Mercredi 02 février 2005
Mobilisation pour les enfants et adolescents sans-papiers scolarisés
LEXPRESS.fr avec AFP
15:36 – Plusieurs centaines d’enseignants, parents et élèves se sont rassemblés mercredi devant des préfectures et sous-préfectures un peu partout en France pour apporter leur soutien à des enfants et adolescents scolarisés et sans-papiers, dans le cadre d’une journée d’action nationale.
"C’est inadmissible d’avoir des élèves sans-papiers qui ne le disent pas parce qu’ils ont honte et, pour passer le bac, il faut une carte d’identité", a déclaré à l’AFP devant la préfecture de Bobigny Kamel Yanat, enseignant à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis) et membre du Snes-FSU, principal syndicat d’enseignants.
A l’appel du réseau Education sans frontières (ESF), qui réunit associations de défense des droits de l’homme et du monde éducatif, syndicats et partis de gauche, cette journée avait pour but "de manifester notre solidarité avec les jeunes persécutés pour n’avoir pas de papiers".
Les participants à la quinzaine de rassemblements en France ont demandé à être reçus en préfecture car "nous n’acceptons pas le sort fait à ces élèves et moins encore celui auquel ils sont promis et, au delà, de demander l’abrogation des lois et règlements qui génèrent des situations honteuses", a précisé ESF.
Si le recensement exhaustif des élèves sans-papiers est "impossible" à établir selon le ministère de l’Education nationale, les membres de ESF ont affirmé que, "avec un chiffre de sans-papiers estimé entre 200 et 300.000 en France, il y a un minimum de 10.000 enfants sans-papiers".
Les enseignants interrogés affirment avoir conduit eux-mêmes les élèves concernés, paralysés par la peur de l’expulsion, à révéler leur situation.
Le lycée professionnel de Choisy-le-Roi (Val-de-Marne) en a recensé sept, selon Cécile Rigaldies, documentaliste, qui participait au rassemblement organisé à Créteil. Selon elle, c’est l’"électrochoc" provoqué par le premier cas qui a abouti à la prise de conscience de l’équipe.
Au lycée Fernand Léger à Ivry (Val-de-Marne), ce sont encore les professeurs qui ont mené leur enquête, répertoriant 15 sans-papiers sur 450 élèves.
"L’Education nationale a obligation d’accueillir tous les jeunes sans distinction entre 6 et 16 ans", a précisé le ministère. Après cet âge, les inspecteurs et les préfets "se concertent". "Notre rôle est de sensibiliser le préfet", a-t-on ajouté.
La plupart du temps cependant, ce sont les actions menées au sein même des établissements par les enseignants, les parents et les élèves, qui permettent de trouver une solution.
Dans le cortège de Créteil, Mourad, Marocain de 18 ans, arrivé en France en 2001 et élève en CAP construction, raconte qu’il vit "dans la peur". "Avant que l’on découvre ma situation, je ne parlais à personne", assure-t-il.
La situation de Mama Diomandé, Ivoirienne de 18 ans, scolarisée à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) et qui a manifesté à Bobigny, s’est nettement améliorée. Elle avait reçu une "invitation à quitter le territoire" le 14 décembre mais on lui a, depuis, promis une carte d’étudiante. "Si j’étais restée dans l’ombre, je n’aurai jamais eu tout ça", a-t-elle confié à l’AFP.