La nationalité française, un plus pour trouver un emploi
Par Sophie LUTRAND
Source : TF1
10 novembre 2005
Les immigrés qui obtiennent la nationalité française ont près de 25% de chances supplémentaires de trouver un emploi que les autres selon une étude publiée ce jeudi par l’Insee.
L’Insee (Institut national de la statistique et des études économiques) publie ce jeudi une étude intitulée " L’acquisition de la nationalité française, quels effets sur l’accès à l’emploi des immigrés ". L’un des deux auteurs de l’article décrypte les résultats de son étude pour tf1.fr.
Comment avez-vous fait pour corréler l’acquisition de la nationalité française avec le fait d’avoir un emploi ou non ?
Denis Fougère* : Nous nous sommes servis des recensements nationaux effectués tous les 7 ou 8 ans et ce, depuis 1968. Cela représente cinq recensements au total et nous avons suivi les immigrés qui entre deux recensements avaient obtenu la nationalité française. En moyenne, de l’un à l’autre, ils sont 11% à devenir Français. Les naturalisations ont d’ailleurs été plus importantes entre 1968 et 1975 et entre 1990 et 1999 (13,6%). Nous avons ensuite observé la situation vis-à-vis de l’emploi de ces personnes.
Et qu’avez-vous noté ?
D.F : Les chiffres montrent que suite à une naturalisation française, la probabilité d’avoir un emploi, dans le public ou le privé, augmente de 23 ou 24 points. Ce qui est énorme. On remarque également que ce sont ceux qui avaient le plus de difficultés à trouver un emploi en tant qu’immigrés, notamment les femmes venant des pays du pourtour méditerranéen, Turquie et Maghreb ou les hommes originaires d’Afrique sub-saharienne, qui bénéficient le plus, en terme d’emploi, de l’acquisition de la nationalité française. En effet, obtenir la nationalité française est moins bénéfique pour des ressortissants de Grande-Bretagne, d’Allemagne ou d’Italie.
Malgré tout, le chômage est toujours bien plus important chez ces personnes quand bien même elles ont obtenu des papiers français.
D.F : Si l’on regarde le taux de chômage entre les personnes nées en France et les immigrés, l’écart du simple au triple. Avec un taux de chômage d’environ 10% aujourd’hui, il n’est que de 8 à 9% pour des personnes nées en France et peut aller jusqu’à 30% pour des personnes nées dans des pays du Maghreb. L’acquisition de la nationalité ne fait pas disparaître l’écart mais l’atténue. Nous nous sommes cependant aperçus qu’entre deux recensements, les immigrés qui disparaissaient des statistiques étaient souvent des hommes jeunes et qualifiés. Peut-être qu’une certaine lourdeur administrative pour obtenir la nationalité française les a fait fuir vers d’autres pays.
* Denis Fougère est directeur de recherche au CNRS et co-auteur de l’article avec Mirna Safi de l’Insee-Crest. ("France, portrait social").