Les grandes écoles françaises font leurs classes en Chine
le 28/6/2007 par AFP
L’une des clés du développement des écoles supérieures françaises se trouve peut-être en Chine où un nombre croissant d’établissements ouvrent des représentations et approfondissent leur programme de coopération à Shanghai.
Cette présence répond à divers besoins. Elle permet de proposer aux étudiants des cursus de plus en plus internationaux. C’est aussi une façon d’attirer les jeunes chinois, très demandeurs en formation à l’étranger mais pour qui les Etats-Unis restent la destination numéro un.
"Je voulais faire un MBA et j’ai longuement hésité entre les Etats-Unis et l’Europe", explique ainsi Zhou Jing. La jeune femme a finalement opté pour la France et s’apprête à partir pour dix mois sur le campus de l’école de commerce EM Lyon.
"Ils ont visiblement aimé mon projet professionnel. Je veux suivre un MBA pour monter ma propre société en Chine et devenir agent de sociétés françaises souhaitant s’implanter sur le marché chinois", résume cette Shanghaïenne trentenaire, qui vient de quitter son cabinet de conseil pour suivre deux mois de cours intensif de français, qu’elle n’a jamais appris.
Au total, 1.500 étudiants sont partis de Shanghai en France en 2006, selon les chiffres du Consulat de France.
Les écoles françaises avancent deux arguments de poids auprès des étudiants. Elles offrent d’abord des frais de scolarité attractifs face aux tarifs élevés des établissements anglo-saxons.
Le MBA de Zhou Jing coûte 250.000 yuans (environ 25.000 euros), sur lesquels elle a obtenu 5.000 euros de bourse. "C’est cher mais comparé aux universités américaines, c’est toujours moins onéreux", relativise la jeune femme.
Ces établissements offrent aussi une voie royale vers les entreprises françaises, très présentes dans la capitale économique chinoise.
Il y a dix ans, "c’était surtout les grands groupes qui avaient du mal à trouver des responsables qui puissent faire le lien entre la culture chinoise et la culture du siège", se souvient Christophe Rouillon, représentant de l’ESSCA (Ecole supérieure des sciences commerciale d’Angers) et d’ESEO (Ecole supérieure d’électronique de l’Ouest) à Shanghai. Aujourd’hui, les groupes ont souvent internalisé la formation, mais beaucoup de PME sont demandeuses.
L’implantation d’écoles françaises en Chine répond donc à un besoin local mais aussi à une ouverture à l’international très prisée par les grandes écoles.
"La Chine est au coeur de la stratégie d’EM Lyon. Nous voulions un point d’ancrage en Asie, car ce continent est un moteur économique", explique Yves-Henri Robillard, représentant de l’école lyonnaise en Chine depuis trois ans.
L’école de commerce a vu trois raisons de s’implanter à Shanghai. "Nous voulons préparer nos étudiants de demain à l’international et exposer nos professeurs à l’Asie pour qu’ils puissent enrichir leurs cours. Enfin, l’Asie est un marché pour la formation initiale mais aussi pour la formation continue qui représente 40% de notre chiffre d’affaires ", résume M. Robillard, qui officie aussi pour l’Institut National des Sciences Appliquées (INSA) en Chine. En septembre, un campus EM Lyon ouvrira ses portes à Shanghai.
Les écoles d’ingénieurs regardent aussi attentivement la Chine. Dix établissements prestigieux – dont Polytechnique et l’Ecole des Ponts et Chaussées -, regroupés au sein de Paris Tech ont une représentation à Shanghai. "Nous prévoyons d’ouvrir une école d’ingénieurs à préparation intégrée à la rentrée 2008", déclare Hervé Philippe, directeur de Paris Tech en Chine.
Les rangs des écoles françaises installées en Chine pourraient encore grossir. Déjà représentée à Singapour, l’ESSEC avait choisi de célébrer son centenaire par un séminaire organisé à l’Université de Tongji samedi 23 juin, à Shanghai.