Ile Maurice: L’enseignement à distance relancé
Rs 5 millions lui sont réservées pour l’année financière 2007-2008.
Le projet d’Open University of Mauritius (OUM) redémarre en force après avoir été mis en veilleuse. Son objectif : répondre aux besoins en enseignement supérieur notamment à travers l’enseignement à distance.
Un expert étranger est attendu le mois prochain. Il aura pour tâche d’épauler les autorités pour la mise en place de cette institution d’enseignement supérieur. Au ministère de l’Education, l’on compte également faire appel à un spécialiste "de calibre international" pour piloter le projet.
"Nous sommes en train de travailler sur les différents modes possibles pour faire fonctionner cette institution. Il faut trouver le moyen le plus efficace économiquement et humainement, parce que nous ne voulons pas nous casser la figure comme d’autres pays l’ont fait avant nous", confirme un haut cadre du ministère.
Pas question donc de précipiter les choses, même si la volonté d’avancer rapidement est présente. "Nous espérons être beaucoup plus avancés d’ici la fin de l’année, début de l’année prochaine", confie notre source.
Il s’agit également d’adapter l’OUM aux réalités locales tout en tenant compte du fait que plusieurs institutions, dont le Mauritius College of the Air (MCA), ont déjà acquis une expertise dans le domaine.
Un texte de loi, l’Open University of Mauritius Bill, avait déjà été voté le 19 avril 2005. Celui-ci n’a jamais été promulgué. Avec le changement de gouvernement quelques mois plus tard, tout le travail est repris à zéro.
A l’université de Maurice, une structure, le Virtual Centre of Innovative Learning Technologies (VCILT), avait également vu le jour en 2001 pour l’éducation à distance. Mais les possibilités de ce dernier n’ont pas été totalement exploitées. "Il existe à Maurice des capacités qui sont sous-exploitées. Malheureusement, il n’y a jamais eu de volonté politique pour développer ce genre de choses jusqu’à présent", déplore Alain Seteni, directeur du VCILT. Mais il a espoir que des avancées seront faites.
Actuellement, ils sont plus ou moins 6 500 sur 35 000 Mauriciens à avoir opté pour ce mode de formation, soit près de 20 %. Quarante institutions offrent ce type de cours. Mais ce n’est pas suffisant. Pour répondre aux défis que le pays s’est lancés, il faudra davantage de personnes formées et pour cela, il faut impérativement ouvrir l’accès à l’éducation supérieure. Et l’OUM est une des voies qui retient l’attention.
La preuve que l’éducation à distance à un avenir certain se trouve du côté du MCA. Depuis quelques années, l’intérêt pour les cours qu’il offre – la plupart en collaboration avec l’Indira Gandhi National Open University de l’Inde – grandit. "Chaque année ça augmente. Nous espérons avoir 600 étudiants de plus cette année", indique Kaviraj Sukon, président du MCA. Le nombre d’étudiants suivant des cours à distance passe ainsi à 1 900. Du coup, la MCA se voit dans l’obligation de déplacer ses "tutorial classes", qui servent de support aux étudiants vers le collège d’Etat de Belle-Rose.
La grande majorité des étudiants sont des professionnels. "L’avantage de ces cours est double. L’étudiant peut étudier à son propre rythme tout en continuant à travailler", note Kaviraj Sukon.
Le principal obstacle de la "distance education" reste toutefois le manque de confiance. Il faudra convaincre le grand public des avantages et du sérieux de ce type d’enseignement, mais petit à petit l’environnement propice se crée. "C’est une fausse perception que de croire que ces diplômes-là n’ont pas la même valeur que ceux obtenus en allant sur les campus universitaires. La personne qui opte pour l’éducation à distance acquiert de la connaissance, mais elle gagne également en expérience parce qu’elle continue à travailler. Cela compte aux yeux de l’employeur", dit Kaviraj Suken.
Reste que le Mauricien moyen qui opte pour ce type d’éducation éprouve parfois des problèmes. "Notre système éducatif au primaire et au secondaire favorise le spoonfeeding. Du coup, lorsqu’il se retrouve sans appui, l’étudiant est un peu perdu. C’est pour cela que nous offrons des tutorial classes une fois par semaine pour le guider", dit le président de la MCA.
Source:
L’Express (Port Louis)
15 août 2007
Patrick Hilbert