Education des filles : la meilleure chose à faire
Unicef – [11/12/03]
Ce chapitre explique que les investissements en faveur de l’éducation des filles sont des investissements en faveur du développement et énonce sept dispositions que les dirigeants de la planète doivent prendre pour garantir le droit des filles à l’éducation.
La meilleure chose à faire
Investir dans l’éducation des filles est indispensable au développement. Loin de nuire aux autres secteurs du développement social, le financement de l’éducation des filles en valorise l’activité. Il soulage d’autant le système de soins de santé en réduisant la mortalité infantile et maternelle, en maintenant les enfants en meilleure santé et en diminuant l’incidence du VIH/SIDA. Il améliore la productivité des femmes et, ce faisant, consolide l’économie à long terme. Fournir un point d’eau et des installations d’assainissement dans une école permet de scolariser les filles en plus grand nombre et d’améliorer la santé et l’hygiène de la communauté locale.
Le coût n’est pas prohibitif. Les sommes à investir pour parvenir à l’éducation universelle – de 9,1 milliards de dollars à 38 milliards de dollars selon les estimations – seront prises en charge par les pays en développement eux-mêmes. D’après les estimations de la Banque mondiale, le montant de l’aide extérieure nécessaire d’ici à 2015 s’élèverait à environ 60 milliards de dollars, somme considérable, certes, mais nettement inférieure au coût d’opérations militaires de grande envergure dont le financement ne semble jamais poser de problèmes.
Les obstacles concrets ne sont pas non plus insurmontables. Les solutions ont fait leur preuve. Mais l’on ne peut pas se contenter de plaquer une approche qui s’est avérée efficace sur un programme éducatif existant. Les projets d’éducation des filles doivent être élaborés de façon spécifique dès le départ.
Les programmes d’éducation des filles doivent répondre à trois buts spécifiques : réduire le nombre de filles non scolarisées, améliorer la qualité de l’éducation pour tous les enfants et assurer l’élévation du niveau d’instruction pour tous les enfants.
Une nouvelle théorie de l’éducation
Pour inscrire les filles à l’école et s’assurer qu’elles y aillent régulièrement, il faut mettre en œuvre des stratégies intégrées à tous les niveaux – famille, communauté, administration locale et gouvernement national. Tous les ministères, et non seulement le ministère de l’éducation, doivent relever ce défi.
Sept dispositions à prendre pour aller de l’avant
Les gouvernements, les organisations humanitaires et les institutions internationales doivent prendre des dispositions concrètes pour sauver les 65 millions de filles qui ne vont pas à l’école. Il existe sept mesures essentielles :
Faire de l’éducation des filles un volet essentiel de l’effort de développement. Les principes fondamentaux relatifs aux droits de l’homme doivent inspirer les programmes de développement économique et de lutte contre la pauvreté.
Instaurer une culture nationale en faveur de l’éducation des filles. Les communautés doivent être aussi scandalisées par le fait que des filles ne peuvent aller à l’école qu’elles le sont par le cas des garçons et des filles dont le travail est dangereux.
Interdire les frais de scolarité quels qu’ils soient. Toutes les écoles primaires doivent être gratuites, universelles et obligatoires.
Ne pas cantonner la réflexion au secteur de l’éducation. L’éducation en général, et l’éducation des filles en particulier, doivent faire intégralement partie des plans de réduction de la pauvreté de chaque pays.
Faire des écoles des centres de développement communautaire. Les écoles et les lieux d’apprentissage moins « classiques » devraient être des endroits où suivre des cours et acquérir des aptitudes, ainsi que des centres de participation et de développement communautaires.
Intégrer les stratégies. Supprimer les multiples obstacles à l’éducation des filles doit s’effectuer à trois niveaux : investissements, politiques et institutions; prestation de services; et cadres conceptuels, plus précisément ceux des démarches fondées sur les droits économiques et les droits de l’homme
Augmenter le financement international en faveur de l’éducation. Tous les pays industrialisés devraient affecter 10 pour cent de l’aide publique à l’éducation de base et honorer leur engagement de se rapprocher rapidement de l’objectif consistant à allouer au moins 0,7 pour cent de leur produit national brut au titre de l’aide, et au moins 0,15 pour cent en faveur des pays les moins avancés. L’Initiative de la Banque mondiale pour l’accélération de l’éducation pour tous doit être étendue à d’autres pays et garantir le financement rapide de leurs besoins.
Ce que le XXe siècle n’a pas encore réglé
Si le monde ne se concentre pas sur l’échéance de 2005 concernant l’éducation des filles, les Objectifs de développement pour le Millénaire ne seront pas réalisés. Nous sommes maintenant au XXIe siècle; le moment est venu de nous occuper de ce que le XXe siècle n’a pas encore réglé.