Du Cameroun à l’INSA Strasbourg
Eric, 26 ans, est étudiant en première année du cycle ingénieur de l’INSA Strasbourg. Originaire du Cameroun, ce "sage", travailleur et musicien, raconte sa vie en école, dans la capitale alsacienne.
Eric, l’étudiant qui venait du chaud. A 26 ans, ce jeune homme originaire du Cameroun est étudiant en première année du cycle ingénieur (soit la troisième année) de l’INSA (Institut nationale des sciences appliquées) de Strasbourg. "J’ai passé un bac électrotechnique en 2002 à Douala, puis je suis parti effectuer une licence d’électronique en Belgique, à la Haute Ecole du roi Baudouin", raconte-t-il. A la rentrée 2008, Eric intègre l’INSA sur dossier. "J’avais obtenu d’excellentes notes en licence et j’ai fait part de ma volonté de réussir. Je voulais venir ici pour suivre des études techniques mais aussi théoriques, car je savais que ça allait me rendre plus efficace". L’étudiant choisit l’INSA Strasbourg pour sa bonne réputation. "Comme tous les autres INSA", précise-t-il. Au cas où, il postule également à l’UTBM (Université de technologie de Belfort-Montbéliard). "Nous étions beaucoup de candidats à vouloir entrer à l’INSA. Je ne peux pas dire combien mais, le jour des résultats, le site Internet était saturé !".
Les différents accès à l’INSA Strasbourg
L’INSA Strasbourg propose deux cycles : le cycle architecture et le cycle ingénieur. En cycle ingénieur, il existe plusieurs portes d’entrée selon le niveau des candidats : en première année (juste après le bac, pour cinq ans d’études), en deuxième année (avec un bac + 1 validé, pour quatre ans d’études), en troisième année (avec un bac + 2 ou 3, pour trois ans d’études), en quatrième année (après un bac + 4 minimum, pour deux ans d’études).
A l’INSA Strasbourg, place aux sciences et aux techniques
En intégrant l’INSA Strasbourg, les étudiants choisissent une spécialité. Eric a opté pour la spécialité génie électrique. "J’étudie l’électronique (la manipulation des courants faibles), l’électrotechnique (l’étude des moteurs, des transformateurs, des réseaux à courant fort), la physique (thermique, électromagnétisme…), les maths, la construction mécanique, la résistance des matériaux, etc. A ces matières scientifiques et techniques s’ajoutent des langues. L’an prochain, je suivrai également des cours de gestion et de management".
Une formation de plus en plus pratique
Au total, l’emploi du temps de l’étudiant comprend trente-quatre heures d’enseignements par semaine. "Les travaux en laboratoire, l’application des matières purement techniques comme l’électricité, c’est ce que je préfère. C’est ce qui me semble plus facile. Or, pour le moment, la théorie l’emporte sur la pratique. Environ 60-75 % des cours se passent en amphi. Heureusement, les stages vont prendre de plus en plus d’importance dans la formation". Parmi toutes les matières proposées, Eric apprécie particulièrement l’électronique et… les langues (allemand et anglais). "J’aime être en communion avec plusieurs personnes de cultures différentes. La langue est un moyen d’entrer en contact", explique-t-il.
Les maths sont utiles (et oui)
L’étudiant avoue ne détester aucune discipline. "Tout sert, tout est complémentaire. Les maths, par exemple, c’est souvent difficile mais c’est important pour comprendre le reste. Les professeurs nous font prendre conscience de leur valeur à travers des interprétations physiques. Les maths perdent ainsi leur côté abstrait. La dérivée devient une estimation dans un temps très bref". CQFD.
Eric, la tête chercheuse de l’INSA Strasbourg
Eric a testé deux voies : l’université et l’école d’ingénieurs. Il est donc à même de comparer. "A la fac, on a du temps. Ici, on est très absorbé par les cours. Pour moi, c’est mieux : je suis sûr de me concentrer sur la travail". Et quelle différence avec le lycée ? "Au lycée, on est obligé d’y aller ! On est poussé par nos parents… Ici, on est là par choix, pour nos besoins personnels, pour apprendre. Je remercie d’ailleurs mes parents qui m’ont encouragé à étudier avant que je ne me rende compte de la valeur des études". Une leçon pour tous les fainéants…
Super bosseur
A l’INSA Strasbourg, Eric fournit beaucoup de travail personnel. "Je fais des recherches à la bibliothèque pour comprendre les matières sous un autre angle et graver les connaissances dans ma mémoire. La formation d’ingénieur nous apprend à chercher. Par la suite, je n’appliquerai pas toujours en entreprise ce que j’aurai appris mais, avec cette méthode, je m’adapterai plus facilement". Question évaluation, l’école programme des partiels une fois par semestre, des devoirs et des rapports de laboratoire à rendre une fois par semaine.
