Pitié Seigneur, sauve-moi !” C’est la prière d’un petit enfant garçon à peine âgé de 10 ans qui, vendant ses bonbons en bordure de la route venait d’apercevoir une escouade « d’AHOUARAS » agents communaux qui, sans ménagement aucun, avec une rare agressivité pourchassaient, matraquaient ses amis avant de s’emparer de leurs marchandises. Œuvre de tant d’espoir en un instant effacée ! L’invocation de cet enfant, c’est le cri de cœur des milliers d’enfants qui pullulent dans nos métropoles africaines de nos jours.
En effet, nos villes africaines sont devenues une sorte de front de guerre où s’affrontent quotidiennement la municipalité soucieuse de désengorger les grands axes subitement pris d’assaut par les commerçants d’un genre tout particulier et les vendeurs à la sauvette « sauveteurs » en quête de leur pitance journalière. A la faveur de la crise économique qui frappe bon nombre de nos pays africains, ce genre d’activité est devenue la seule alternative pour la majorité des citadins. Ils se recrutent à tous les âges, à tous les sexes et à tous les niveaux. Le niveau de pauvreté est le même chez la femme, chez l’homme que chez l’enfant. Le chômage des parents déflatés ou compressés pour la plupart côtoie celui des diplômés de l’enseignement supérieur sans emploi qui tous, dans un instinct de survie, se retrouvent dans l’informel, dans la rue. Ce bras de fer, malheureusement, s’accommode fort bien d’une absence de solution adéquate que proposerait les pouvoirs publics pour sortir de la « crise ». Aucune volonté manifeste de leur part. Pauvre Afrique !
Comment comprendre ce contraste entre l’immensité des ressources minières, naturelles et humaines bref des richesses de ce Continent et son extrême pauvreté tant humaine que monétaire ! Les grands fléaux, les grandes endémies sont africains : le VIH /SIDA, le paludisme, la fièvre Ebola, la tuberculose et j’en passe. Cependant, face à ce drame, les gouvernants africains affichent une insouciance et une indifférence étonnantes. Au lieu de mobiliser les immenses ressources pour lutter contre cet ennemi, c’est le lieu pour eux d’entretenir le tribalisme, le népotisme, le favoritisme et autres tares qui n’ont pour conséquence que de favoriser la médiocrité tout en compromettant l’excellence seul gage d’une lutte réussie contre la pauvreté.
“Pitié Seigneur, sauve moi !” n’est plus seulement la prière de cet enfant, c’est celle de chacun d’entre nous qui caressons l’envie de mettre notre savoir-faire, nos connaissances au service de ce continent qui en a tant besoin pour juguler ses maux, mais qui paradoxalement, est en proie à des conflits d’intérêt de toutes sortes, aux égoïsmes de leurs dirigeants ayant perdu tout sens de l’honneur et de la dignité, à la corruption devenue un système de gouvernement, en panne de volonté politique de développement. D’où cette prière, intrinsèque, de ce garçon. Comme quoi Dieu est le seul sur qui ils peuvent encore compter maintenant dans cette Afrique.