Education – Lettre Ouverte à son Excellence Monsieur le Premier Ministre de la République de Guinée
Le Bureau Exécutif de la C.E.K en exil – [15/02/05]
Excellence,
C’est avec un moral à vrai cœur que nous, membres du Bureau Exécutif de la Coordination des Etudiants de Kankan en exil radiés depuis le 9 février 2003 par le Recteur de l’Université de Kankan, Dr Seydouba Cosa Camara, vous adressons la présente pour solliciter votre implication personnelle dans la résolution des crises que connaissent les Universités et Instituts Supérieurs de notre cher pays la Guinée en général et celle de Conakry en particulier.
Mais avant, veuillez recevoir Monsieur le Premier Ministre nos chaleureuses salutations et félicitations pour votre nomination à la tête du gouvernement guinéen. Votre nomination à ce poste a fait couler beaucoup d’encres et de salives. Les opinions se sont partagées entre le scepticisme et l’optimisme quant à la réussite de votre lourde et noble mission vu le comportement extrémiste de l’équipe que vous dirigez. Mais connaissant le service rendu au Peuple de Guinée, à travers les différents postes Ministériels occupés, et ce, par la confiance sans cesse renouvelée de la part du Président de la République à votre égard, laisse dire que vous êtes l’Homme de confiance du Président.
Puisse Dieu vous aider et vous éclairer dans l’accomplissement de cette mission combien délicate.
En effet, Excellence, nous ne nions pas les efforts que vous déployez dans le cadre de la reprise du dialogue avec les Partis politiques comme le souhaite les populations guinéennes et l’Union Européenne. Presque tous les débats sont tournés vers la Politique politicienne laissant ainsi à l’abandon le secteur fondamental qu’est l’Education.
C’est pourquoi nous nous permettons par cette lettre d’attirer votre attention sur le sort de la relève de demain.
Depuis quinze ans et plus récemment depuis 2002 les grèves ne cessent de se multiplier à travers toutes les universités et instituts d’enseignements supérieurs du pays qui sont soldées à chaque fois par des arrestations arbitraires, tortures, emprisonnements, licenciements et voire même des exterminations de ceux qui sont censés être l’avenir de demain ; la force vive de la nation qui ne font que réclamer de meilleures conditions d’étude et de vie dont ils ont droit.
Monsieur le Ministre, la force est-elle alors la solution aux différentes crises universitaires ? La grève ne serait-elle pas autorisée par la loi en vigueur ? Est-ce dans la politique de division des étudiants et de leur licenciement que réside la solution ?
L’université de Conakry est jusqu’ici fermée et les résultats du concours pas encore publiés. Que font les responsables en charge du secteur éducatif ( Ministre, Recteurs, Directeurs…) ? Ils n’arrivent vraisemblablement pas à trouver une solution viable à la plate forme revendicative des étudiants et se bornent à des fausses accusations : Des manipulés politiques, des rebelles…
Mais, Monsieur le Premier Ministre, les étudiants guinéens ne cherchent qu’un environnement favorable à leur épanouissement intellectuel, moral et social pour l’intérêt supérieur de la patrie. Le campus n’est-il pas le symbole de l’unité et de la solidarité des fils et filles de Guinée venant des quatre régions naturelles ? pourquoi alors leur retirer cet endroit ?
Croyez-vous que les enfants de ses recteurs et hauts fonctionnaires de l’Etat qui étudient dans les plus grandes écoles en Occident pourront à eux seuls faire l’affaire du Peuple de Guinée ? Est-ce pour cela que le Ministre Sékou Décazy avait lancé cette phrase ignoble aux étudiants de Conakry : << …Que vous reprenez les cours ou pas, moi je m’en fous . Nous, nos enfants sont dans les universités étrangères. >> Un jour, la vérité donnera raison à qui de droit et beaucoup répondront pour leur crime et l’injustice commis contre la jeunesse guinéenne sacrifiée.
Monsieur, nous n’avons à vous apprendre ce qui se passe dans les autres pays en matière d’éducation de la jeunesse. Pourquoi ne pas en faire autant dans notre pays. Ce ne sont pas les moyens qui nous manquent. Nul ne saurait nier la place de l’éducation dans le développement d’un pays. Il est enfin temps de se débarrasser de ces responsables du système éducatifs qui ne sont là que pour satisfaire leurs intérêts égoïstes au lieu de redresser ce secteur en dérive.
Monsieur le Ministre, tant que les conditions d’études et de vie des étudiants ne sont pas améliorées, ces multiples crises continueront. Voilà, pourquoi, nous vous demandons d’aller vers les étudiants pour vous enquérir des réalités afin de trouver une solution durable à leurs problèmes tout en réhabilitant ceux qui sont licenciés et ajournés de toutes les institutions d’enseignement supérieurs.
Enfin, le Bureau exécutif de la Coordination des Etudiants de Kankan en exil vous demande d’organiser un forum de l’étudiant guinéen avec les responsables en charge du système éducatif pour trouver une véritable solution.
Veuillez croire, Excellence Monsieur le Premier Ministre, à l’expression de nos sentiments distingués.
Dakar, le 14 février 2005
Le Bureau Exécutif de la C.E.K en exil
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