Doctorants et docteurs dans le monde

Doctorants et docteurs dans le monde

Les titulaires de doctorat, "les plus qualifiés en termes de niveau d’études", ont pour "mission" de "contribuer à l’avancement et à la diffusion des connaissances et des technologies", selon l’OCDE (1). Face au manque de comparaisons internationales sur cette population, l’organisation a décidé d’étudier sa composition et son devenir sur le marché du travail. Il en ressort de fortes disparités entre pays, mais l’Europe n’a pas à rougir de son rang.

En 2004, l’Union européenne comptait 18,2 millions d’étudiants, dont 3% suivaient un programme de doctorat, d’après Eurostat, l’office statistique des communautés europénnes (2). En chiffres absolus, et même sans inclure l’Allemagne, les doctorants étaient 1,4 fois plus nombreux dans l’UE qu’aux États-Unis, et 7,4 fois plus qu’au Japon. Il y a même eu cette année-là deux fois plus de doctorats décernés en Europe qu’aux États-Unis et six fois plus qu’au Japon. C’est l’Allemagne qui a tenu la corde avec plus de 23 000 doctorats attribués, tous domaines d’étude confondus. Plus de 50% des doctorants de l’UE (Allemagne non comprise) sont regroupés dans trois États membres: en France (101 309), au Royaume-Uni (89 378) et en Espagne (76 895). Les pays qui affichent les proportions les plus fortes de doctorants dans l’ensemble de l’enseignement supérieur sont la République tchèque, la Finlande et l’Autriche, avec un taux de 7% environ.

En Europe, au moins un doctorant sur quatre suivait le programme d’une filière scientifique ou technique en 2004, et même plus d’un sur deux en République tchèque, Irlande et Grèce. Ces proportions varient selon les sexes, les femmes se tournant davantage vers les domaines de la santé et de l’éducation. La parité n’est pas atteinte non plus dans le nombre de doctorats délivrés: en moyenne, 43,4% des nouveaux titulaires de doctorats de l’UE étaient des femmes en 2004, contre 47,7% aux États-Unis. Cependant, plus de 60% des docteurs sont des femmes en Estonie et à Chypre.

Protection contre le chômage
En 2004, l’OCDE a débuté une collaboration avec l’Institut de statistique de l’UNESCO et Eurostat sur les carrières des titulaires de doctorat. D’après les premiers résultats, présentés en 2007, le taux de chômage des docteurs est inférieur à celui de la population totale. En Australie, au Canada, aux Etats-Unis et en Allemagne, ce taux est compris entre 2 et 4%, contre 5 à 9% pour la population totale. On note que hormis au Canada, le taux de chômage des femmes docteurs est supérieur à celui des hommes. En Allemagne, il est même près de deux fois plus élevé (4,7% contre 2,5%). En Australie, aux Etats-Unis et en Allemagne, la part de l’emploi à temps partiel des titulaires de doctorats est inférieure à celle de l’ensemble de la population active. Le temps partiel peut être un choix, notamment pour les femmes.

Par professions exercées, on constate sans surprise qu’en Argentine, en Allemagne, au Portugal et aux États-Unis notamment, plus de 80% des docteurs occupent un poste de spécialiste (physicien, mathématicien, médecin, professeur d’université, juriste…). Au Canada, où cette proportion est légèrement inférieure (74%), 11,5% des docteurs ont accédé à des fonctions de direction. C’est le cas également de 10,5% des docteurs aux États-Unis. Une part non négligeable des docteurs semble se trouver à des postes ne correspondant pas à leur niveau élevé de qualification: en Allemagne et au Canada notamment, 15% ne sont ni des spécialistes, ni des dirigeants.

Mobilité des docteurs issus d’Asie et d’Europe
Autre résultat notable révélé par l’OCDE (3), le pourcentage de docteurs dans la population et parmi les actifs occupés est deux à trois fois plus important en Allemagne et en Suisse qu’en Australie, au Canada et aux États-Unis. Dans ce dernier pays, les titulaires sont plus âgés, et continuent de vieillir, à l’instar de leurs homologues canadiens. L’âge au moment de l’obtention du diplôme et la durée nécessaire pour l’obtenir y sont également supérieurs. Dans tous les pays, la préparation d’un doctorat en sciences sociales et en sciences humaines prend davantage de temps qu’en sciences naturelles et en ingénierie.

Parmi les jeunes chercheurs, la probabilité est plus grande chez les femmes que chez les hommes d’occuper des positions post-doctorales c’est-à-dire de non-titulaire. Il existe en outre des écarts de salaire importants entre les hommes et les femmes et entre les secteurs, en particulier aux États-Unis. Dans ce pays, de même qu’au Portugal et en Argentine, le salaire est l’une des raisons principales d’insatisfaction des titulaires de doctorat.

Au plan de la mobilité, on constate qu’il existe en Suisse une proportion élevée de docteurs étrangers, et que la part des titulaires de doctorat nés à l’étranger est plus importante au Canada et en Australie qu’aux États-Unis. L’Asie et de l’Europe sont fréquemment les régions d’origine des docteurs étrangers travaillant en Australie, au Canada et aux États-Unis. Les Américains sont eux peu enclins à la mobilité internationale.

NB :
(1) L’Organisation de coopération et de développement économiques regroupe 30 pays développés.
(2) http://epp.eurostat.ec.europa.eu/cac…-07-131-FR.PDF
(3) http://www.oecd.org/dataoecd/17/58/38055175.pdf

27/01/2008
Alison Cartier
Source: http://www.boivigny.com/

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