Le système scolaire israélien
Antoinette Brémond
Le 26 mars 2007, par Aloys Evina,
Les familles juives immigrant en Israël se trouvent confrontées à de nombreux problèmes : la langue, le travail, le logement et, en particulier, la scolarité des enfants. Comment et où leurs enfants vont-ils commencer ou poursuivre leurs études ? Comment s’adapteront-ils à un système scolaire différent de celui de leur pays d’origine ? Comment choisir pour eux le meilleur créneau ?
J’ai eu l’occasion de participer en novembre à une soirée organisée à Raanana pour les parents nouveaux immigrants de France. Et, dans cette ville, ils sont nombreux. Une quarantaine de personnes étaient là, la plupart juifs religieux, venus écouter Yoël Kling, l’inspecteur d’Académie chargé des élèves immigrants de France.
En ce début d’année, les parents voulaient se mettre au courant du système scolaire israélien pour pouvoir faire le meilleur choix pour leurs enfants. Très clairement, Yoël Kling présenta à ces parents l’éventail des possibilités offertes aux enfants, selon leur âge, leur origine, et leur pratique religieuse.
Le système éducatif est divisé en 3 courants
1) L’école publique laïque
Le programme est établi et contrôlé par le ministère de l’Education ainsi que les diplômes exigés pour les enseignants et le nombre d’élèves dans chaque classe. L’enseignement de la Bible et de la culture juive y est également obligatoire, mais seulement comme une matière à connaître, sans implications sur le mode de vie. L’enseignement est gratuit jusqu’au baccalauréat, il comprend :
une année de maternelle obligatoire : 5 à 6 ans. six années d’école primaire : 6 à 12 ans. trois années de collège : 12 à 15 ans. trois années de lycée : 15 à 18 ans.
2) Les écoles publiques religieuses
Même programme et dépendance du ministère de l’Education. Mêmes avantages financiers. Même organisation. Par contre l’enseignement religieux (la Bible, la culture juive, le Talmud, les fêtes) y est plus poussé, les enfants étant initiés à la pratique religieuse conformément à la tradition juive.
3) Les écoles indépendantes
a) Ecoles indépendantes religieuses
Le programme d’enseignement n’est pas sous la responsabilité du ministère de l’Education nationale. Certaines écoles sont pourtant reconnues et partiellement financées. En particulier celles qui ont un programme mixte, comprenant les matières générales en plus des matières religieuses. D’autres, consacrant leur cours principalement à la connaissance et pratique du judaïsme sont sous la responsabilité financière des parents ou d’associations. Il faut compter entre 2000 et 2500 shekels par mois.
On constate une grande fourchette dans ces écoles publiques religieuses, chacune dépendant du désir des parents et de la population du quartier. Le système reste donc souple, voulant tout d’abord être au service des parents. Certaines de ces écoles sont même mixtes pour les premières années de scolarité. Ces dispositions sont valables aussi pour les écoles chrétiennes et musulmanes d’Israël.
b) Ecoles indépendantes non religieuses
La raison de leur création varie beaucoup. Certaines sont spécialisées, les parents désirant une école tournée vers tel ou tel programme : sport, musique, méthodes modernes. D’autres sont créées dans des mochav ou kibboutz n’ayant pas l’effectif d’enfants nécessaire pour l’établissement d’une école officielle. Le kibboutz, désirant pourtant une école, la crée avec des classes de 10 enfants par exemple. Dans ces écoles privées, les programmes, la qualification des enseignants, la discipline, ne sont plus sous contrôle du ministère de l’Education. Les parents et les enseignants sont seuls responsables. Certaines de ces écoles privées sont reconnues partiellement par l’Education nationale.
Caractéristiques du système scolaire israélien
C’est en particulier dans les trois dernières années d’école (seconde, première, terminale) que l’élève peut choisir son * menu *. En dehors des 7 matières obligatoires : hébreu – littérature hébraïque, anglais, sciences technologiques, Bible et culture juive, mathématiques, histoire et civisme, l’élève peut choisir les matières supplémentaires qu’il désire présenter au baccalauréat : musique, sport, langue, géographie, etc… L’élève devant arriver à obtenir 21 unités pour son baccalauréat déterminera lui-même le nombre d’unités de valeur qu’il donne à chaque matière. (entre trois et cinq)
Le baccalauréat est étalé sur trois ans. Chaque établissement répartit les matières pendant ces trois années à sa manière. Il est donc très problématique pour un enfant changeant de quartier de changer d’établissement.
