Facultés de médecine dentaire au Québec – Ils sont 162 «nouveaux» à s’inscrire chaque année
Le volet communautaire prend une place accrue dans la formation
Source : http://www.ledevoir.com
Pierre Vallée
Édition du samedi 11 et du dimanche 12 septembre 2004
Mots clés : Québec (province), Université, médecine dentaire, inscription
Il existe trois facultés de médecine dentaire au Québec et elles sont situées à l’Université de Montréal, à l’Université Laval et à l’université McGill. Elles offrent toutes au premier cycle la formation menant à l’obtention du diplôme de docteur en médecine dentaire (DMD). Les admissions sont évidemment contingentées. Plus tard, les spécialisations suivent.
Contingentement en dentisterie ? Oui. «Le contingentement est déterminé par les installations techniques que nous avons à notre disposition puisque les étudiants doivent exercer pendant leur formation», explique Jean-Paul Goulet, doyen de la faculté de médecine dentaire à l’Université Laval.
En ce qui concerne les études supérieures, chaque université a choisi ses champs de spécialisation. Toutes les spécialités ne sont pas enseignées au Québec et les étudiants doivent parfois parfaire leur formation en allant étudier soit ailleurs au Canada, soit aux États-Unis.
«Ce sont les coûts de formation qui nous empêchent d’offrir toutes les spécialités, précise Claude Lamarche, doyen de la faculté à l’Université de Montréal. Par exemple, pour six étudiants en prosthodontie, il me faut embaucher 12 professeurs.»
Université de Montréal
L’Université de Montréal accepte chaque année 85 étudiants. «Cela fait de nous la plus grosse faculté au Canada», avance Claude Lamarche. La durée de la formation est de cinq ans si l’on compte la première année dite pré-dentaire. À l’obtention de son diplôme, l’étudiant aura deux ans et demi d’expérience clinique. Les filles comptent pour environ 65 % des admissions et le taux de réussite avoisine les 95 %.
On a récemment procédé à une refonte du curriculum, qui était inchangé depuis 30 ans. On l’a modernisé pour faire place à de nouvelles disciplines telles la dentisterie cosmétique et l’implantologie, et l’on a cherché à décloisonner l’enseignement en tissant des liens, par exemple avec le CHUM et l’Institut de gériatrie de Montréal. Un projet de concert avec le CLSC Faubourg permet de soigner les jeunes sans-abri de 18 à 30 ans. «On a cherché avec ce projet à montrer à la population que la médecine dentaire a un rôle à jouer dans la communauté.»
L’Université de Montréal offre aux études supérieures deux types de programme : un programme à orientation clinique et un programme à orientation en science fondamentale. Le programme à orientation clinique comprend un certificat de résidence multidisciplinaire, un certificat de résidence approfondie en médecine dentaire et en stomatologie, et trois maîtrises en médecine dentaire, soit en dentisterie pédiatrique, en réhabilitation prosthodontique et en orthodontie. Le programme en science fondamentale comprend une maîtrise en biologie moléculaire, une maîtrise en microbiologie et une maîtrise en sciences buccodentaires.
On offre aussi un programme de formation continue et le volet recherche comprend présentement huit laboratoires. On y effectue des recherches, entre autres, dans le domaine de la douleur, de la génétique moléculaire de l’os, de la microbiologie et du contrôle des infections, et dans le domaine des tissus calcifiés et des biomatériaux.
Selon Claude Lamarche, un des champs de recherche de l’avenir est tout ce qui touche la découverte du gène responsable de la «régénérescence». «Au fond, il faudrait découvrir le gène qui pourrait nous donner un troisième "set" de dents.»
Université Laval
On accepte chaque année à la faculté de médecine dentaire 47 étudiants. «Cela nous donne une cohorte d’étudiants qui nous permet de bien desservir l’est du Québec», précise Jean-Paul Goulet, doyen de la faculté. Ici aussi, les filles sont plus nombreuses que les garçons. «Je viens de rencontrer les étudiants de la rentrée et, sur les 47, on compte seulement 11 garçons.»
