Le Sénat veut des prépas moins élitistes
Adopté à l’unanimité par la commission des affaires culturelles du Sénat le 12 septembre dernier, le rapport de la mission d’information sénatoriale sur la diversité sociale et l’égalité des chances dans la composition des classes préparatoires aux grandes écoles prévoit plusieurs dispositions pour démocratiser l’accès aux prépas. En voici les principales propositions.
Elitiste, boîtes à fric, réservées à certaines classes sociales… c’est l’image un peu trop répandues des prépas.
C’est pour remédier à cela que le Sénat a organisé une mission d’information sénatoriale sur la diversité sociale et l’égalité des chances dans la composition des classes préparatoires aux grandes écoles. Après avoir procédé à une quarantaine d’auditions et à 4 déplacements sur le terrain, elle a établit un rapport qui dresse un état des lieux approfondi, étudie les initiatives et expérimentations qui ont « fleuri » ces dernières années en vue de remédier à cette situation, et avance des propositions pour répondre à ce problème.
Renforcement de l’orientation
Les sénateurs ont constaté que d’une part les élèves disposaient de peu d’informations sur les prépas et qu’ils avaient tendance, d’autre part, à mystifier les classes préparatoires et à avoir peur de les tenter (peur de l’échec).
Pour remédier à cela, le rapport propose de renforcer l’information et l’orientation des élèves notamment en :
diffusant, auprès des collégiens et de leurs parents, une plaquette présentant de façon synthétique les différentes filières de formation ;
consacrant l’heure de ‘‘vie de classe’’ en seconde et en première à une présentation des possibilités de poursuites d’études après le baccalauréat ;
généralisant le portail unique d’accès à l’enseignement supérieur ;
mobilisant les services d’orientation et les sensibiliser à la réalité et à la diversité des classes préparatoires ;
inscrivant l’aide à l’orientation au titre des missions des professeurs de collège et de lycée et l’intégrer à leur formation ;
dédiant le conseil de classe du deuxième trimestre de terminale à l’orientation.
En ce qui concerne la démystification des prépas, le rapport propose de développer les contacts directs entre élèves et étudiants, dans le cadre de conventions entre établissements et de diffuser largement auprès des lycéens les informations relatives aux dossiers d’inscription en classe préparatoire. De même, il est prévu d’améliorer l’information des lycéens des filières technologiques sur l’existence des classes préparatoires dont l’accès leur est réservé.
Faciliter l’accès aux prépas
Autre constat de la part des sénateurs, les difficultés d’accès aux prépas. En effet, certains ne peuvent accéder aux prépas faute de moyens. De même, si certaines régions, comme la région parisienne, sont bien pourvues en prépas, 21 départements sont eux totalement dépourvus de classes prépas publiques.
Pour cela, le rapport propose de mieux répartir les prépas, notamment dans les zones rurales et les banlieues dans un double souci d’équité territoriale et de mise en cohérence des différentes filières du premier cycle d’études supérieures.
En ce qui concerne l’aide scolaire, le rapport propose de généraliser le tutorat en le développant notamment à tous les élèves volontaires dès la classe de seconde ou encore en poursuivant l’accompagnement – notamment psychologique – des étudiants en CPGE (Classe Préparatoire aux Grandes Ecoles) et en grande école, et désigner pour chacun un tuteur référent, qui soit son ‘‘parrain’’.
En ce qui concerne les obstacles financiers, le rapport prévoit de réviser le système des bourses aux étudiants, de décontingenter les bourses au mérite attribuées par l’Etat, d’amplifier les bourses d’entreprises, de mettre en place une caution publique des prêts aux étudiants issus de familles modestes et de moduler le montant des frais de scolarité dans les grandes écoles en fonction des revenus des familles.
Autre obstacle, le logement. Beaucoup d’étudiants doivent faire face à la pénurie de logements et pour remédier à cela, le rapport propose de multiplier les internats, afin qu’à terme chaque lycée ayant des CPGE dispose d’une offre d’internat, d’ouvrir les internats les fins de semaine et pendant les « petites » vacances, et de généraliser les partenariats avec les CROUS en vue de favoriser les mutualisations d’équipements en logements étudiants.
Coordination et évaluation
Afin de coordonner toutes les propositions prévues, le rapport prévoit de mobiliser les recteurs en faisant les garants de la cohérence des actions menées sur leur territoire. De même, il est prévu de proposer aux établissements d’enseignement supérieur souhaitant s’engager dans des initiatives en faveur de l’égalité des chances un cadre d’accompagnement pour monter des projets et mobiliser des financements.
Il est aussi prévu d’évaluer les progrès réalisés en développant notamment des outils statistiques au niveau national et académique, avec notamment un indice sur le nombre d’élèves envoyés en classes préparatoires par lycée, ou en procédant à une évaluation globale des actions mises en œuvre en identifiant et mutualisant les bonnes pratiques en diffusant une ‘‘boîte à outils’’ aux réseaux d’étudiants-tuteurs.
Cependant, les sénateurs ne se contentent pas de ces propositions et le rapport prévoit un prolongement de la réflexion. Pour cela le rapport propose de valoriser les synergies entre la filière classes préparatoires-grandes écoles et les autres voies de formation du premier cycle d’études supérieures, de conduire une réflexion sur les modalités de notation et d’évaluation des élèves de classes préparatoire, et de rendre plus lisible et plus cohérente l’offre de formation en classe préparatoire en engageant une réflexion sur les possibilités d’aboutir à une organisation plus lisible et plus cohérente de l’offre de formation, en première année notamment.
Plus d’informations: http://www.senat.fr/noticerap/2006/r06-441-notice.html
Par Hana Al-Hussaini
Source: http://www.studyrama.com