Le difficile cursus des étudiants sénégalais de Marrakech

Le difficile cursus des étudiants sénégalais de Marrakech
17/12/2004 Source : APS
(APS) – La rencontre avec les étudiants sénégalais de Marrakech, en ce début d’après-midi du lundi 13 décembre à la cité Rouidate 3, se déroule dans une ambiance bon enfant, rythmée par les khassaïdes servis par la dahira. S’y ajoute le café de Touba pour définitivement mettre le visiteur à son aise.

Après les salutations d’usage, la joie de voir un compatriote de passage cède très vite la place à l’envie d’égrener le chapelet de doléances portant essentiellement sur les conditions d’études difficiles.
Réunis au sein de l’Union générale des étudiants et stagiaires sénégalais au Maroc (UGESM), ils sont présentement 70 à poursuivre leurs études au royaume chérifien. Mais ils ne ressentent pas généralement la chaleur des relations particulières qui existent entre le Sénégal et la Maroc. ”Ce n’est pas facile parce que les Marocains ne sont pas très ouverts. Dans la rue, les regards sont suspicieux”, explique Cheikh Sarr étudiant en quatrième année d’arabe à la faculté des langues.

Les ”problèmes” des étudiants sénégalais de Marrakech sont presque les mêmes que ceux des de leurs camarades installés dans d’autres pays. A la rentrée par exemple, explique Lamine Bâ, les nouveaux arrivants ne perçoivent aucune bourse. ”Ils attendent la fin de l’année (juillet) pour percevoir leur argent après avoir galéré pendant neuf mois”, souligne Lamine Bâ.

Dans leurs résidences, les étudiants vivent à deux ou trois par chambre. ”Nous vivons ainsi pour pouvoir faire face aux diverses dépenses, indique Malick Bâ, étudiant en anglais originaire de Nioro du Rip. Si nous ne nous mettons pas en groupe, il est quasiment impossible avec nos bourses de payer le loyer d’un appartement de deux chambres qui s’élève à 1500 dirhams (100.000 francs CFA) sans compter l’eau et l’électricité dont les factures peuvent atteindre entre 30.000 et 35.000 francs CFA”.

”Il est d’ailleurs difficile de trouver une chambre”, renchérit Mamadou Mboup, stagiaire en marketing touristique et chargé des affaires sociales de l’UGESM, soulignant que Marrakech étant une ville touristique, le montant des loyers augmente tous les ans, régulièrement. Selon le secrétaire général de l’union, Samba Massina, ”il n’y a pas d’assurance maladie. L’étudiant qui tombe malade ici est obligé de se prendre en charge, et c’est loin d’être évident”.

En réalité, les difficultés des étudiants commencent dès l’arrivée au Maroc. ”En première année, indique Cheikh Sarr, nous aurions préféré venir avec nos trousseau au début de l’année pour faire face aux premières dépenses de l’année (loyer, achat de matériel, etc), mais ce n’est pas le cas. Imaginez les difficultés et pour faire face, on est obligé de faire appel aux parents et de jongler”.

Sur le plan des études, Lamine Bâ dénonce le système qui installe de fait une discrimination entre eux et leurs camarades restés au Sénégal. Allant jusqu’à dire qu’il regrette d’être venu au Maroc, Lamine souligne ne pas comprendre pourquoi les bourses n’augmentent pas après la quatrième année pour les étudiants sénégalais en médecine du Maroc, contrairement à celles de leurs camarades restés au pays.

Samba Massina d’ajouter: ”en faculté de lettres et de sciences économiques, c’est toujours l’ancien système qui prévaut. On a une licence et non une maîtrise après quatre années d’études. Ceux qui restent au Sénégal se trouvent favorisés au moment de la recherche d’un emploi”.

Selon lui, cette situation explique en partie la décision de beaucoup de Sénégalais de rester au Maroc, d’y prendre femme et de s’y installer. ”Les gens restent ici parce qu’il n’y a pas de suivi pour nous. Si on reste au Maroc, c’est parce qu’on n’est pas sûrs de trouver un travail au Sénégal. Alors qu’en restant ici, il est possible de trouver un poste avec un salaire variant entre 500.000 et 600.000 francs”.

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