Le e-learning se développe au Maroc
Par Adam Mahdi pour Magharebia à Casablanca – 10/05/2007
Malgré de nombreuses contraintes techniques et éditoriales, la formation à distance, ou e-learning, se développe au Maroc, aussi bien dans le secteur public que privé. Les prévisions à court terme montrent que 15 pour cent des budgets de formation des entreprises privées seront bientôt affectés aux programmes de formation à distance.
La disponibilité et la fonctionnalité croissantes des technologies de l’information (TI) a mis de nouveaux outils de formation et d’apprentissage sur le marché marocain, dont les téléphones mobiles, la vidéo-conférence, le courriel, les forums de discussion, les chats et le partage de documents.
La formation ouverte et/ou à distance (plus communément appelée FOAD) offre des opportunités de formation flexible aux individus, aux entreprises et aux agences gouvernementales. Les packages de formation peuvent être adaptés aux besoins individuels ou collectifs et les ressources électroniques sont accessibles n’importe où. Les classes étant virtuelles, les étudiants peuvent étudier à leur propre rythme et les enseignants peuvent instruire et évaluer selon un calendrier flexible.
L’augmentation du nombre de projets FOAD parrainés par le gouvernement laisse envisager une tendance générale à la généralisation des TI dans le domaine de la formation et de l’apprentissage. Le Ministère marocain des Finances a récemment décidé d’intégrer dans son organigramme un service dédié à la formation à distance. Le Ministère de l’Education Nationale a lancé les travaux sur un système de télévision interactive (TVI) destinée à dispenser des formations à distance au profit du corps enseignant dans tout le pays.
Abdelfadil Bennani, le Président de l’Université Ibn Zohr, s’active depuis 2006 à la concrétisation d’un ambitieux projet de Campus Virtuel Marocain. Ce campus est destiné à fédérer et à mutualiser les ressources des programmes de e-learning dans les universités publiques pour pouvoir développer à terme des cours dispensés à distance pour trois niveaux : licence fondamentale, licence professionnelle, et master spécialisé.
Malgré la popularité croissante dont bénéficie le e-learning au Maroc, il n’en reste pas moins à ses premiers balbutiements. Pour Radouane Mrabet, enseignant et chercheur à l’Ecole Nationale d’Informatique et d’Analyse des Systèmes (ENSIAS), le retard d’appropriation de la FOAD dans le pays s’explique par les coûts exorbitants du développement d’une plate-forme de formation et des modules de formation. "Même en dépassant ces deux écueils majeurs, encore faut-il être en mesure de financer le coût des tuteurs censés assurer le suivi et le contrôle à distance des apprenants", ajoute-t-il.
Jusqu’à présent, le secteur privé est le mieux équipé pour absorber ces coûts. "Des entreprises commencent à financer des formations à distance au profit de leurs employés", remarque Said Tahrir, directeur général de la filiale marocaine du groupe international Formademos. De nombreuses grandes sociétés internationales ont déjà mis à disposition de leurs salariés des modules de formation virtuels qui complètent la formation traditionnelle existante.
Les centres de formation ne sont pas restés insensibles à cette évolution, et nombre d’entre eux ont lancé une offensive commerciale pour tenter de s’approprier ce marché du e-learning. Formademos a lancé deux masters destinés aux diplômés de l’université disposant d’une expérience professionnelle d’au moins un an, l’un offrant un diplôme en "ingénierie de formation et système d’emploi", l’autre en "administration des affaires".
Le potentiel du marché marocain de la FOAD aiguise l’appétit, non seulement des cabinets locaux, mais aussi des sociétés internationales spécialisées dans la niche de la formation en ligne. Plusieurs d’entre elles, notamment européennes et des Emirats Arabes Unis, s’activent à nouer des partenariats avec des investisseurs locaux pour pouvoir décliner leurs offres de e-learning à destination des grands groupes privés marocains.
Cet intérêt des investisseurs n’est pas sans fondement. Selon des estimations professionnelles sur les tendances à court terme, l’investissement par des entreprises marocaines dans des programmes de formation à distance pourrait bientôt représenter plus de 15 pour cent des budgets affectés à la formation en général.
Ce contenu a été réalisé sous requête de Magharebia.com