La durée de la formation est de quatre ans et mène à l’obtention du diplôme de docteur en médecine dentaire. Le taux de réussite est supérieur à 90 %. La faculté a aussi développé un volet international qui permet aux étudiants de faire un stage dans des pays en voie de développement. De pareils projets ont eu lieu en Bolivie et au Paraguay, et le prochain projet se déroulera au Burkina-Faso, en Afrique.
Le programme des études supérieures offre une formation en dentisterie multidisciplinaire, une formation en chirurgie buccale et maxillo-faciale, une formation en gérodontologie, une formation en parodontie ainsi qu’une maîtrise en sciences dentaires. «Nous sommes la seule faculté à offrir une formation en gérodontologie en français au Canada.» Cette spécialité vise surtout à traiter les maladies parodontales dont souffrent souvent les gens âgés. «On cherche aussi à soigner les gens en perte d’autonomie. On se rend même au domicile des gens pour effectuer des traitements à l’aide d’équipements portatifs.»
En ce qui concerne la recherche, la faculté peut compter, entre autres, sur le Groupe de recherche en écologie buccale (GREB) qui regroupe des chercheurs dans le domaine de la microbiologie et de l’immunologie des infections buccales. «On appelle ça de l’écologie buccale parce que la bouche est au fond un écosystème où cohabitent plus de 500 espèces de micro-organismes.»
Un autre secteur de recherche prometteur, selon Jean-Paul Goulet, est celui qui cherche à établir des liens entre la santé buccale et la santé en général. «Des études effectuées ici ont démontré qu’il existe un lien entre les femmes enceintes souffrant de maladies buccales et les naissances prématurées.»
Selon le Dr Goulet, le prochain défi de la médecine dentaire se situe du côté du traitement des maladies parodontales. «Nous avons réussi à éliminer le nombre de caries d’environ 80 %, mais les maladies parodontales, elles, ne diminuent pas.»
Université McGill
On accepte 30 étudiants par année à la faculté de médecine dentaire de l’université McGill. Environ 65 % des étudiants sont des filles et le taux de réussite est presque de 100 %. La durée de la formation est de quatre ans, sauf pour les étudiants qui sortent du cégep et qui doivent faire une année pré-dentaire. «Mais les trois quarts de nos étudiants ont déjà un baccalauréat», précise James Lund, doyen de la faculté.
En ce qui concerne les études supérieures, la faculté offre trois programmes de spécialisation : une maîtrise en sciences en médecine dentaire et une formation en chirurgie maxillo-faciale. Le troisième programme, qui démarre cette année, est en odontostomatologie légale. «Nous avons mis sur pied ce programme grâce à l’initiative du Dr Dorion de l’Institut médico-légal.» Le programme est conçu pour être suivi sur Internet et comprend des stages pratiques à l’Institut médico-légal. «On a choisi Internet car il existe aux États-Unis une forte demande pour la dentisterie légale.» Il existe aussi un certificat de résidence en dentisterie multidisciplinaire.
La faculté est aussi impliquée dans de nombreuses activités de recherche, souvent de concert avec d’autres facultés. On s’intéresse en particulier à la biologie de l’os et aux infections du parodonte. Parmi les recherches, il y en a une qui mérite d’être soulignée. Réalisée de concert avec l’hôpital Royal Victoria, elle porte sur les personnes édentées.
«Environ 40 % des personnes âgées au Québec sont complètement édentées. Les études démontrent clairement que les personnes édentées ont une espérance de vie moins grande.» Parmi les solutions envisagées, il y a la fixation de la prothèse dentaire inférieure à l’aide de deux implants dentaires. «Cela donne de bons résultats et comme il n’y a que deux implants, les coûts ne sont pas trop élevés.»
Le volet communautaire de la faculté est lui aussi bien développé puisque les professeurs et les étudiants contribuent à 12 cliniques communautaires. On a tissé des liens avec plusieurs groupes, comme le Bon Dieu dans la rue. Cela convient bien à la philosophie de James Lund, qui conçoit la santé dentaire comme un problème de santé publique. «La bouche n’est pas une structure isolée et les maladies buccales ont un effet sur la santé en général.»