L’attrait des programmes MBA
[ 15/04/08 ]
Le MBA permet aux ingénieurs d’étoffer leurs compétences en management. Mais aussi d’acquérir une nouvelle « carrure ».
Dans les effectifs de programmes MBA, les ingénieurs se taillent souvent la part du lion. Ils sont ainsi plus de 50 % à l’Escem, une bonne moitié de la promotion à Reims Management School, 35 % dans le cursus « full time » d’HEC. Il en va de même dans la plupart des MBA, notamment les Executive. Signe que les jeunes ingénieurs sont attirés par la formation généraliste en management qu’offre ce type de programme. « Le MBA apporte une réelle valeur ajoutée à des ingénieurs. Il leur manque le management, mais aussi le leadership, la communication, le travail en équipe, ainsi qu’un aperçu des enjeux géopolitiques du monde. Tout cela, ils le trouvent dans le MBA, précise Laurent Trioreau, directeur de l’Executive Education à l’Escem. Et nos promotions de petite taille nous permettent de fournir un suivi quasi individualisé. »
Que comptent-ils faire ensuite de leur MBA ? Qu’en attendent-ils au juste ? Certains souhaitent simplement combler des lacunes qu’ils ressentent dans leur travail – en finance, en comptabilité, en gestion des ressources humaines, voire en matière de leadership et de communication. D’autres, plus nombreux, y voient le moyen de franchir une étape dans leur carrière et d’accéder rapidement à un poste à responsabilités. Enfin, certains considèrent le MBA comme un outil qui leur permettra de tourner le dos à la technologie et au métier d’ingénieur, pour se réorienter vers le management.
Après une première expérience
Reste que l’apport du MBA n’a rien d’automatique aux yeux des recruteurs. « Un ingénieur qui a effectué un MBA offre un profil intéressant, admet Geoff Skingsley, vice-président de L’Oréal en charge des RH. Mais ce cursus n’est en aucun cas une condition pour entrer chez L’Oréal. A vingt-deux ou vingt-quatre ans, un diplômé d’une bonne école peut tout à fait nous rejoindre directement. » Quitte à suivre ensuite une formation. Un point de vue largement partagé. « Le MBA n’a d’intérêt que si on a d’abord acquis une expérience professionnelle, de l’ordre de trois à cinq années, tempère, lui aussi, Jacques Escouflaire, DRH de Suez. Je suis sceptique à l’égard de ces diplômés au cursus brillant, mais qui ne se sont jamais frottés à l’entreprise. »
Ajoutons que les écoles d’ingénieurs accordent désormais une place significative au management. Entre 25 et 30 % des enseignements dispensés ne concernent pas les sciences de l’ingénieur proprement dites, mais des disciplines comme la gestion et le management. « On dit que le MBA est un accélérateur de carrière, observe Fabien Porée, directeur des études à HEI. Encore faut-il avoir effectué au moins un embryon de carrière… Pour notre part, nous offrons déjà environ 300 heures consacrées au management sur les trois dernières années du cursus. »
Même scepticisme pour Alain Dorison, directeur des Mines d’Alès : « Un MBA n’offre pas de réel intérêt juste après l’école – sauf peut-être pour ceux qui ont un projet très précis, travailler dans la finance, par exemple. D’autant que nos élèves ont déjà suivi une formation managériale. Mieux vaut commencer par acquérir une première expérience industrielle, à un ou deux postes. »
J.-C. L.