Immigration clandestine : accord avec le Surinam
Source : Le Figaro
R. G.
[30 novembre 2004]
Un accord de réadmission des personnes en situation irrégulière est en passe d’être signé, aujourd’hui à Paris, entre Brigitte Girardin, ministre de l’Outre-Mer, et le ministre surinamien des Affaires étrangères. Les clandestins venus du Surinam pourront y être renvoyés.
Maintes fois ajourné, cet accord vient en fait en compléter un autre déjà conclu avec le Brésil en 2001, qui a déjà permis de développer une coopération en termes de lutte contre l’immigration clandestine. L’un des problèmes majeurs auxquels sont confrontées les autorités guyanaises depuis des années.
Forte aujourd’hui d’environ 180 000 habitants, la population de ce département d’outre-mer a en effet plus que doublé naturellement en vingt ans. La moitié des Guyanais a moins de 20 ans, et un tiers moins de 15 ans. A Saint-Laurent-du-Maroni, par exemple, la mairie enregistre en moyenne 1 700 naissances par an pour 19 000 habitants.
Pour les élus locaux, la croissance de la densité de leur population est telle que leurs territoires en deviennent souvent ingérables. «A peine avons-nous fini de construire une classe supplémentaire, que déjà il nous en faudrait une autre», soupire un conseiller général. Il y a quelques mois, Léon Bertrand, ministre délégué au Tourisme et maire de Saint-Laurent-du-Maroni, déplorait, de son côté, n’avoir «plus les moyens d’assurer l’intégration des populations que nous accueillons».
De fait, les immigrés clandestins deviennent souvent des boucs émissaires. Et pour cause : les deux tiers des prisonniers détenus à Saint-Laurent n’ont pas la nationalité française. Essentiellement composés de Brésiliens, Guyaniens, Surinamiens et Haïtiens, ils seraient entre 30 000 et 50 000 en Guyane.
A Saint-Laurent-du-Maroni, toujours, l’hôpital est devenu le «sésame» pour obtenir des papiers français. De nombreuses Surinamiennes et Guyaniennes traversent le fleuve pour y accoucher. Leurs enfants, nés sur le sol français, auront ainsi des papiers. Les allocations suivront.
L’accord de réadmission signé avec le Surinam permettra en outre de demander à cet Etat de réadmettre sur son territoire les ressortissants d’autres nationalités qui sont passés par son sol pour pénétrer illégalement en France. Cet aspect de l’accord vise essentiellement les ressortissants du Guyana, qui passent notamment par le Surinam pour pénétrer en Guyane. Pour le préfet de Guyane, Ange Mancini, joint hier, cet aspect représente même «tout l’intérêt» de l’accord.
«Jusqu’à présent, explique-t-il, on ne pouvait rien faire contre les Guyaniens, parce que nous n’avons pas en Guyane de consulat du Guyana, ni de frontières communes. Quant aux autorités surinamiennes, elles nous répondaient que nous pouvions les garder, car ce ne sont pas non plus leurs ressor-tissants !»
Par ailleurs, le principe d’une antenne consulaire du Surinam à Saint-Laurent-du-Maroni semble, indiquait-on encore hier au ministère, acquis.