Près d’un bachelier sur deux obtient une mention
Les bacheliers avec mention ont davantage de chances de réussite dans l’enseignement supérieur.
Cette année encore, environ 47 % des bacheliers généraux auront décroché une mention. «Ce n’est plus simplement le bac que l’on obtient dans une pochette-surprise…», affirme un professeur de philosophie, même si entre une mention très bien (plus de 16 de moyenne) et une mention assez bien (entre 12 et 14 de moyenne), le fossé reste grand.
La proportion d’élèves qui obtient le bac général avec une mention très bien est passée de 0,3 % en 1967 à 4,9 % en 2006, les mentions bien de 4,4 % en 1967 à 13,6 %, les mentions assez bien de 27,1 % à 27,8 %. Les mentions «passable» ont donc logiquement reculé de 68,2 % en 1967 à 53,6 % en 2006. Dans l’ordre, ce sont les bacs scientifiques qui ont le plus de chance de décrocher une mention, devant les bacs économiques et littéraires, handicapés par des matières moins généreuses en très bonnes notes. Certaines académies sont particulièrement vernies. À Paris, un tiers des bacheliers environ obtient généralement une mention assez bien et un sur cinq une mention très bien. «Ceci doit amener à réviser la valeur des mentions sur la capitale», affirmait l’ancien recteur de Paris.
Mais à quoi sert donc une mention, à part recevoir une médaille comme l’a décidé mardi un lycée de l’Essonne ? Dans certaines Régions, les mentions très bien reçoivent de l’argent de la part du conseil général ou un voyage ainsi que certains avantages s’ils ouvrent un compte en banque. D’autres se voient proposer une réduction sur le coût de leurs leçons de permis de conduire. L’an dernier, la Caisse d’épargne offrait 100 € aux mentions très bien. Le CIC leur offrait 160 € pour l’ouverture d’un livret avec une mention TB, 80 € pour une mention B. Le conseil général des Alpes-Maritimes, lui, proposait 230 €. Les boursiers qui ont eu une mention TB reçoivent par ailleurs une bourse au mérite. La mention s’accompagne d’une chance accrue de réussite dans l’enseignement supérieur, quelle que soit la filière. C’est particulièrement sensible en médecine où, statistiquement, les titulaires d’une mention TB ont beaucoup plus de chances d’obtenir leur concours de première année que les autres. Une mention peut aussi servir à décrocher une bonne classe préparatoire pour quelqu’un qui était jusque-là sur liste d’attente. Elle permet enfin d’éviter de présenter le concours d’entrée de Sciences Po, à condition toutefois d’avoir obtenu d’excellents résultats dans les matières littéraires.
L’université Paris-II a lancé cette année une filière d’élite, le «collège du droit», ouverte à ses étudiants de première année ayant obtenu une mention TB au bac. L’objectif du président est de «booster ces éléments excellents». Les cent étudiants reçoivent, en plus de leur cursus classique, des enseignements en philosophie, sociologie, histoire, à raison de 130 heures par an.
Décrocher un stage
Dans les universités même si c’est interdit, certains enseignants n’acceptent que des mentions dans leur cours, en première année : «Je ne veux personne en dessous d’une mention assez bien, explique un professeur de littérature comparée, cela me permet de récupérer les plus motivés.» Une mention au bac, c’est aussi un «plus» pour accéder à certains masters 2, au même titre que le reste du dossier universitaire. Et à l’étranger une mention, ça compte aussi. Pour s’inscrire dans une université suisse, une mention AB est obligatoire. Il faut une mention TB pour entrer à Cambridge en première année.
Sur un CV d’étudiant, une mention peut aider à décrocher un stage. Mais elle peut aussi servir, plus rarement, sur un plan professionnel. À 23 ans, Sébastien, après un bac mention B a fait une école de commerce. Lors d’un entretien d’embauche, dans une multinationale, le chef de service, un Anglais, l’a fait parler de sa mention au bac. «Il ne connaissait rien au système des prépas à la française ni à nos écoles de commerce. Par contre le bac, il connaissait !»
À partir d’un certain niveau d’expérience, les recruteurs con seillent toutefois de ne plus faire apparaître le bac sur son CV. «Seuls ceux qui n’ont pas fait beaucoup d’années d’études le mentionnent. C’est un aveu de faiblesse», explique-t-on dans un cabinet de recrutement. Vingt ans après, quelques-uns s’en gargarisent toutefois encore, accompagné du nom de leur lycée, surtout lorsqu’il est parisien et privé. «C’est le côté réseau qui joue, commente un autre recruteur, on peut trouver ça ridicule mais c’est typiquement français et dans certains cas, ça marche !».
Marie-Estelle Pech
07/07/2009
Source: http://www.lefigaro.fr