Guinée – Un pays sans recherche scientifique

La GUINEE: PAYS SANS RECHERCHE SCIENTIFIQUE

Sur 192 pays, la Guinée est au 186ème rang pour l’espérance de vie, au 186ème pour la mortalité infantile (source: Atlas Encyclopédique Mondial, Nathan Ed., Paris 1996), mais depuis, la situation ne s’est pas améliorée bien au contraire.

La promotion de la recherche médicale devrait être une des priorités du gouvernement. Très malheureusement il n’existe aucune structure de recherche à ce jour qui œuvre activement sur aucune des thématiques de santé publique. Les programmes nationaux de lutte sont transformés en instance de constat (encore faut il que ce constat soit bien fait) sans action dans la recherche fondamentale ou appliquée sur les différentes thématiques sur lesquelles travaillent leurs programmes.

Au vu des subventions colossales qu’ils perçoivent de la part des partenaires au développement ; c’est montant sont dilapidés dans les différents services du ministère car tous ces « programmes de lutte » sont directement rattachés au ministère, aucun n’est autonome, donc ils se partagent l’argent après avoir en parlé dans les medias à l’intension de l’opinion nationale et internationale.

Les directions de ces programmes nationaux devraient subventionner la création et le fonctionnement des équipes de recherches. Par exemple, le programme national de lutte contre le paludisme(PNLP) à un budget annuel de 275 000 dollars US (en provenance de l’OMS), mais ses principales réalisations ne se limitent qu’à :
• la formation de formateurs sur les stratégies de lutte (1993)
• l’élaboration d’un document de politique nationale de lutte (1993)
• l’organisation d’un séminaire-atelier sur les indicateurs du paludisme (1995)
• la formation de formateurs à la prise en charge du paludisme grave (1997)

Le PNLP est le seul institut à travailler sur le paludisme, allez savoir comment. D’ailleurs leur dernière publication sur le sujet remonte à 1997. Depuis plus de 10 ans rien, aucune donnée disponible, on se demande à quoi servent les subventions qu’ils perçoivent.

Pendant que dans les autres pays confrontés au même problème d’endémicité du paludisme comme la Guinée déploient de grands moyens dans la recherche, pour comprendre la pathologie ; notamment le phénomène de chimiorésistance, la lutte vectorielle et élaborer de nouvelles techniques efficaces pour surmonter l’handicape de cette maladie.

Ceci est valable aussi pour tous les autres domaines de recherche. Vous pouvez aller regarder les sites comme PUBMED, NCBI… vous ne trouverez aucune publication concernant la Guinée dans ces 20 dernières années ; sur aucun des domaines de recherche surtout le domaine médical.
Toutes les pathologies sont prioritaires en guinée parce qu’aucune n’est réellement diagnostiquée.
La recherche est fondamentale pour la compréhension et ainsi lutter efficacement contre les maladies.

Les équipes de recherche qui pourront par exemple travailler sur des marqueurs biologiques, avec des applications épidémiologiques. Cela permettra aux programmes nationaux d’orienter leur politique d’intervention et d’être plus efficace, comme cela se passe dans la plupart des pays Africain (Mali; Sénégal ; Burkina….). Certaines équipes Maliennes qui travaillent même sur la possibilité de mise au point d’un vaccin contre le paludisme. En Guinée on croise les bras et on attend que les autres fassent le travail Un autre fait, encore plus remarquable est l’absence de collaboration solide avec les instituts étrangers de recherche comme l’IRD (institut de recherche pour le développement), l’institut pasteur… qui ont leur représentation dans la plupart des pays d’Afrique francophone, mais pas en guinée. Ce fait peut être certainement imputé à un manque criard d’interlocuteurs capables et fiables.

