Immigration en Suisse: Le cas du Cameroun inquiète

Immigration en Suisse: Le cas du Cameroun inquiète
25 Avril 2005
© HERVÉ B. ENDONG, La Nouvelle Expression

Selon le consul général de la Confédération helvétique au Cameroun, les demandes d’asile Camerounaises augmentent au jour le jour, tout comme l’immigration illégale.

Jeanne Françoise Bertschi, consul général de Suisse à Yaoundé, ne donne pas les statistiques exactes. Mais, reste ferme: l’immigration illégale en Suisse, de provenance came­rounaise est en augmentation, tout comme les demandes d’asile.

Invitée jeudi dernier par le Groupement des éditeurs de journaux du Cameroun (Gejc), pour interve­nir sur le thème ”Les services consulaires et l’immigration en Suisse“, dans le cadre de son forum Tour complet, la diplomate suisse n’a pas loupé le coche. “En 1998, avec les difficultés qu’on a enregistrées avec le problème d’immigration, on a décidé de changer le système. En facilitant l’accès des ressortissants de L’Europe, et en verrouillant l’entrée des autres. Mais, malgré cela, les gens trichent toujours”, s’in­digne d’entrée de jeu Mme Bertschi.

Au consulat général de Suisse à Yaoundé, seule représenta­tion suisse autorisée à établir les visas au Cameroun, il a été constaté que les demandes de visas à base de documents fal­sifiés augmentent. Les pas­seurs demandent beaucoup d’argent aux intéressés, en fai­sant de fausses promesses. “Il y a même des malfrats qui pré­tendent travailler à l’ambassa­de helvétique au Cameroun qui n’existe pas. Ils encaissent autour de 3000 euros pour faire un visa d’étudiant, payable à l’avance par Western Union. Cela va sans dire qu’une fois le montant payé, le “client“ n’a plus de nouvelles et son argent est perdu“, indique la diplo­mate suisse. Le nombre de demandes de visas rejetés pour des raisons susdites, est estimé à 2200 pour l’année 2003; contre environ 1800 en 2004. Mais, les demandeurs ne déchantent toujours pas. Les moins patients préfèrent, à leurs risques et périls, transi­ter par les pays européens voi­sins, tandis que les autres, les plus rusés sans doute, misent sur des stratégies sociales. C’est le cas des mariages, ou encore des regroupements familiaux qui sont les nou­velles raisons avancées par les demandeurs de visas.

20% d’étrangers en Suisse.

Selon Mme Bertschi ses ser­vices ont eu à recevoir favora­blement 300 dossiers de mariage en 2004, contre 260 sur les regroupements de famille, et auraient accordé 2400 visas aux Camerounais la même année. Ces chiffres approximatifs grimpent d’ailleurs au jour le jour, fai­sant illico de la Confédération helvétique une véritable pas­soire humaine. “On a beau­coup d’étrangers en Suisse”, déplore-t-elle.

En effet, la Suisse est l’un des pays d’Europe dont le pour­centage de la population rési­dante de nationalité étrangère est le plus élevé, soit de 20.2 % de la population globale. En fin août 2004, il y avait 1.487.896 étrangers vivant en Suisse. Dans le domaine de l’asile, ce pays de 41 293 km2 et de 7.170.000 habitants, fait par­tie des pays de l’Ocde qui a enregistré ces dernières années le plus grand nombre de demandes par rapport au nombre d’habitants. Cela cause indubitablement un cer­tain nombre de problèmes à ce petit Etat. En dehors des diffi­cultés de langue et de culture, chacun des 26 cantons ayant sa culture, plusieurs maux s’installent avec l’immigration Illégale. En bonne place, la cri­minalité, le trafic des êtres humains, le travail au noir, la prostitution. l’abus dans le domaine de l’asile etc.

Prostitution.

De manière générale, l’immi­gration, illégale met la person­ne concernée dans une situa­tion où elle est souvent, par son statut, exploitée et abusée d’une façon ou d’une autre. Le domaine qui se démarque le mieux est celui de la prostitution qui a pignon sur rue, avec des opérateurs économiques du sexe qui préfèrent la gent féminine africaine, plus néces­siteuse, naïve et… tolérante.

“La prostitution n’est pas illéga­le en Suisse si la personne a son permis de travail“, sou­tient Mme Berstchi. “Chaque canton a son système de prostitution“, ajoute-t-elle, sans se prononcer sur les statistiques des prostituées camerounaises qui tutoient le sommet. Mais, ce sont les ”sans papiers” qui s’exposent à tous ces maux. Ainsi, exhorte-t-elle les Camerounais à se ressaisir, car, "l’Europe n’est pas un paradis, on vous donne les mauvaises images“.