Le WEF, forum mondial de l’entrepreneuriat
Le World Entrepreneurship Forum, organisé par EM Lyon et KPMG, vise à promouvoir l’esprit d’entreprise dans tous les domaines, à l’échelle de la planète.
L’entrepreneuriat comme antidote à la crise : c’est l’une des idées clefs du World Entrepreneurship Forum (WEF), organisé par le groupe EM Lyon et KPMG, avec le soutien des « Echos ». Pendant quatre jours, à Lyon, du 18 au 21 novembre, une centaine de personnalités de tous horizons – chefs d’entreprise et créateurs, fondateurs d’ONG, leaders politiques, experts et chercheurs, étudiants – venus d’une quarantaine de pays vont y réfléchir ensemble, élaborer des projets, imaginer un monde différent. Le premier « think tank » mondial consacré à l’entrepreneuriat : c’est ainsi que se présente le WEF.
Certes, on pourrait penser que la crise met à mal les velléités entrepreneuriales. Mais c’est plutôt le contraire : « La crise constitue une opportunité et un puissant aiguillon pour entreprendre, souligne Georges Haour, professeur à l’IMD de Lausanne. Elle change la donne, elle ouvre la voie à l’émergence de nouvelles idées. Beaucoup de gens se retrouvent fragilisés. Ils lancent des activités par nécessité, presque par contrainte. Dans les pays émergents, notamment, entreprendre est souvent la seule façon de survivre. On achète quelques litres d’essence, on les revend sur le bord de la route, on crée peu à peu un petit business… Certes, la crise accroît les difficultés de tous ordres, notamment de financement ; mais, dans le même temps, elle permet aux entrepreneurs de recruter des collaborateurs de bon niveau, de trouver des locaux à bon prix… Et elle permettra de profiter de la croissance lorsque celle-ci sera de retour. »
Transformer le monde
Parmi les quelque 350 événements organisés cette semaine dans toute la France lors des Journées de l’entrepreneur, le WEF occupe une place à part. Il s’agit en effet d’une manifestation à vocation réellement mondiale : on y rencontre des gens venus des Philippines, du Bangladesh, d’Amérique latine… L’occasion de démontrer que l’entrepreneuriat est présent partout sur la planète. « Nous avons trop tendance à nous focaliser sur les pays riches, observe Georges Haour. Or, en Afrique, en Chine, il existe aussi un esprit d’entreprise très fort. » Selon une étude récente, le pays le plus entreprenant au monde serait ainsi… l’Angola.
Le WEF permet aussi de rappeler que l’entrepreneuriat revêt des formes très diverses : il ne s’agit pas seulement de création de start-up high-tech, mais d’activités de tous ordres – de « small business » comme d’ONG ou de grands projets internationaux. En outre, l’entrepreneuriat n’est pas seulement créateur de richesses, il est aussi un outil de justice sociale et de transformation de la société. « Avant de faire de l’argent, l’entrepreneur veut changer le monde, rappelle Georges Haour. C’est quelqu’un qui consacre toute son énergie à son projet. Ce qui l’anime, c’est la passion. L’argent n’est pas son but premier : il n’est que le reflet de sa réussite. » C’est la raison pour laquelle un nombre croissant d’hommes poli-tiques et de grands patrons suivent avec attention les travaux de ce « Davos » de l’entrepreneuriat. Le thème de cette année – « Comment la puissance publique peut-elle soutenir le développement de l’entrepreneuriat ? » – souligne d’ailleurs cet intérêt accru des décideurs. Nombre d’experts estiment que, dans le contexte actuel, on ne met pas assez l’accent sur l’esprit d’entreprise.
Pour sa deuxième année d’existence, le WEF entend se consacrer à la réalisation d’outils concrets. « Nous voulons aboutir à des recommandations réellement pratiques et opérationnelles, indique Yves-Henri Robillard, directeur de l’événement. Nous allons aussi ouvrir davantage le forum sur l’extérieur, afin de mieux diffuser l’idée d’entreprendre dans la société. » Au programme, une remise des prix et des ateliers ouverts au public, sur des thèmes choisis par les étudiants d’EM Lyon, comme « Entreprendre au féminin », « Le micro-crédit » ou « Entrepreneuriat et territoire ».
Par JEAN-CLAUDE LEWANDOWSKI, Les Echos
18/11/09
Source: http://www.lesechos.fr