves en série LL ont bien débuté hier au centre du lycée Askia Mohamed qui compte 1721 candidats repartis dans 57 salles d’examen. Ici il y a 115 surveillants. Malheureusement tous n’ont pas répondu à l’appel. Mais le chef du centre est parvenu à remplacer les absents avant le déroulement des épreuves. Au bout de deux heures, une candidate sort de la salle n°27, la mine très détendue. "Le sujet d’anglais, dit-elle, était très abordable. J’ai pu répondre à toutes les questions".

Non loin de là, au centre du Lycée technique, les épreuves ont aussi débuté à l’heure prévue dans le calme. Le président du centre, Namballa Kanté, a fait le tour des 32 salles pour s’assurer de la présence de tous les surveillants. Tel n’était pas le cas. Les absents ont été remplacés, a assuré le président du centre. Les examens ont débuté avec les épreuves « Economie et Mathématiques ».

Le centre du lycée Ba Aminata Diallo affichait le même calme. "Tout se passe bien. L’atmosphère est sereine et on n’a pour le moment recensé aucun problème majeur. Les surveillants absents ont été vite remplacés", confirme le responsable des lieux, Moussa Koumaré.

Le centre LBAD compte 990 candidats qui composent dans 34 salles. Les candidats de la série SE ont démarré avec les épreuves mathématiques. Les 30 candidats de la salle n°3 étaient tous présents. Si le sujet était abordable pour certains, d’autres pensent le contraire.

TROIS PHASES. C’est l’inspection de l’enseignement secondaire qui est chargée du choix des sujets d’examen. Elle le fait en collaboration avec le Centre national des examens et concours. Comment les sujets sont-ils choisis ? Comment éviter les cas de fuite ? Comment les copies d’examens sont-elles corrigées et qui sont les correcteurs ? Qui décide du repêchage ?

Pour avoir les réponses à ces questions, nous avons fait un tour à l’inspection de l’enseignement secondaire aujourd’hui transformée en un véritable laboratoire d’examen. Des bureaux ont servi de dortoirs pour les inspecteurs chargés de choisir les sujets. Ils ont mis un mois pour le faire. Le processus d’élaboration des sujets, selon l’inspecteur en chef adjoint Cheickna Hamala Sylla, se fait en trois phases. La première est consacrée à la conception des sujets. À ce propos, il faut rappeler que ce ne sont que les proviseurs de lycée qui proposent les sujets. Leurs propositions sont ensuite envoyées au Centre national d’examens et de concours qui les achemine à l’inspection de l’enseignement secondaire.

La deuxième phase concerne la saisie des sujets qui ont été choisis par les inspecteurs. La troisième, c’est la mise sous enveloppe des sujets.

Bien scotchées, les plis contenant les sujets sont placés dans les cantines. Tout se déroule dans le plus grand secret. "Ici il y a plusieurs inspecteurs et chacun est responsabilisé sur une épreuve. C’est lui qui choisit le sujet, le met dans l’enveloppe en toute discrétion. S’il y a fuite, c’est aussi lui le premier responsable. C’est pour dire que les inspecteurs ont une très grande responsabilité du début à la fin des examens", a détaillé l’inspecteur en chef adjoint.

Les sujets, a-t-il poursuivi, sont choisis en fonction du programme de l’année scolaire. "Les sujets d’examens sont choisis après l’évaluation des professeurs par l’Inspection de l’enseignement secondaire. C’est dire qu’aucun sujet n’est choisi en dehors du programme. Peu importe que le programme soit exécuté en entier ou pas par telle ou telle école", a précisé Cheickna Hamala Sylla. Après avoir fini son travail, l’inspection de l’enseignement secondaire remet les sujets choisis au Centre national d’examen et de concours. Celui-ci les transfère à son tour aux académies d’enseignement.

Les sujets sont mis à la disposition des présidents des centres d’examen le jour des épreuves. Des fuites sont aussi possibles à ce niveau. C’est pourquoi les responsables des académies veillent à ce que tout se passe devant les agents de police. "Lorsque les sujets sont mis à la disposition, on les garde dans une salle qui est surveillée 24h sur 24 par des policiers payés à cet effet", indique Mme Diallo Fadimata Bintou Touré.

Le choix des correcteurs des copies d’examens relève aussi de la compétence de l’inspection de l’enseignement qui le fait en collaboration avec le Centre national d’examens et de concours. "Les évaluations se feront en fonction de barèmes fixés dans l’arrêté ministériel relatif au baccalauréat. Par contre le repêchage est décidé par un jury de délibération composé de chefs d’établissements, d’inspecteurs d’enseignement et de professeurs", a expliqué l’inspecteur en chef adjoint.

M. KÉITA
Source: L’Essor n°16466 du 19 juin 2009

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