Étudier en Côte d’Ivoire, un véritable calvaire
Je suis orphelin de père et ma mère est ménagère dans un village du département d’Agboville, ville située à 85 kilomètres d’Abidjan (République de Côte d’Ivoire). Dans ma famille, je suis actuellement le seul qui fréquente. Nous sommes 5 enfants, 2 garçons et 3 filles. Les filles sont toutes mariées au village et sont des ménagères. Mon grand frère est maçon et ne perçoit que 45000fcfa par mois.
En Côte d’Ivoire, les années universitaires sont très longues car rien n’avance. Nous faisons facilement deux à trois ans dans une même classe. Les grèves sont très fréquentes dans les universités ivoiriennes. Actuellement où je vous parle les professeurs à l’université sont en grève pour des problèmes de salaires. L’année dernière ces derniers ont fait une grève de quatre mois et cette année, cela fait trois mois qu’ils font la grève.
Le problème lié au transport des étudiants
Les conditions d’études sont très difficiles en Côte d’Ivoire car les moyens de transport publics sont insuffisants. Pour un étudiant qui a cours à 10 h du matin, il est obligé de se réveiller à 4 h du matin pour espérer avoir un bus pour se rendre à l’université. Pour le retour, après avoir fini les cours à 18 h du soir, il peut rentrer à la maison à minuit au moins. Cela se répète tout au long de l’année.
Des bibliothèques peu fournies
Aussi, les bibliothèques ne sont pas fournies en documents et les étudiants n’ont pas les moyens pour s’acheter les livres; ce qui ne facilite pas les recherches pour les étudiants.
L’impact de la crise sociopolitique
L’avènement de la crise sociopolitique a encore accentué la souffrance de nous autres, étudiants ivoiriens. Car étudier dans les conditions de couvre feu, dans les conditions d’état d’urgence n’est pas du tout facile.
Les enseignants
Pour les examens à l’université, quand nous composons dans une matière, nous pouvons parfois attendre trois à quatre mois au minimum pour recevoir les résultats. Souvent nous pouvons même attendre jusqu’à six mois pour recevoir les notes d’une matière que nous avons passée au cours de la deuxième section. Souvent toutes ces pertes de temps sont couronnées par des années blanches.
En ce qui concerne les enseignants, au lieu de nous dispenser convenablement les cours, ils préfèrent faire des fascicules qu’ils vendent aux étudiants. Donc quand tu n’as pas son document tu ne pourras jamais valider sa matière.
Les syndicats des étudiants
En dehors des enseignants, les syndicats des étudiants sont très barbares. Pour rien ils frappent les étudiants en plein cours et personne ne peut leurs faire quoi que ce soit, même pas la police nationale. Ce sont les membres de ces syndicats qui décident des personnes qui doivent vivrent au campus. Si tu n’es pas de leur bord c’est-à-dire du même point de vue qu’eux, tu n’as pas droit à la cité universitaire. Ce sont d’ailleurs ces conditions qui m’ont amené à aller vivre avec un ami dans un quartier lointain de la ville d’Abidjan. Environ 25 kilomètres de mon université.
Toutes les conditions ont fait que pour une formation que je devrais faire en 3 ans au maximum, je l’ai fait en 5 ans.