Trois stages, trois étapes clés de la formation d’ingénieur
Les stages en entreprise, un bon moyen de mettre en application les connaissances acquises à l’école. Comme souvent dans les écoles, l’INSA Strasbourg prévoit trois stages en cycle ingénieur, un par année. "En première année, il s’agit d’un stage d’exécutant : nous apprenons comment cela se passe au niveau ouvrier. Ainsi, nous serons peut-être plus compréhensifs quand nous serons ingénieurs…". En deuxième année, les élèves suivent un stage de technicien pour découvrir les applications techniques sur le terrain. "On participe déjà à la réflexion de l’entreprise". Enfin, en dernière et troisième année, les futurs ingénieurs effectuent un projet de fin d’études pendant tout le second semestre.
Des professeurs à l’écoute
Eric n’a pas connu de problèmes d’intégration en arrivant à l’INSA Strasbourg. "Les professeurs ont toujours répondu à mes sollicitations, en cours comme en TP. Ils font de leur mieux pour que les élèves se sentent à l’aise et comprennent leur matière. Parmi les autres étudiants, je me sens plutôt très bien. Nous sommes 30-35 par classe, parfois regroupés avec d’autres spécialités (génie climatique, génie énergétique, etc.) pour certains cours. On peut se poser des questions, s’échanger des cours sans souci". Et les filles ? "Elles sont six ou sept dans ma classe. C’est sûr qu’il y a beaucoup plus de garçons dans les écoles d’ingénieurs…", reconnaît Eric.
Eric, un baryton à l’INSA Strasbourg
Eric vit dans une chambre d’étudiant, en résidence universitaire, non loin de l’INSA Strasbourg. Les désagréments liés aux transports, il ne connaît pas… "Je trouve que la résidence est un peu trop calme. Les gens sont sympathiques mais on se sent un peu isolé. Il n’y a pas de fêtards, tout le monde est là pour étudier", regrette-t-il. Son loyer s’élève à 153 € par mois. L’étudiant paie ses frais grâce à des jobs effectués pendant les vacances ou le week-end, mais aussi des crédits et l’aide de sa famille restée au Cameroun. "Strasbourg est une belle ville, paisible. Il fait un peu froid mais je fais avec… Ici, je ne me sens pas seul, surtout quand il y a du travail !".
Chef de choeur
Quand il ne bûche pas, Eric consacre le plus clair de son temps à chanter. "Mon premier loisir, c’est la musique. Je suis chef de chœur de la chorale de l’école. Nous sommes une quinzaine de personnes et nous chantons presque de tout. Nous voulons accueillir toutes les sensibilités, tous les étudiants qui le veulent". Les répétitions ont lieu le jeudi, pendant deux heures. La chorale donne des concerts dans plusieurs langues (français, anglais, allemand, italien, baganté – la langue maternelle d’Eric – et autres langues africaines) pour des événements comme le gala de l’INSA ou Noël. "Je suis baryton : ma voix se situe entre les graves et les aigus", explique-t-il. Dans sa chambre, le jeune homme a installé un synthétiseur pour s’entraîner. En effet, Eric fait également partie d’autres chorales de la ville en tant qu’organiste (il joue de l’orgue). "En dehors de la musique, j’aime courir et me rendre à des réunions d’associations de ressortissants de pays africains".
Après l’INSA, retour au Cameroun pour mener des projets
En cinquième et dernière année, Eric devra choisir à nouveau une spécialité. "Je pense prendre automatisme, c’est-à-dire la programmation des systèmes automatiques". Et ensuite ? "Après l’INSA Strasbourg, je veux accomplir une œuvre concrète. J’aimerais mener des projets au Cameroun. J’ai un profond désir : voir la plupart de mes compatriotes camerounais, qui ont été formés à le technique, travailler pour leur épanouissement personnel et le développement de mon pays. Je n’exclus pas de créer une entreprise mais pour le moment ce mot est "trop gros" et me fait peur…". Un parcours à suivre.
Virginie Bertereau
Janvier 2009
Source: http://www.letudiant.fr