Etudes au Canada -Opération séduction des facs québécoises pour attirer les étudiants

France – Opération séduction des facs québécoises pour attirer les étudiants de banlieue

Dans le hall de l’Institut Galilée de l’université Paris-XIII, située à Villetaneuse (Seine-Saint-Denis), à deux pas d’une "AG" d’étudiants, une douzaine d’universités québécoises ont installé des stands.

"Etudier au Québec", peut-on lire sur une large banderole. Université du Québec à Montréal, université Laval, université de Sherbrooke… en ce mois de février, tous ces établissements se sont engagés dans une opération séduction auprès des étudiants français de banlieue.

" Le caractère diversifié et métissé des universités françaises de banlieue est une richesse", explique Anick Lalonde, directrice du bureau de recrutement de l’université du Québec à Montréal. " Nous ne voulons surtout pas d’uniformité dans nos établissements, c’est l’une des raisons de notre présence ici."

La tournée s’est donc focalisée sur les deux universités du "9-3", Paris-XIII et sa voisine de Saint-Denis, l’université Paris-VIII. Les établissements québécois espèrent trouver là un nouveau vivier d’étudiants étrangers. Car à l’image de celui du Canada, le développement de la Belle Province passe par l’arrivée de cerveaux venus d’ailleurs.

Les dix-huit universités que compte le Québec, toutes publiques, "chassent" donc dans les pays francophones (France, Maroc, Tunisie, et bientôt Belgique et Suisse) mais aussi au-delà, notamment au Brésil. La France, avec 7 000 inscrits dans les établissements québécois, fournit à elle seule le tiers du contingent des étudiants internationaux. La Conférence des recteurs et des principaux des universités du Québec (Crepuq) a pour ambition d’augmenter encore de 10 % ces chiffres. En une matinée, une centaine d’étudiants de Paris-XIII sont venus se renseigner sur la possibilité de poursuivre leurs études au Québec. Un bon score pour une première.

A l’image de Subajini et Aparna, toutes deux en troisième année de licence de physique-chimie et boursières, les étudiants de Villetaneuse posent d’abord des questions matérielles.

"Grâce à un accord entre les deux gouvernements, les Français paient les mêmes droits d’inscription que les étudiants québécois, autour de 800 euros par an", leur explique Gina Gagnon, coordinatrice du service aux étudiants de l’université du Québec à Chicoutimi, une localité située à 200 km de la ville de Québec. "Pour une année d’études, tous frais compris, (voyage, logement, nourriture, loisirs, livres…), il faut prévoir un budget de 8 000 euros. Mais vous pouvez avoir une bourse, et trouver un petit boulot sur le campus", précise la responsable canadienne.

Afaf est, elle aussi, intéressée par un séjour au Québec : "J’ai une licence de sciences, j’aimerais continuer en maîtrise, en me spécialisant en environnement", explique-t-elle. "Voulez-vous faire de la recherche ?", l’interroge son interlocutrice. "Non, pas vraiment." "Il vaut mieux alors vous orienter vers une licence spécialisée", lui suggère Mme Gagnon. Elle ajoute : "Je vous donne le contact d’un professeur qui vous conseillera." " Il va me répondre ? On peut envoyer des mails aux professeurs ?", interroge la jeune fille, qui, incrédule, lâche : "A la fac, en France, c’est ça qui nous manque, la sociabilité."

Normand Schaffer, du service de promotion d’information des études de l’université du Québec à Trois-Rivières, se dit surpris par le "désarroi" des étudiants français : "On sent que leurs projets sont peu définis et qu’ils n’ont pas l’habitude d’être écoutés et orientés."

Après cette première expérience, Paris-XIII a l’intention de développer cette ouverture à l’international. "C’est essentiel pour une université comme la nôtre, implantée sur un territoire un peu difficile", considère Françoise Benhamou, récemment nommée vice-présidente chargée de l’international.

Dans deux mois, des universités américaines viendront se présenter à Villetaneuse. "Le choix de ce pays est symbolique. Nous voulons casser l’idée que les échanges avec les Etats-Unis ne seraient que pour les étudiants de Polytechnique", précise Mme Benhamou.

Catherine Rollot
Article paru dans l’édition du 22.02.09
Le Monde
http://www.lemonde.fr

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