Pour le baccalauréat, on tient compte des notes de l’année et des notes de l’examen. Chaque matière devra avoir la moyenne, c’est-à-dire 56 %. En cas d’échec, l’élève pourra repasser cette matière plusieurs mois ou même plusieurs années plus tard, souvent même après l’armée. Cela n’empêchera pas le jeune de commencer déjà ses études à l’université en repassant telle ou telle matière en cours d’études. Le baccalauréat est donc beaucoup plus modulable qu’en France.
Les écoles sont… comme les hôtels ! Une, deux, trois ou quatre étoiles selon les résultats obtenus. Il y a des écoles pour les surdoués qui perdraient leur temps et mêmes leurs dons dans des écoles ordinaires. D’autres écoles s’adaptent à des quartiers avec une population dont les parents ne sont pas à même de soutenir les enfants. Les enseignants se mettent au service des enfants, les rejoignant autant que possible à leur niveau pour les faire progresser. Les parents peuvent choisir jusqu’à un certain point dans quelles écoles ils désirent mettre leurs enfants. Les écoles indépendantes ayant parfois un niveau supérieur sont très cotées par les parents ayant suffisamment d’argent pour y mettre leurs enfants. Là encore, la situation économique familiale intervient pour l’avenir de la jeunesse. Cependant pour l’achat des livres scolaires, le règlement des excursions et autres frais extrascolaires, les familles dont plus d’un enfant sont scolarisés dans une même école, les familles monoparentales, et les familles nécessiteuses pourront bénéficier d’allègements.
Les internats
Les parents peuvent mettre leurs enfants en internat, souvent gratuits. Il y en a de toutes sortes et de tous les niveaux. Certains sont plus particulièrement destinés à des enfants ayant des difficultés psychologiques ou sortant d’un milieu défavorisé. Dans certains établissements les élèves peuvent s’initier au jardinage, à l’équitation, ou prendre en charge des animaux domestiques. Les enseignants, très attentifs à chacun, sont formés pour un travail pédagogique spécialisé.
Crèches et prè-maternelles
Les crèches de jour pour les enfants de trois mois à trois ans, et en prè-maternelle, de trois ans à cinq ans sont sous la responsabilité d’organismes féminins (Wizo, Naamat…), de municipalités, de centres culturels ou religieux, ou d’initiatives privées. La maternelle est obligatoire pour les enfants de cinq à six ans.
Écoles françaises
Yoël Kling déconseillait aux parents arrivant en Israël avec des enfants de 16 à 18 ans de les mettre tout de suite dans une école israélienne hébraïque. L’effort d’adaptation pour ces jeunes est énorme : une nouvelle langue, un nouveau cadre de vie, de nouveaux programmes. Le ministère de l’Education nationale a créé pour ces jeunes lycéens nouveaux immigrants de France mais aussi de Russie ou d’Amérique, des écoles spécialisées. Les élèves peuvent y préparer le baccalauréat français avec le programme français et l’étude de l’hébreu.
Ces lycées français dépendent de l’académie de Lyon, et le baccalauréat français est reconnu en Israël. Il y a des écoles françaises laïques mixtes et d’autres religieuses pour jeunes filles et jeunes gens.
Si les jeunes de 16 à 18 ans montent seuls en Israël, sans leurs parents, ils sont pris en charge par le système d’internat * Na’alé * où ils peuvent choisir de passer soit le bac français, soit le bac israélien. L’étude de l’hébreu est intensive dans les deux cas. Le bac israélien est allégé, l’enseignement est bilingue dès la deuxième année de leur arrivée et les résultats sont encourageants. Les enfants plus jeunes entrant dans des écoles primaires israéliennes bénéficient d’heures supplémentaires allant parfois jusqu’à 10 heures par semaine. Cette aide est proposée à tous les élèves nouveaux immigrants, quel que soit leur pays d’origine, avec des cours supplémentaires dans leur langue maternelle.
Pour les devoirs scolaires, des cours de soutien se font par groupe d’enfants. Le nombre d’heures est fonction du nombre des nouveaux immigrants, une heure par semaine pour chaque enfant correspondant à 10 heures pour un groupe de 10 enfants.
Il faudrait encore parler de tous les projets spéciaux pour aider l’intégration de ces jeunes nouveaux immigrants : les conseillers d’orientation, le service psychologique, le numéro vert à l’écoute des élèves, l’association israélienne pour les enfants nouveaux immigrants. Avec la possibilité, dans chaque cas, de parler en hébreu, en russe, en amharique, en français ou en anglais.
Source: http://www.spcm.org/