Les capitaux étrangers se déversent sur l’Afrique
Attirées par les richesses du sous-sol africain, les multinationales y ont doublé l’année dernière leurs investissements par rapport à 2004.
AUBAINE ou cadeau empoisonné ? En tout cas, avec la flambée des métaux et la compétition pour l’accès aux matières premières, l’Afrique est plus que jamais courtisée pour la richesse de son sous-sol. Les investissements étrangers directs (IED) ont atteint 36 milliards de dollars l’année dernière, soit le double de leur niveau de 2004, selon l’édition 2007 du Rapport sur l’investissement dans le monde de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced), rendue publique hier.
Les entrées d’IED ont progressé dans 33 de ces pays. C’est une aubaine pour tout le continent, même si les dix premiers bénéficiaires concentrent 90 % de la manne (dont huit ont reçu plus de 1 milliard de dollars). Car désormais les plus pauvres sont aussi recherchés par les investisseurs. « La recherche de nouvelles réserves de ressources naturelles a entraîné une hausse de l’IED dans les pays le moins avancés (PMA) d’Afrique, lequel s’est établi à 8 milliards de dollars après deux années consécutives de baisse », se félicite le rapport. Ceci notamment à la suite de la découverte de nouveaux gisements dans des pays tels que la Guinée équatoriale, le Mali et le Tchad. Les multinationales redoublent donc d’intérêt pour ce nouvel eldorado minéral, dont elles peuvent encore contrôler l’exploitation, alors qu’elles ont dû renoncer à celle des hydrocarbures.
Risque de guerre civile
En effet, alors que la nationalisation des grands gisements de pétrole et de gaz s’est généralisée à peu près partout, les multinationales assurent selon le rapport « la presque totalité de la production » de minerais dans des pays tels que le Gabon, le Ghana, la Guinée, le Mali, la République-Unie de Tanzanie, la Zambie, le Botswana, et la Namibie. « Dans ces pays, les multinationales exploitent généralement des concessions accordées sous forme de licences de prospection et d’exploitation », souligne le rapport. Et dans une dizaine d’autres grands pays producteurs de métaux, les sociétés étrangères assurent selon les estimations de la Cnuced de 50 à 86 % de la production.
Le rapport reste discret sur l’origine de ces investissements en Afrique. Mais il n’est un secret pour personne que les anciens colonisateurs occidentaux ont cédé la place aux investisseurs d’Asie, notamment les entreprises publiques chinoises et indiennes.
La flambée des cours des minerais, dont certains ont atteint des sommets historiques cet été, a eu certes des retombées économiques positives pour ces pays. Mais au prix souvent de conflits sociaux et politiques liés au partage de la rente. « Plusieurs études ont montré un lien solide entre dépendance aux ressources naturelles et risque de guerre civile et d’autres conflits », souligne le rapport. Le trafic de diamants qui permet de financer des rébellions armées en est un exemple. La situation des droits de l’homme en Birmanie en est un autre.
Le rapport souligne enfin les coûts environnementaux des industries extractives. En regrettant le peu de retombées de ces investissements sur les créations d’emplois.
GEORGES QUIOC.
Publié le 17 octobre 2007
Le Figaro