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En dépit de 30 % d’étudiants boursiers en classe prépa, les étudiants les plus défavorisés manquent à l’appel

n a explosé les objectifs fixés." Pour Fadela Amara, la secrétaire d’Etat chargée de la politique de la ville, et Valérie Pécresse, la ministre de l’enseignement supérieur, en déplacement mercredi 2 septembre à Meaux (Seine-et-Marne), le contrat est rempli : 30 % des 42 000 élèves inscrits cette année en première année de classe préparatoire aux grandes écoles sont des étudiants boursiers de l’Etat. Cet objectif ambitieux, fixé dès 2006 par Jacques Chirac, a été repris par son successeur à la présidence de la République, Nicolas Sarkozy. Dans son discours sur l’égalité des chances, prononcé le 17 décembre 2008, le président avait fixé à 25 % le nombre de boursiers dans ces classes d’élite à la rentrée 2009, et à 30 % en 2010. L’an dernier, le taux était de 23 %.

Les classes les plus populaires auraient-elles soudainement investi les hypokhâgnes, prépas HEC et autres math-sup ?

Pas exactement. Ce bond spectaculaire s’explique avant tout par la réforme des bourses sur critères sociaux. En 2008, le ministère de l’enseignement supérieur a relevé de près de 5 000 euros le plafond de revenu parental pris en compte pour obtenir une bourse. Ce qui a permis mécaniquement à 50 000 étudiants supplémentaires d’obtenir une bourse, généralement à l’échelon zéro, l’échelon le plus bas qui dispense de frais d’inscription (pour les élèves de prépa, cela dispense des frais de concours des grandes écoles) et de la sécurité sociale, mais n’octroie aucun versement.
Si la mesure est positive pour les étudiants, elle a aussi le plus naturellement permis de gonfler les statistiques du nombre de boursiers en prépa. "A l’heure actuelle, environ 75 % des élèves boursiers inscrits en classes prépa sont à l’échelon zéro. Les échelons supérieurs de 1 à 6 ne représentent qu’un quart des élèves boursiers", concède le ministère. Conclusion, "même s’il n’existe pas réellement de corrélation prouvée entre l’échelon de bourse et la catégorie socioprofessionnelle des parents des élèves", prévient le ministère, la vaste majorité des étudiants boursiers de classes préparatoires semblent plus issus de la classe moyenne que des classes défavorisées. Une cible qui reste pourtant l’objectif officiel du ministère.

La démocratisation des classes préparatoires se ferait donc en partie en trompe-l’oeil. De fait, depuis une dizaine d’années, la composition sociale des classes préparatoires reste relativement stable. Quelque 60 % des étudiants sont toujours issus des catégories socioprofessionnelles plus favorisées, environ 30 % sont des enfants d’ouvriers, d’employés, de profession intermédiaire et 10 % des enfants de retraités ou d’inactifs, selon les statistiques ministérielles.

Après la réforme, le pourcentage de "boursiers" n’apparaît donc plus comme le thermomètre le plus pertinent pour mesurer la diversité sociale de ces classes d’où émergera l’élite de demain. Un bémol qui n’empêche pas Valérie Pécresse de fixer d’ores et déjà un nouvel objectif : obtenir rapidement 30 % de boursiers en grandes écoles, alors que ce pourcentage oscille entre 7 % à HEC et 18 % à Euromed Marseille.

Pour y arriver, la ministre compte ouvrir des discussions avec les responsables des grandes écoles et capitaliser sur le dispositif des "cordées de la réussite". Ces réseaux qui font coopérer lycées défavorisés, lycées à classes prépa, universités et grandes écoles. Les élèves des lycées défavorisés ou de certaines classes prépa pour bacheliers technologiques bénéficient de tutorat, de cours de langue supplémentaires, de visites ou voyages culturels… Le ministère prévoit la labellisation d’ici à 2010 de 250 cordées de la réussite, contre 142 aujourd’hui.

Philippe Jacqué
LE MONDE | 03.09.09 |

Article paru dans l’édition du 04.09.09

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