Chicago, université star aux moyens hors normes
Jouissant d’une réputation d’excellence, l’université de Chicago mise avant tout sur la recherche. Forte d’un « trésor de guerre » de près de 5 milliards de dollars, elle a engagé depuis peu une série de projets de développement.
A l’échelle de la France, c’est une « petite » université : à peine 14.000 étudiants. Il n’empêche : l’université de Chicago, fondée en 1890 par le magnat du pétrole John D. Rockefeller, est aussi l’une des plus cotées des Etats-Unis, l’égale de Harvard, de Stanford ou du Massachusetts Institute of Technology (MIT).
A quoi tient cette réputation ? D’abord à un positionnement unique, qui met l’accent très fortement sur la recherche. Environ 9.000 de ses étudiants sont inscrits dans des cursus post-diplôme, du type PhD (l’équivalent du doctorat) ou MBA. Dans toutes les disciplines, on y mène des travaux de haut niveau, qui sortent souvent des sentiers battus. Chicago est en pointe pour le management, la médecine et la biologie, les « humanités », la physique, les sciences de l’ingénieur, l’informatique, l’anthropologie. L’ école de Chicago est même devenue une référence en économie pour avoir théorisé la libre entreprise et le libéralisme, notamment sous l’égide de Milton Friedman. Idem pour la sociologie. C’est aussi sur le campus de Chicago qu’a eu lieu la première réaction nucléaire contrôlée. Et ses chercheurs ont glané un nombre incalculable de récompenses internationales. Plus de 80 d’entre eux ont ainsi été « nobélisés ».
Ensuite, l’université dispose de moyens colossaux. Les chiffres donnent le vertige : plus de 2.100 professeurs, et un trésor de guerre de près de 5 milliards de dollars. Chicago possède aussi la presse universitaire la plus développée du pays.
Jackpot pour la « business school »
L’exemple de la « business school » de l’université illustre bien cette aisance financière. Un milliardaire américain, David G. Booth, y a effectué l’an dernier la plus importante donation privée jamais vue en faveur d’une école de management : 300 millions de dollars (230 millions d’euros). En signe de reconnaissance, l’école a d’ailleurs pris le nom de « Chicago Booth School of Business ». « Cette somme va nous aider à attirer les meilleurs enseignants dans le monde et à renforcer notre présence à l’international », s’est félicité Edward Snyder, le doyen de la « business school ». Et cela, alors que nombre d’universités américaines doivent réduire leur train de vie. Or l’école dispose déjà d’un campus à Londres et d’un autre à Singapour.
Des professeurs du monde entier
Jonathan Bensamoun, ingénieur diplômé de l’Epita, a choisi d’effectuer un MBA « full time » à Chicago. « C’est un cursus très intensif. Je n’ai jamais autant travaillé de ma vie,indique-t-il.Certains profs sont incroyablement brillants ; plusieurs occupent d’ailleurs des postes de premier plan dans des institutions prestigieuses. On a un vrai plaisir à travailler avec des gens venus d’horizons très divers. »
Cette réputation et cette « puissance de feu » permettent à Chicago d’attirer des étudiants de haut niveau et des professeurs de tous pays. Résultat, l’université offre un environnement plus international que nombre de ses rivales outre-Atlantique. Sur le campus de Hyde Park, situé à une dizaine de kilomètres du centre de Chicago, on entend ainsi parler toutes les langues…
Mais elle n’entend pas en rester là. Ces derniers mois une série de projets d’extension a été annoncée : création d’un institut Milton Friedman (200 millions de dollars), construction d’une résidence étudiante, d’un hôpital, d’un bâtiment dédié aux sciences. Le tout sera financé par une campagne de « fundraising » à l’échelle de sa renommée. Montant prévu : 2 milliards de dollars.
JEAN-CLAUDE LEWANDOWSKI, Les Echos
[ 21/08/09 ]
Pour en savoir plus – http://www.lesechos.fr