La plus jeune candidate au bac s’appelle Déesse
Gamine fluette aux cheveux coiffés en tresses, Déesse Dji’Ala, 14 ans, la plus jeune des candidats de la session 2010 du baccalauréat, est une Camerounaise qui vit à Rouen avec sa famille depuis 2005. Sa recette? "Je travaille toute seule et quand je ne comprends pas je pose des questions à mes parents", explique-t-elle avec une pointe de candeur.
Déesse est inscrite au lycée Camille Saint-Saëns de Rouen, en Terminale S, option mathématiques, là où se trouvent "les +cadors+ de l’établissement", comme le dit Dominique Desaix, le principal. Déesse, qui a quatre classes d’avance sur ceux de son âge, affiche 12/20 de moyenne sur l’ensemble de l’année. Elle évolue "dans le sillage" des meilleurs, "des garçons extrêmement brillants", se félicite le principal.
"C’est une petite gamine qu’on oublie parce qu’elle est exemplaire, ponctuelle et assidue", dit-il admiratif. Ses points forts ? Les maths et les langues. Ses points faibles ? la philo et SVT. Ces jours-ci, elle révise dans l’appartement familial avec sa soeur Zseno, 16 ans, qui est dans une autre terminale S de Camille Saint-Saëns, sous les yeux de la benjamine Céleste, 11 ans, qui s’apprête à passer… en quatrième. "Je suis confiante pour le bac mais j’espère la mention bien", dit Déesse.
Son parcours a de quoi faire rêver tous les parents. Elle est entrée en maternelle à deux ans et quatre mois à Yaoundé. "Elle savait lire et écrire à quatre ans" assure son père, Gustave Demmano, enseignant chercheur en physique-chimie à l’université de Yaoundé. Puis elle saute une classe sur deux en primaire pour entrer en sixième à l’âge de sept ans, au lycée Général Leclerc de Yaoundé. En 2005, son père rejoint l’université de Rouen dans le cadre d’un partenariat, toute la famille s’installe en France.
A ce moment, la machine bien huilée a failli se gripper. A Rouen, les enseignants la jugent trop jeune pour entrer en quatrième et lui proposent une inscription en… CM1. Il faudra de multiples interventions et un test d’entrée en sixième pour qu’elle puisse finalement être admise dans la classe désirée.
"S’intégrer n’est pas toujours facile, mais avec l’aide des camarades de classe cela s’est toujours bien passé", assure celle qui croule désormais sous les demandes d’interviews. En dehors du lycée, Déesse joue au tennis, écoute du rap et se considère comme "une grande" même si elle ne sort pas le soir à la différence de certains de ses camarades. "Ce n’est pas encore de mon âge", dit-elle, sous le regard franchement approbateur de son père. Pour la suite, Déesse hésite entre médecine et sciences politiques mais pourrait faire une classe préparatoire en attendant de se décider. (source AFP)
11 juin 2010