Dur, dur de se passer des produits chinois
Les nombreuses alertes sur la dangerosité des produits chinois ont incité une journaliste américaine à essayer de boycotter le Made in China prendant un an. Elle raconte son expérience dans un livre.
Et de trois… Après deux précédents rappels de jouets chinois les 1er et 14 août, Mattel demande à ses clients de lui renvoyer sept accessoires de poupées Barbie dont la peinture présente une teneur en plomb dangereuse. Plus de 800.000 produits sont, cette fois, concernés dans le monde.
Aux Etats-Unis, cette annonce ne peut que renforcer la propension de l’opinion à bouder les produits chinois. Dans les sondages, deux tiers des personnes interrogées se prononcent en faveur du boycott. Après les fruits de mer toxiques, le dentifrice empoisonné, les pneus douteux, la nourriture pour chiens chargée en pesticides et les jouets dangereux, la confiance dans le made in China est ruinée. 30% seulement des Américains disent encore se fier aux produits alimentaires chinois.
Mais peuvent-ils pour autant s’en passer? Selon le Census Bureau, au premier semestre, les Etats-Unis ont importé l’équivalent de 148 milliards de dollars de biens de Chine alors qu’ils n’y exportaient que 31 milliards. 15,5% des importations proviennent aujourd’hui de ce pays, responsable à lui seul du tiers du déficit commercial américain.
Sara Bongiorni, une journaliste économique indépendante de Baton Rouge (Louisiane) a décidé de prendre ses concitoyens au mot. Elle s’est passée des biens chinois pendant toute l’année 2005, après avoir constaté que 25 sur les 39 cadeaux reçus par sa famille à Noël venaient de Chine. Elle raconte de façon drôle et concrète son expérience dans un best seller paru en juillet : A Year Without Made in China, One Family’s Time Life Adventure in the Global Economy. Pour tenir son engagement, elle a dû payer un supplément de 150 dollars pour offrir des lunettes de soleil américaines à son mari; acheter, pour son fils de quatre ans, des baskets italiennes à 68 dollars qui « produites en Chine, auraient coûté 14 dollars ». Quand la machine à café est tombée en panne, elle n’a pas pu la remplacer, et elle n’a pas trouvé de piscine gonflable non-chinoise sur le marché. Même les pièges à souris disponibles sont exclusivement chinois… Verdict de l’auteur après une année épuisante à chercher des sources alternatives tout en essuyant les critiques de sa famille : « je ne le referai pas. On peut se passer du made in China mais il faut être prêt à renoncer aux produits les plus courants et à perdre énormément de temps et d’argent ».
Isabelle Lesniak, à New York
Source:
Le quotidien de L’Expansion
05/09/2007