A part quelques missions sporadiques sur certaines questions comme celles de l’IRD de côte d’ivoire avec le PNLTHA (Programme national de lutte contre la trypanosomiase humaine ou maladie de sommeil). Le PNLS (Programme national de lutte contre le SIDA), a ses activités essentiellement orientées sur les enquêtes et les campagnes de prévention, ce qui en soit n’est pas mal, mais il est nécessaire d’avoir des équipes de recherches qui mènent des recherches fondamentales et/ou de suivi épidémiologique dans la prise en charge des PVVIH. Aujourd’hui, le suivi biologique des malades Guinéens se fait essentiellement dans les autres pays comme le Sénégal (détermination du taux de CD4 par exemple). Les laboratoires des CHU ou du CNTS se limitent uniquement au dépistage et de toutes les façons leurs capacités se limitent là, en termes de formation et d’équipement.

Je le sais pour avoir travaillé dans le laboratoire d’analyse médicale d’un CHU pendant 3 ans (20002-2005) et avoir participé en 2005 à une enquête sur la séroprévalence de VIH chez les travailleurs du sexe et les routiers au compte du projet SIDA III (essentiellement financé par le Canada). Notre travail se limitait au travail des techniciens de laboratoire : prélèvement et préparation des échantillons.

Les échantillons étaient ensuite envoyés au Canada pour être analysé. Par manque de laboratoire de recherche, surtout d’équipement sur place. L’université, source du savoir, est pauvre d’enseignants. Parmi tout le soi-disant prof agr, pas plus de trois ne possède un PhD ; le seul qui est impliqué dans les recherches est celui de la pharmacie. Et son seul et unique second est en France parce que victime de ségrégation dans son propre pays.

Ce manque d’encadreurs qualifiés se fait ressentir dans l’attrition des bourses de recherche en co-tutelle allouées aux pays du sud par les institutions comme l’AUF ; IRD… la plupart des jeunes Guinéens ne bénéficient pas de ces bourses par manque de second encadrant en Guinée. Le manque de structures équipées est le plus important, car il ya des chercheurs Guinéens aujourd’hui à travers le monde dans tous les domaines médicaux (Cancers, maladies infectieuses, santé publique,….) et même dans d’autres domaine comme les sciences sociales, qui voudraient revenir travailler dans leur pays. Mais qui se demandent par où commencer, parce qu’aucune structure de recherche ne permet l’intégration des chercheurs et la continuation des travaux de recherche.

Cela est la principale cause du désintérêt des jeunes pour la recherche, les jeunes pharmaciens sont soit dans les officines, soit visiteurs médicaux, les jeunes médecins sont internes à vie, à défaut d’être recrutés dans la fonction publique. Les jeunes Biologistes et Chimistes sortants de l’université se contentent de retourner pour dispenser des cours dans les lycées. Ceux qui prennent le courage d’aller ailleurs pour apprendre le métier de chercheur sont incapables de revenir s’intégré dans le pays, par manque de structure de base.

La conséquence palpable de cette situation est le vieillissement des enseignants chercheurs des universités, sans relève. L’âge moyen des enseignants chercheurs en guinée est l’un des plus élevé au monde. Le ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique qui a pour mission la conception l’élaboration et la mise en œuvre de la politique du gouvernement dans le domaine de la recherche, ne fait rien pour remédier à cette situation, en tout cas rien de visible. On se demande s’il en vaut la peine de joindre l’expression « recherche scientifique » aux attributions de ce ministère, ou peut être qu’ils n’ont pas la même définition de la recherche scientifique que le reste du monde.

Pour terminer j’en appel à la prise de conscience du gouvernement aux travers de ses ministères en charge de la recherche scientifique et de la santé publique, de fournir plus d’effort dans l’élaboration des politiques de recherche scientifique, surtout dans le domaine médicale. Le bien être d’un peuple passe forcement par l’amélioration de sa santé.

DIABATE MAMADY
Etudiant en Thèse de Biologie molécule au centre méditerranéen de la médicine moléculaire à NICE (France)
Source: http://www.radio-kankan.com
15 mai 2009

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