Les solutions pour financer ses études de commerce
Qui peut s’offrir une école de commerce ? Les frais de scolarité ont de quoi décourager les familles aux revenus moyens ou modestes. A HEC, numéro un dans les classements, la scolarité ne coûte pas moins de 33 700 € pour trois ans (tarifs 2009).
Et pourtant, "un élève ne paye que un tiers ou la moitié de ce qu’il coûte", assure Bernard Ramanantsoa, directeur général du groupe HEC. Les subventions de la Chambre de commerce et d’industrie de Paris et les revenus issus de la formation continue permettent de compléter le budget.
Pour une école de qualité mais moins prestigieuse, comme l’ESC Rennes, il faut, au total, débourser 22 440 € en frais de scolarité, auxquels s’ajoutent les frais de logement et d’entretien. Dans ce contexte, soucieuses d’élargir la base sociale de leurs recrues, les écoles tentent d’accompagner les étudiants dans le financement de leurs études.
"On compte grosso modo, 18 % de boursiers sur critères sociaux dans nos écoles de commerce, assure Andrés Atenza, directeur général du groupe ESC Clermont et président du chapitre des écoles de management au sein de la Conférence des grandes écoles. Depuis une dizaine d’années, les écoles ont mis progressivement en place un certain nombre de leviers pour aider les élèves."
L’exonération des frais de scolarité en fait partie. Ainsi, à partir de la rentrée 2009, la direction d’HEC a décidé d’une exonération totale de ses étudiants bénéficiaires d’une bourse d’Etat, quel qu’en soit le montant. A l’ESC Clermont, sur une promotion de 300 jeunes, 75 sont exonérés totalement ou partiellement sur critères sociaux.
Des bourses combinant souvent des critères d’excellence académique et sociaux sont distribuées par différents canaux : les écoles elles-mêmes, les fondations (d’école, d’entreprise, Fondation de France, Fondation Lambert…) mais aussi par des chambres de commerce, des régions.
Entre autres initiatives, la chambre de commerce de Rouen accorde un montant de l’ordre de 200 000 euros par an aux étudiants de l’ESC Rouen ; l’EM Lyon distribue, chaque année, entre 250 000 et 300 000 euros de bourses en interne et la Fondation Jean-Goubin soutient des élèves de l’ESC Rennes avec environ 120 000 euros par an, etc.
Mais le mode de financement le plus répandu reste l’emprunt bancaire. Astrid, 23 ans, en troisième année à l’ESC Rennes, a emprunté 13 600 euros à un taux effectif global de 2,53 %, en 2006.
Après avoir fait le tour des banques elle a choisi la BNP, qui, en raison d’un partenariat avec son école, lui offrait le meilleur taux. Cela lui a permis de financer ses deux premières années d’école. Elle remboursera, à partir de novembre 2010 son emprunt. Pour vivre, elle dispose de sa bourse d’Etat, de l’ordre de 4 000 euros par an. Pour avoir un plus sur son CV et financer sa troisième année d’études, elle a fait, l’an dernier, une année de "césure" en travaillant dans une entreprise pour un salaire net d’environ 700 euros par mois.
A l’ESC Rouen, la direction considère que la moitié des élèves du programme grande école ont recours aux emprunts. "Les banques sont très intéressées par cette clientèle, dont la valeur du diplôme assure une garantie de recouvrement", explique Arnaud Langlois-Meurinne, directeur général du groupe. Dans ce contexte, directions d’école et bureaux des élèves négocient des prêts à des conditions plus intéressantes que les prêts étudiants classiques.
Les taux les plus bas tournent en général autour de 2,4 % à 2,5 % avec, comme pour tout emprunt étudiant, la possibilité d’un remboursement différé après ses études. Les cautions ne sont pas toujours exigées. Ainsi, l’ESC Rouen dispose d’un accord avec le CIC et la Société générale pour accorder des prêts sans caution parentale. Pour les élèves de l’ESC Rennes, c’est la banque HSBC qui s’engage à étudier les demandes d’emprunt, sans caution.
La formation en alternance, en développement dans l’enseignement supérieur, peut aussi être un moyen de financer ses études. "Nous avons, en deuxième et troisième années, environ 140 étudiants en apprentissage. Leurs frais de scolarité sont financés par les entreprises au travers de la taxe d’apprentissage, et ils perçoivent une rémunération au prorata du smic, de l’ordre de 600 à 1 000 euros", précise le directeur général de l’ESC Rouen.
La plupart du temps, les lycéens sont mal informés de ces aides. Il leur faut se renseigner école par école. Pour pallier ce manque, les dix-huit écoles de commerce, membres de la Banque d’épreuves Passerelle, prévoient de publier une plaquette détaillant ces dispositifs.
Martine Laronche
Source: LE MONDE | 28.04.09
UN PRÊT GARANTI PAR L’ETAT POUR TOUS LES ÉTUDIANTS
Le ministère de l’enseignement supérieur a lancé en septembre 2008 un prêt bancaire étudiant garanti par l’Etat. Objectif : élargir l’accès à l’emprunt à l’ensemble de la population étudiante, les banques étant plus promptes à accorder des prêts aux étudiants des grandes écoles plutôt qu’à ceux des universités. D’un montant maximal de 15 000 euros, ce prêt, au taux du marché, est accordé sans condition de ressources et sans caution parentale ou d’un tiers. Il peut être remboursé à la fin des études, la garantie étant de dix ans, à partir de la date du premier versement des fonds. Fin février, seulement 23,6 millions d’euros – correspondant à 2 800 prêts – avaient été distribués pour la grande majorité d’entre eux par la Banque populaire, Cetelem et le Crédit mutuel-CIC.