La fin du concours d’entrée à Sciences-po ?
Richard Descoings, le directeur de la grande école parisienne de sciences politiques, envisage de supprimer l’examen d’entrée. Objectif : favoriser la mixité sociale.
Le mot « révolution » n’est pas trop fort. Après avoir ouvert la porte de sa prestigieuse école aux élèves de lycées ZEP (zone d’éducation prioritaire) en 2001, le directeur de Sciences-po Paris, Richard Descoings, envisage cette fois la suppression pure et simple de l’examen d’entrée en 1 r e année (après le baccalauréat). Très sélectif seuls ceux qui atteignent au moins 12 sur 20 de moyenne aux épreuves intègrent l’école, soit 10 % des candidats cet examen favoriserait les candidats de milieu aisé, qui ont les moyens de s’offrir des cours préparatoires. « Nous réfléchissons à cette éventualité depuis plusieurs mois, confirme un membre de la direction. Le conseil de direction devrait se prononcer sur la question en avril ou mai. Si la réforme est adoptée, elle pourrait entrer en vigueur dès la rentrée 2010. »
Une sélection en deux temps
Composé de quatre épreuves (une dissertation de culture générale ou un commentaire de texte, une dissertation d’histoire, une épreuve de langue vivante et un questionnaire sur documents), l’examen d’entrée de l’institution de la rue Saint-Guillaume (VII e ) serait remplacé par une sélection en deux temps réservée aux bacheliers mention très bien : un premier tri effectué sur dossier scolaire, suivi d’un entretien oral. « Les résultats du bac constituent un excellent indicateur de base et sont une garantie d’égalité », estime Hervé Crès, directeur adjoint de Sciences-po. Un constat étayé par les statistiques de l’établissement qui montrent que les bacheliers mention très bien, déjà exemptés d’examen, affichent des profils sociaux plus diversifiés que leurs camarades admis via les épreuves écrites.
« Est-ce vraiment utile d’imposer en plus un examen écrit spécifique ? interroge donc Hervé Crès. C’est un réflexe typiquement français. Les grandes universités américaines et britanniques s’en passent très bien. » ste que cette révolution culturelle ne fait pas l’unanimité parmi les 6 000 étudiants de la fabrique à élites.« Une partie des étudiants et des professeurs est très attachée à cet examen », reconnaît le directeur adjoint, qui ajoute ne pas vouloir « précipiter les choses ». A quelques jours des élections étudiantes, le syndicat UNI (classé à droite), minoritaire à Sciences-po, a fait de la défense de l’examen son principal argument de campagne. Lancée lundi par l’organisation, une pétition contre la réforme avait déjà récolté hier une centaine de signatures.
Le Parisien
15.01.2009