Paris, France (PANA) Le directeur exécutif de l Association pour le
développement de lEducation en Afrique (ADEA), une ONG basée à
Paris, Mamadou Ndoye, a exhorté les Etats africains à abolir les
frais scolaires, affirmant que cette stratégie a permis une
augmentation du nombre délèves de près de 30% en Ouganda.
“Labolition des frais scolaires a permis un choc à laccès aux
écoles dans tous les Etats où elle a été mise en uvre. Au Kenya, les
effectifs ont progressé de plus de 18%, au Ghana la progression
atteint 14%, en Ethiopie cette progression monte à 23% “, a-t-il
affirmé lors dun entretien accordé à la PANA.
Ancien ministre de lEducation de base au Sénégal, M. Ndoye a
souligné limportance de programmer suffisamment à lavance
labolition des frais, insistant sur limportance des défis quelle
impose de relever.
“La décision dabolir les frais scolaires nefface pas ce chapitre de
dépenses du système scolaire. Elle veut simplement dire que les frais
sont abolis pour les parents. Dès lors que labolition est décidée,
il va donc falloir trouver un moyen pour les faire assumer par
quelquun dautre”, a expliqué le directeur exécutif de lADEA.
Il a assuré que “si un pays décide dabolir les frais scolaires, il
doit au préalable avoir pris des dispositions en matière de
construction de classes, de matériel didactique, de personnel
enseignant.
“Ce sont là des dépenses incompressibles quil va falloir assumer. Il
est non seulement nécessaire quelles aient été programmées, mais
surtout de sassurer que les sommes correspondantes existent bel et
bien”, a souligné M. Ndoye.
“Il ne sert à rien davoir les budgets nécessaires pour labolition
des frais scolaires que sur le papier”, a prévenu lancien ministre
sénégalais de lEducation de base.
Pour lui, “il faut dans tous les cas préparer les enseignants à la
pédagogie des effectifs plus importants lorsquon envisage dabolir
les frais scolaires”.
“On peut arriver à des classes de 120 élèves dans certains contextes
où labolition a été décidée sans planification suffisante. Le défi
important devient dès lors de concilier le choc de l’accès à la
qualité de lenseignement”, a insisté M. Ndoye.
Sexprimant à la veille de louverture mardi à Bamako dune
conférence internationale sur les problématiques liées à labolition
des frais scolaires, M. Ndoye a tenu à définir la notion des frais
scolaires, assurant quelle varie dun pays à un autre, dun contexte
éducatif à un autre.
“Les frais scolaires recouvrent une notion assez large qui va des
droits dinscription dans les écoles aux frais duniforme en passant
par les transports et les cantines scolaires”, a-t-il précisé.
“Dans certains Etats comme le Bangladesh, cette notion sétend à ce
quon appelle le coût dopportunité. Certains parents considèrent en
effet que linscription dun enfant à lécole les prive dune
main-duvre champêtre ou dune assistante dans les travaux
domestiques pour les filles. Ce sont aussi des frais scolaires
indirects”, a ajouté le directeur exécutif de lADEA.
Il a précisé que des Etats donnent des bourses aux parents pour les
convaincre de laisser leurs enfants aller à lécole.
“Il est indispensable que les enfants issus des milieux défavorisés
puissent aller à lécole. On ne peut espérer relever les défis de la
lutte contre la pauvreté que si on crée les conditions dune égalité
de chance dans laccès à lécole. Or pour linstant lécart entre les
riches et les pauvres en cette matière est de 60%. Nous devons en
sortir”, a encore dit Mamadou Ndoye.
Près de 23 délégations nationales, quelques-unes conduites au niveau
ministériel, participeront du 19 au 22 juin à Bamako à une conférence
internationale intitulée: “Labolition des frais scolaires:
planifier la qualité financière et la pérennité financière”.
La première partie de la conférence sera consacrée, les 19 et 20
juin, aux aspects techniques de cette suppression, à la lumière des
expériences en cours dans le monde.
Dune tonalité plus politique, la seconde partie de cette rencontre,
organisée par lADEA, lUNICEF et la Banque mondiale, sera consacrée,
les 21 et 22 juin, au dialogue politique, afin de sensibiliser les
décideurs présents sur les enjeux de labolition des frais scolaires.
Linitiative de cette suppression des frais scolaires avait,
rappelle-t-on, été lancée en 2005 par lUNICEF et la Banque mondiale
qui y trouvaient un bon moyen daccélérer la scolarisation.